7è session du conseil d’administration de Smart Africa à Addis-Abeba : Le développement du numérique, atout majeur pour l’Afrique

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Le président Ibrahim Boubacar Keïta aux côtés de son homologue rwandais Paul Kagamé

Les dirigeants du continent semblent l’avoir bien compris. C’est pourquoi, ils affichent leur détermination à œuvrer pour embarquer dans le train d’une digitalisation plus poussée des activités dans tous les domaines.

L’Afrique doit coller à l’air du temps et avoir son identité numérique pour devenir un marché important. En d’autres termes, notre continent doit s’inscrire dans une transition numérique pour ne pas rater le train du numérique et agir sur le terrain. Ces convictions fortes ont été largement partagées par les présidents africains lors de la 7è session du conseil d’administration de Smart Africa Alliance initiative (un projet de développement numérique sur le continent africain). C’était dimanche dernier, à l’hôtel Sheration à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne.

La réunion qui se tenait en marge du 32è sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA), a enregistré la présence des présidents Ibrahim Boubacar Keita (Mali), Alpha Condé (Guinée Conakry), Uhuru Kenyatta (Kenya), Ismaïl Omar Guelleh (Djibouti). Le président rwandais Paul Kagamé en tant que président du conseil d’administration était également présent. De même que l’invitée spéciale, la présidente de l’Estonie, Kersti Kaljulaid. Il faut rappeler que les présidents africains sont tous membres du conseil d’administration de Smart Africa.

Il faut préciser que dans le domaine du numérique, le Mali est sur la bonne voie déjà puisqu’il affiche une réelle volonté politique en la matière, en atteste la création d’un département dédié à l’Economie numérique et à la Communication. Au cours de son intervention, le président de la République a établi quelques constats. Si Smart Africa Alliance initiative est un concept pertinent et porteur, le continent le doit à la vision du président Paul Kagamé. Ibrahim Boubacar Keïta s’est ensuite dit très convaincu que le numérique reste l’avenir.

Le président Keita a évoqué aussi ses préoccupations. «Nous avons fait des constats dans nos pays qui peuvent être à la fois encourageants et inquiétants. Quand on a deux tiers de nos populations qui sont jeunes, c’est à la fois un atout et une bombe. Il faudra donc que nous trouvions le chemin pour l’employabilité de ces jeunes », a souligné le chef de l’Etat qui a appelé ses pairs à s’inscrire dans la transformation intelligente de l’Afrique dans la façon de gouverner, de gérer les économies, d’avancer et d’être contemporains d’un domaine porteur. Les convictions du président Keïta sont partagées par ses pairs et leur invitée spéciale, Kersti Kaljulaid. Pour la présidente de l’Estonie, si l’Afrique a des droits numériques, elle pourrait se développer comme l’Europe. La présidente de l’Estonie a invité les décideurs africains à impulser la mise en place d’une identité numérique de l’Afrique parce que le numérique crée non seulement l’égalité mais beaucoup d’emplois. De son côté, le président Paul Kagamé expliquera que Smart Africa compte 24 pays membres et représente un marché de plus de 600 millions de personnes.

Faire preuve d’ambition – Les représentants des structures privées et d’opérateurs de téléphonie mobile, notamment Huwaï, Ericsson, MTN et les responsables d’infrastructures financières comme la Banque africaine de développement (BAD) ont aussi versé leurs avis dans le débat. Tous réclament à l’Afrique de faire preuve d’ambition. D’autres observateurs ont proposé d’aller véritablement à l’harmonisation des législations. Ils estiment que notre continent a les ressources, mais que c’est l’harmonisation des législations qui manque. Au cours de ce conseil d’administration, le directeur exécutif sortant, notre compatriote Hamadoun Touré qui dirigeait le projet depuis 3 ans, a présenté le plan d’action de Smart Africa, le budget de l’exercice actuel et les innovations envisagées, notamment le changement d’appellation du directeur exécutif, à directeur général et la création d’un poste d’adjoint au directeur et d’autres postes à durée déterminée, par exemple de 6 mois. Il a témoigné de sa reconnaissance aux chefs d’Etat africains qui l’ont tous soutenu et particulièrement les présidents Keita, Kagamé et Kenyatta. Pour l’année 2019, le budget de Smart Africa est estimé à un peu plus de 3,561 millions de dollars contre un peu plus de 2,515 en 2018. Pour le directeur sortant, notre compatriote Hamadoun Touré, les quatre défis majeurs à relever sont la mise en place des infrastructures, le développement du contenu, le développement des applications et celui des capacités. Notre compatriote passe donc le flambeau à un candidat plus jeune que lui, et qu’il a eu à prendre sous ses ailes dans une structure privée aux Etats-Unis. Il s’agit de l’Ivoirien Lassina Koné, ingénieur en électronique et spécialisé dans les télécommunications et ancien conseiller en charge de la transformation numérique du président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara.

Pour sa part, le ministre de l’Economie numérique et de la Communication, Arouna Modibo Touré, a rappelé que Smart Africa a été créé en 2013 par un engagement ambitieux et novateur des chefs d’Etat et de gouvernement africains, visant à assurer une croissance économique à l’Afrique de façon durable et permettant aux pays d’avoir une accessibilité plus facile au service d’une large bande et des technologies de l’information et de la communication. Il a aussi rappelé l’adoption d’un manifeste en 2014 qui a vu confier à chaque pays, un projet phare. Notre pays a donc hérité du projet entrepreneuriat jeunes, innovation et création d’emplois qui a été un modèle de réussite. A ce titre, «les initiatives menées par le gouvernement sous le leadership du président Keita ont été saluées puisqu’il y a eu des avancées», s’est félicité le ministre Touré qui a aussi souligné que la session a pris des décisions et résolutions importantes, approuvées par le conseil d’administration où siègent tous les chefs d’Etat et de gouvernement et les ministres du secteur.

Par ailleurs, le ministre de l’Economie numérique et de la Communication a révélé qu’une des décisions importantes de la session est la mise en place d’un conseil des ministres africains devant statuer sur les grandes orientations et décisions de souveraineté de Smart Africa. «Le renforcement des infrastructures existantes en Afrique et le développement des solutions en fonction de l’intelligence artificielle restent quelques perspectives de Smart Africa», a conclu le ministre Touré.

Envoyé spécial
Bréhima DOUMBIA

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