Une semaine après le renouvellement des instances du parti au niveau des bureaux des femmes et des jeunes, le parti de l’abeille a convié ses militants et militantes pour discuter de la vie du parti, en vue de le doter «de nouvelles orientations pour son renforcement et d’une nouvelle direction, capable de relever les nouveaux défis».
Le Centre International de Conférence de Bamako (CICB) a abrité du samedi 16 au dimanche 17 octobre 2021, les travaux du sixième congrès ordinaire du parti ADEMA/PASJ (Parti Africain pour la Solidarité et la Justice). Cette importante rencontre se tient dans un contexte marqué par les crises sécuritaire, institutionnelle et sanitaire auxquelles le pays fait face. L’ouverture des travaux de la cérémonie était présidée par le président exécutif du parti, Pr Tiémoko Sangaré. C’était en présence du président d’honneur, Pr Dioncounda Traoré, ainsi que des membres du bureau politique national, des militants, sympathisants et amis du parti venus de l’intérieur tout comme de l’extérieur.
Dans son discours marquant l’ouverture des travaux, le président du parti, affirme que ce 6ème Congrès de l’Adema Parti africain pour la solidarité et la justice est l’occasion pour les militantes et les militants de discuter de la vie du parti en vue de le doter de nouvelles orientations pour son renforcement et d’une nouvelle direction. C’est aussi le cadre approprié pour parler de la vie de la nation, aujourd’hui ébranlée par une crise sans précédent, afin de proposer des pistes de solutions pour son unité et son plein épanouissement. Il dira que ce présent congrès se tient dans un contexte marqué par les crises sécuritaire, sociopolitique, institutionnelle et sanitaire que connait notre pays et qui le menacent en tant qu’Etat souverain et démocratique. En effet, l’opinion publique nationale est inquiète et se pose des questions existentielles sur le pays, à savoir, la sécurité des personnes et de leurs biens, la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger, la gouvernance des affaires publiques. S’agissant de la crise sécuritaire, notre pays continue de payer un lourd tribut au terrorisme qui arrache des centaines de vies civiles et militaires maliennes, africaines et étrangères et qui veut nous obliger à un saut en arrière de plusieurs siècles.
L’Adema-PASJ fait siennes les pertinentes résolutions du Dialogue National Inclusif, à savoir, le changement de paradigme, en prospectant la voix du dialogue, chaque fois que cela est possible sans, évidemment, renier les valeurs non négociables que sont la forme républicaine de l’Etat, la laïcité et l’unité nationale.
Au plan politique, il dira que notre pays a vécu de grands chocs qui ont ébranlé les fondements même de la République, voire, de la nation toute entière. Depuis le 18 août 2020, le Mali est entré dans sa 3e transition en moins de 20 ans. Cela interpelle tous, particulièrement en tant qu’acteurs politiques. Le Parti Adema PASJ s’est engagé dès le départ à soutenir et accompagner le processus de transition en cours dans notre pays. A ce titre, il a participé à toutes les activités menées par les forces politiques au sein du Cadre de Concertation MATD-Partis Politiques. Mais aujourd’hui, force est de constater que ce cadre d’échanges et de concertation a quasiment cessé de fonctionner créant ainsi un vide qu’il faut combler. C’est pourquoi notre parti, aux côtés d’un certain nombre de partis et regroupements a participé à la mise en place d’un cadre d’échanges pour une transition réussie. A cet égard, il convient de préciser qu’il ne s’agit point d’un regroupement d’opposition à la transition.” En effet, ce qu’il nous faut aujourd’hui, c’est le rassemblement de toutes les forces vives de la nation dans le cadre d’une véritable politique d’inclusion, ce qu’il nous faut, c’est l’union sacrée des Maliennes et des Maliens autour de notre pays” a plaidé Pr Thiemoko Sangaré. Il a profité de l’occasion pour lancer un vibrant appel aux autorités pour la création d’un véritable cadre de concertations avec l’ensemble des forces politiques et sociales afin que chacun puisse apporter sa contribution au combat que notre pays doit mener pour relever les nombreux défis auxquels il fait face. Ce qu’il faut aujourd’hui aux Maliens, c’est l’inclusion, le rassemblement de toutes les forces vives de la nation, l’union sacrée des Maliennes et des Maliens autour du pays. C’est aussi le soutien indéfectible à notre armée qui se bat nuit et jour pour défendre notre pays et sécuriser ses populations. Il a rappelé qu’à l’Adema, leur conviction est que ces défis ne sauraient être relevés dans la désunion politique. C’est pourquoi leur parti s’est constamment inscrit dans une logique de rassemblement face au péril qui guette la nation.
