3e congrès extraordinaire du parti du Bélier blanc : Le Parena à l’opposition comme à son corps défendant

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Le CICB a abrité le 3e congrès extraordinaire du PARENA, une instance dont le principal enjeu était le poste occupé par Tiébilé Dramé, leader du parti et de l’opposition. A deux années de la présidentielle de 2018, il s’agissait au fait de renouveler la confiance des militants au bureau dirigé par le N°2 de l’opposition, mais les assises n’auront pas été moins édifiantes sur la disponibilité du Bélier blanc à cheminer avec l’ensemble des composantes politiques du pays, dans le cadre d’une entente nationale autour de l’essentiel. Y compris avec le président de la République auprès duquel le président du parti, en l’espace d’une semaine, est passé du clin d’œil à l’appel du pays comme pour signifier qu’il n’y a rien d’impossible au nom de la patrie.

Formation politique à cheval sur les principes démocratiques et très en vue depuis l’avènement du régime IBK, le Parena s’est imposé des assises extraordinaires, la semaine dernière, à l’effet de procéder au nouvellement de sa direction après expiration de son mandat. Solidarité d’apparentement exige, l’ouverture du 3e congrès extraordinaire a été marquée par les interventions des partis amis, qui ont répondu massivement à l’appel des Béliers. A l’instar du PDES qui, par la voix de M. Daou, en a profité pour défendre que si l’état du pays est conforme à la perception qu’en a le  Parena, c’est parce qu’il a été détourné de son élan de développement et de progrès amorcé par l’ancien président ATT. Saluant la manifestation du 21 Mai – où son retour d’exil a figuré parmi les slogans -, l’émissaire de l’ancien parti au pouvoir a par ailleurs félicité Tiébilé Dramé  pour sa constance dans l’opposition. Il aurait pu le féliciter également pour sa réélection à la tête des Béliers car, en dépit de sa disposition à rendre le tablier au nom de l’alternance, le président sortant, à la demande de ses camarades, a consenti à rempiler pour un autre mandat à la tête d’un bureau d’environ une cinquantaine de membres  om figurent l’incontournable Djiguiba Keïta dit PPR entre autres têtes brûlées de la scène politique malienne. Fraichement réinvesti, l’ancien député élu à Nioro s’est dit prêt à poursuivre le combat des causes pour lesquelles il se consacre depuis sa tendre jeunesse, contre vents et marées

Auparavant, l’ouverture des assises a été l’occasion pour lui de prendre vigoureusement à partie la junte putschiste de Mars 2012, en lui reprochant l’interruption de vingt années d’expérience démocratique ayant entrainé la confiscation des libertés, l’occupation du pays par des djihadistes avec son corollaire d’horreur infrahumaine, d’atteintes à l’intégrité physique et aux richesses mémorielles dans la partie septentrionale du pays. L’actuel pouvoir en a eu également pour son compte car le président sortant des Béliers a pointé à nouveau le curseur sur les “décisions irréfléchies” comme la visite de Kidal et  la flétrissure que l’épisode a infligée à notre armée.

Le Parena admet néanmoins avoir validé l’Accord pour la paix et réconciliation malgré les germes de division qu’il recèle, mais dans l’espoir que ses parties controversées pourraient toujours se prêter à des correctifs avec une application plus intelligente «dans un élan  commun et sincère».

Le régime d’IBK a été aussi tenu pour responsable de piétinement, d’immobilisme et d’atermoiements devant des situations aussi urgentes et sensibles que sont la question du Nord-Mali, l’intégrité territoire et la souveraineté nationale, la recrudescence de l’insécurité ainsi que des actes terroristes dans un pays assailli par toute une marée de défis :  ressources en deçà du rythme de la croissance démographique, pauvreté exacerbée par le manque d’emplois et une économie récessive, une armée et une administration à reconstruire, sans compter les autres défis en rapport avec l’accès à la santé et un système éducatif plus compétitif, une gouvernance digne des énormes attentes du peuple, etc.

Les solutions aux équations qui submergent le Mali, à en juger par le propos de Tiébilé Dramé, résident plus dans une alternative politique que dans l’alternance.  En effet, à quelques encablures de la fin du mandat d’IBK, le N°2 de l’opposition le crédite encore du degré de patriotisme à même d’insuffler au pays la dynamique dont il a besoin pour inverser la tendance. Pour ce faire, le président du Parena, par un appel à la limite du pathétique, suggère au président de la République la tenue illico presto de concertations nationales à l’effet d’obtenir une union sacrée des Maliens au nom «des angoisses de la jeunesse», des souffrances et inquiétudes du peuple.

«Notre responsabilité historique vis à vis de notre pays et de notre peuple nous oblige d’aller, sans traîner davantage les pieds, vers  des concertations nationales en vue de rassembler notre peuple, afin de forger une marge de manœuvre pour notre pays aujourd’hui coincé, aujourd’hui menacé», a lâché l’opposant, en interpelant le chef de l’Etat sur la responsabilité qui lui incombe de prendre la mesure du contexte pour réunir le pays et lui frayer le chemin sans lequel il court un danger. Tiébilé Dramé estime, en clair,  que la réconciliation nationale interpelle plus directement IBK, qui doit créer, à ses yeux, les conditions des retrouvailles avec ses prédécesseurs à la tête de l’État : Moussa Traoré pour un déclic de la cohésion nationale par des excuses aux victimes de mars 1991 et au peuple malien, ATT pour avoir contribué à l’avènement de la démocratie, Alpha Oumar Konaré pour mettre son expérience et son expertise au service du pays. Sur le sujet, le président du Parena se dit au demeurant surpris de voir que le Sénégal, un pays avec beaucoup moins de soucis que le nôtre, aille avec plus d’entrain dans le sens d’assises nationales de réconciliation de cette nature.

Ce n’est pas la première fois que l’ancien chef de la diplomatie malienne s’illustre par une main-tendue de cette nature. A la récente manifestation de l’opposition, il se signalait déjà par un clin d’œil  qui tend à prendre les allures d’un appel du pied avec la redondance. Et s’il parvenait à infléchir l’orientation et la perception de la plus haute autorité de la République par les questions existentielles ainsi  soulevées, il n’est point évident que le Parena demeure à la même loge que la principale formation de l’opposition, l’URD, un parti avec lequel il n’entretient que des relations de circonstance favorisées par le coup d’Etat de mars 2012. Quoi qu’il en soit, la cohésion nationale appelée de tous ses vœux par Tiébilé Dramé ne peut être qu’antinomique de la dichotomie classique : opposition-majorité.

A KEITA

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