Les participants, dont le président Keita,discuteront de la paix, la sécurité, les investissements, les changements climatiques et les migrations.
C’est aujourd’hui que s’ouvre à Bruxelles en Belgique, la 4e conférence au sommet entre l’Union européenne et l’Afrique. Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, prend part à la rencontre. Cette Conférence au sommet est conçue comme un cadre de dialogue politique au plus haut niveau propre à déboucher sur l’adoption de nouvelles initiatives communes dans le cadre du partenariat UE-Afrique. La rencontre qui prend fin demain, réunit les dirigeants africains et européens, les responsables des institutions de l’Union européenne et de l’Union africaine. Rassemblés autour du thème « Investir dans les personnes, pour la prospérité et pour la paix », les participants discuteront de sujets majeurs comme la paix, la sécurité, les investissements, les changements climatiques et les migrations. Les sommets précédents se sont tenus au Caire (2000), à Lisbonne (2007) et à Tripoli (2010).
Privilège rare, c’est le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, effectuant une visite de terrain dans notre pays, au Niger et au Bénin du 19 au 21 février passés, qui a personnellement porté l’invitation officielle du président Keita à cet important rendez-vous. Lors de la conférence de presse conjointe qui a sanctionné la visite du patron de l’UE chez nous, Ibrahim Boubacar Keita avait annoncé que le Mali répondra de la plus belle manière à l’invitation de Bruxelles. Promesse en voie d’être tenue !
Les relations entre l’UE et l’Afrique sont en grande partie fondées sur la stratégie commune UE-Afrique adoptée en 2007. Parallèlement à cette stratégie, un plan d’action pour la période 2011-2013 avait été approuvé lors du dernier sommet UE-Afrique de 2010. Il fixait des objectifs concrets dans des domaines de coopération précis, tels la paix et la sécurité, la gouvernance démocratique et les droits de l’homme.
Chez nous, outre des appuis budgétaires directs, l’Union européenne finance des programmes importants pour notre pays. Au cours de la seule année 2013, 200 milliards de Fcfa ont ainsi été affectés aux domaines politique, sécuritaire et humanitaire.
Au plan politique, l’Union européenne a été remarquablement présente. Pour être plus efficace, l’institution a élaboré une stratégie intégrée dite du Sahel. Outre l’appui au processus électoral qui a coûté 11 milliards de Fcfa, l’Union a facilité des visites de haut niveau à Bruxelles. Le président de la République a ainsi pris la parole devant le Parlement européen à Strasbourg en décembre 2013. A Ouagadougou, l’UE était cosignataire de l’accord préliminaire qui a permis la tenue des élections partout sur le territoire national.
Du point de vue de la sécurité, l’institution européenne a marqué des points avec son programme de formation de nos soldats. Au total, près de 450 militaires européens ont formé trois bataillons regroupant au moins 2400 éléments des Fama : Waraba, Elou, Sigui. Le quatrième, Balanzan, qui compte 727 hommes, est sorti le 17 mars dernier après 10 semaines de formation. La décision de prolongation de la mission de formation pour deux ans supplémentaires ayant été entérinée, les 8 bataillons qui seront formés à l’horizon 2016 constitueront l’ossature même de notre armée nouvelle.
Parallèlement à cette formation, les experts militaires européens apportent un précieux appui-conseil au ministère chargé de la Défense dans le cadre de la modernisation des Forces armées. Cette aide est loin d’être négligeable et s’ajoute à l’appui des Forces armées et de sécurité maliennes dans leur redéploiement dans les régions du Nord par la fourniture de matériel constitué de 170 véhicules 4X4, d’équipements de transmission et de 200 chameaux pour les unités méharis.
UN DIALOGUE FONDE SUR DES OBJECTIFS COMMUNS. On ne peut évoquer l’assistance européenne sans parler de la Conférence des donateurs de Bruxelles qui a permis de totaliser 3,3 milliards d’euros de promesses d’appui annoncées par la Communauté internationale. Sans oublier la remise en état de fonctionnement des bâtiments publics du Nord de notre pays. L’aménagement et la livraison de quelques 2500 hectares de périmètres irrigués à l’Office du Niger (voir l’Essor d’hier) et le lancement du projet d’eau potable de Kabala qui approvisionnera un million de Bamakois en 2018 constituent deux actions fortes de l’effort européen dans notre pays.
La 14è Conférence au sommet entre l’Union européenne et l’Afrique sera l’occasion d’analyser à nouveau le partenariat entre les deux parties, de mettre en avant les réussites et d’étudier de nouveaux domaines de coopération.
Les débats seront donc axés sur le thème central : « Investir dans les personnes, pour la prospérité et pour la paix ». Celui-ci sera décliné à travers divers sujets : l’éducation et la formation, les femmes et les jeunes, les flux migratoires légaux et clandestins entre les deux continents, les moyens de stimuler la croissance et de créer de l’emploi, l’investissement en faveur de la paix et les différentes manières de renforcer l’aide apportée par l’Union européenne afin de développer les capacités dont dispose le continent africain pour gérer la sécurité de son territoire.
Les sujets qui seront abordés à Bruxelles entre Européens et Africains ont déjà été défrichés entre novembre 2013 et mars 2014, par l’entremise d’une série de séminaires informels organisée par la Commission européenne. Cette préparation a permis aux acteurs et parties intéressées de se situer et de s’engager sur l’avenir du partenariat Afrique-UE. Ces séminaires se sont concentrés spécifiquement sur les changements qui se produisent en Afrique et en Europe et sur leurs conséquences sur le partenariat intercontinental.
Des décideurs et experts africains et européens de premier plan ont ainsi partagé leurs approches sur une série de questions clés. Les sessions, outre de faciliter l’interaction entre les participants, étaient principalement destinées à établir une plate-forme pour un dialogue fondé sur des objectifs communs et des intérêts mutuels. Le caractère informel de ces séminaires a facilité les échanges et les idées novatrices et originales parmi les participants.
L’Union africaine s’est, elle aussi, préparée pour le rendez-vous bruxellois. Elle avait initié, en collaboration avec le Centre européen de gestion des politiques de développement (ECDPM), des réunions d’une journée à Addis-Abeba. Ces rencontres ont fourni une plate-forme informelle aux décideurs politiques pour discuter des questions stratégiques sur l’avenir du partenariat Afrique-UE en vue d’alimenter les débats du Sommet Afrique-UE et au-delà.
A. M. CISSE
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DE LA CONVENTION DE LOME A LA STRATEGIE COMMUNE
L’Europe et l’Afrique sont deux continents qui partagent de larges pans d’histoire et des relations étroites au niveau politique, économique et humain. La coopération entre l’UE et l’Afrique s’est appuyée très tôt sur cette riche réalité pour développer diverses dynamiques.
Deux grands cadres législatifs régissent les relations entre l’Union européenne et les pays africains. Le plus ancien est celui qui a été mis en place avec les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, lors de la signature de la Convention de Lomé en 1975 et actualisé en 2000 par l’Accord de Cotonou. Plus récemment, une approche continentale fait son chemin avec l’adoption de la stratégie commune Afrique-UE (JAES) par 80 chefs d’État africains et européens en 2007.
Le partenariat Afrique-UE qui s’inscrit dans une stratégie commune, envisage les relations dans une approche innovante et ambitieuse en abordant l’Europe et l’Afrique comme un seul et unique continent. Au-delà du développement, il vise à établir un partenariat d’égal à égal pour mieux aborder ensemble les problématiques communes.
A. M. C.