Face à ce péril démocratique tentaculaire, leur responsabilité, en tant que parti socio-démocrate, membre de l’internationale socialiste, est plus que jamais engagée. Il a signalé qu’ils sont plutôt pour l’instauration d’un système démocratique beaucoup plus résilient; la conjuration des instabilités politiques récurrentes, une gouvernance vertueuse et le respect des pactes démocratiques, scellés avec le peuple souverain. C’est pourquoi l’Adema soutient le combat contre la corruption qui tue nos économies déjà exsangues, un combat permanent, non sélectif, mené sans tambours battants, dans le respect strict de l’indépendance de la justice et de la présomption d’innocence.
Le président dira que ce congrès, 6ème du genre, se tient à un moment où l’Adéma Parti Africain pour la Solidarité et la Justice, le parti historique de la démocratie malienne, est à la recherche de ses marques, suite aux récents événements qui ont bouleversé la carte politique de notre pays. Aussi, les présentes assises, instance suprême du parti, prévues pour durer deux jours, doivent-elles permettre de procéder à une véritable catharsis du parti, en vue d’aboutir à des résolutions et recommandations fortes et pertinentes. Au demeurant, pour la réhabilitation du parti, ils doivent relever le défi du rassemblement, de l’union, de la cohésion et de l’unité d’actions. L’Adéma-PASJ a eu l’honneur et le privilège de poser les premiers jalons de la construction démocratique du pays. Avec raison, ils peuvent revendiquer des acquis fondamentaux dont le respect des libertés publiques et individuelles, le régime démocratique et le développement des infrastructures productives et sociales. En effet, l’exercice du pouvoir par l’Adéma-PASJ, pendant les 10 premières années qui ont suivi les évènements de mars 1991, a forgé une claire conscience de la responsabilité historique qui incombe au parti dans l’ancrage et l’approfondissement du processus démocratique dans notre Pays. Les stratégies mises en œuvre après la perte du pouvoir par le parti en 2002, ont certes permis d’assurer une relative stabilité politique et de préserver l’essentiel des réalisations, mais elles ont porté un coup sévère à la discipline et à la cohésion au sein du parti. Nous pouvons être fiers de ces réalisations, mais la démocratie est une quête permanente, dont les acquis ne sont malheureusement pas irréversibles. Le temps est donc venu d’évaluer le parcours du parti pendant les 20 dernières années afin de fixer correctement le prochain cap. En un mot, il s’agit de faire le bilan des accompagnements effectués par notre parti et d’en tirer les leçons. Chers congressistes, à un moment où les esprits peu aguerris sont habités par le doute, il est pour eux un devoir de génération de réhabiliter le parti, de lui rendre ses lustres d’antan, de le remettre sur des bases solides. Pour ce faire, il a invité le peuple Adéma à la cohésion, à l’entente et surtout au patriotisme pour que le parti puisse être au rendez-vous de l’histoire en jouant pleinement sa partition dans la constitution du Mali. Il a laissé entendre que l’Adéma est ce grand parti, fruit de la lutte opiniâtre de militants engagés et désintéressés, incarnés par le Pr feu Abdramane Baba TOURE, le premier des aînés, Alpha Oumar KONARE, feu Mamadou Lamine TRAORE, Pr Ali Nouhoum DIALLO, Pr Mohamedoun DICKO, Pr Dioncounda TRAORE pour ne citer que ceux-ci.
Selon Pr Thiemoko Sangaré, la situation actuelle ne doit pas être vécue comme une fatalité, car la mission est à leur portée, et pour y faire face, ils doivent s’engager, résolument et dans une parfaite cohésion, dans un processus de changement et de refondation du parti. Il ne s’agit ni plus ni moins que de revenir à ses valeurs fondatrices, à leur enseignement, leur diffusion, leur pratique et leur respect. Pour lui, l’engagement politique est une décision noble, mais qui a ses exigences, dont la probité morale et le désintéressement personnel constituent les piliers. Le militantisme est une activité altruiste destinée à assurer plus de justice sociale et à créer les conditions du progrès pour les autres, notamment, pour les plus humbles. Cet engagement pour la refondation du parti est possible, en faisant de nos succès et échecs, un laboratoire d’incubation, permettant d’enterrer à jamais les réflexes de sublimation de nos égos et surpasser les incompréhensions inhérentes à tout regroupement humain…
Alassane Cissé
Notre Voie