79ème session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies : Abdoulaye Maïga réaffirme la souveraineté du Mali et condamné l’ingérence de l’Algérie

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Le 28 septembre 2024, à New York, lors de la 79ème session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies, le Colonel Abdoulaye Maïga, Ministre d’État et Porte-parole du Gouvernement malien, a réaffirmé la souveraineté et les priorités stratégiques du Mali. Représentant le Président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta, il a exprimé la position claire de son pays sur plusieurs sujets majeurs, tout en appelant à une refonte des relations internationales pour une paix durable.

Dès le début de son discours, le Colonel Maïga a félicité le Cameroun pour l’élection de son représentant à la présidence de cette session, tout en saluant les efforts du Secrétaire général António Guterres. Cependant, il a posé une question qui a résonné avec force dans l’hémicycle : « Est-ce pour autant un échec des Nations Unies ? » Ce questionnement invite à une évaluation réaliste du rôle de l’ONU face aux défis globaux actuels.

Une crise aux racines profondes
Revenant sur la crise qui secoue le Mali depuis 2012, le Colonel Maïga a rappelé l’impact de l’allégeance du Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) à Al-Qaida et l’intervention militaire en Libye en 2011. Il a attribué à cette intervention la déstabilisation régionale : « La déstabilisation de ce pays frère a aggravé les facteurs d’insécurité dans nos pays, à savoir le terrorisme, les trafics en tout genre, le blanchiment de capitaux ». Le ministre a également dénoncé l’échec des forces internationales, présentes au Mali depuis 2013, à enrayer la menace terroriste. « Violenté, humilié, pillé et torpillé », a-t-il déclaré, décrivant la souffrance du peuple malien et le manque d’efficacité des opérations internationales.

Le projet de refondation nationale
Depuis l’arrivée du Colonel Goïta à la tête de l’État en juin 2021, le Mali s’est engagé dans un processus de refondation à travers les Assises Nationales de la Refondation. Ces assises ont produit 517 recommandations, un acte que le ministre a souligné avec force : « Les Maliens ont fait le choix de redevenir eux-mêmes ». S’appuyant sur un proverbe bambara, il a illustré la dure réalité des relations internationales : « La succulence de la sauce des uns dépend du pillage des bovins des autres ».

Le Colonel Maïga a également évoqué le Programme National d’Éducation aux Valeurs, lancé en avril 2024, qui vise à reconnecter le Mali à ses valeurs traditionnelles.

L’Alliance des États du Sahel : une réponse concertée au terrorisme
Le Ministre malien a aussi mis en avant la Confédération des États du Sahel (AES), une alliance regroupant le Mali, le Burkina Faso, et le Niger. Depuis sa création en 2023, cette coalition a déjà enregistré des victoires, dont la reprise de la région de Kidal en novembre 2023. « Aujourd’hui, les groupes terroristes ont été sérieusement affaiblis », a-t-il affirmé, vantant les succès militaires de cette coopération. Cependant, il n’a pas manqué de souligner l’hostilité de certains pays, notamment des responsables de la CEDEAO, qu’il a accusés de « servir des entités impérialistes » dans leur opposition à l’alliance.

Accusations contre l’Ukraine et dénonciations de l’ « impérialisme français »
Dans un passage marquant, Colonel Maïga a accusé l’Ukraine de complicité dans une attaque terroriste contre des forces maliennes en juillet 2024, appelant le Conseil de sécurité des Nations Unies à agir contre Kiev. Il a également rappelé les accusations précédentes contre la France en 2022, concernant la promotion du « terrorisme armé, économique et médiatique ».

Vers une réconciliation nationale
Le Colonel Maïga a, dans son discours, réitéré l’importance du Dialogue Inter-malien, une initiative visant à trouver des solutions endogènes aux conflits internes : « Nous réitérons un appel à tous les Maliens à s’inscrire dans cette dynamique de réconciliation ». Il a aussi réaffirmé l’engagement du Mali à préserver sa souveraineté tout en œuvrant pour des partenariats internationaux fondés sur des bases justes et gagnant-gagnant.

Renforcement des relations internationales et l’ingérence algérienne
Le Mali continue de consolider ses alliances stratégiques avec des pays comme la Russie, la Chine, la Turquie, l’Iran, et d’autres partenaires sincères. « Le Mali reste ouvert à tous les partenaires qui souhaitent l’aider à relever ses multiples défis », a déclaré le Colonel Maïga. Il a également salué le soutien constant de l’Algérie, soulignant l’engagement historique de ce pays en faveur du Mali, tout en appelant à éviter toute ingérence dans ses affaires internes.

Dans ce cadre, le Colonel Maïga a également pris un moment pour saluer et reconnaître la sagesse de Son Excellence M. Le Président Abdelmadjid Tebboune, Président de la République Algérienne Démocratique et Populaire. En effet, le 29 août 2024, lors d’une tournée dans le sud algérien, M. Tebboune avait déclaré que la Libye, le Niger et le Mali sont des nations fraternelles qu’il soutiendrait et non desservirait. Cette déclaration a été accueillie avec gratitude par le peuple malien, qui perçoit en cela un véritable panafricanisme, en écho à l’héritage de figures emblématiques telles que l’ancien Président algérien Abdel Aziz Bouteflika.

Cependant, le Colonel Maïga a rappelé qu’il est de son devoir d’attirer l’attention sur les propos incongrus de certains collaborateurs de M. Tebboune, allant à l’encontre de cette volonté de promouvoir des relations harmonieuses avec le Mali. Par exemple, le 31 juillet 2024, le Ministre algérien des Affaires Étrangères avait affirmé que la crise malienne ne nécessitait pas de solution militaire, soulignant que « c’est un conflit entre frères ». De même, le 26 août 2024, le Représentant permanent algérien aux Nations Unies a exprimé des inquiétudes concernant des frappes de drones au Mali, laissant entendre que les opérateurs de ces drones n’avaient de compte à rendre à personne. Ces interventions soulèvent des préoccupations quant à une ingérence dans les affaires internes du Mali. Le Colonel Maïga a affirmé : « Nous réitérons que nul ne peut aimer le Mali plus que les Maliens », insistant sur le fait que les Maliens ne seront pas des spectateurs passifs face à ces agressions.

Appels à des réformes globales
Le Mali plaide également pour la réforme de la gouvernance mondiale, notamment au sein des institutions financières internationales telles que la Banque mondiale et le FMI, tout en saluant les alternatives proposées par les BRICS. En ce qui concerne le changement climatique, le ministre a appelé les pays responsables du réchauffement global à assumer leurs responsabilités et à soutenir les efforts des nations du Sud.

Le discours du Colonel Abdoulaye Maïga a réaffirmé l’engagement inébranlable du Mali à préserver sa souveraineté, à renforcer ses alliances internationales et à poursuivre sa lutte contre le terrorisme, tout en plaidant pour une refonte des structures globales pour un avenir plus équitable. « Que Dieu bénisse le Mali et préserve les Maliens des forces obscurantistes et destructrices du monde », a-t-il conclu.

Madiassa Kaba Diakité

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