Le futur président de la République du Mali aura la lourde tâche de redresser un pays en ruine. Il devra très vite les solutions qu’il faut pour sortir le pays du gouffre dans lequel il se trouve.
La crise, bien qu’elle ait mis le pays à genoux a eu le mérite de nous faire découvrir le degré de dégradation de notre système étatique. Dégradation qui n’était due qu’à la mauvaise gestion des ressources publiques, à la corruption qui sévit aussi bien dans les hautes sphères du pouvoir qu’au sein même des servies publiques, ainsi qu’au clientélisme et au népotisme. Ce sont là, sans conteste, notre part dans la grave crise que nous avons traversée courant 2012 et qui a failli nous coûter jusqu’à l’existence même de notre nation. Electeurs et candidats doivent être conscients de cet état de fait et se convaincre, qu’il faut beaucoup plus qu’un changement de comportement. Il faut surtout un changement de mentalité.
Et le nouveau président de la République, dans sa lourde et difficile tâche qui s’annonce contre la corruption généralisée, devra faire face à cette mentalité qui s’est, au fil des ans ancrée dans l’esprit de la majorité des maliens : pourquoi être honnête, puisque les autres ne le sont pas.
Aussi, l’impunité et le laisser-aller qui perdurent depuis plus de 10 ans au Mali, ont considérablement affaibli les démembrements de l’Etat : l’armée malienne sous équipée et mal formée a échoué à accomplir sa mission régalienne, l’EDM et la SOMAGEP ont énormément de mal à fournir convenablement l’électricité et l’eau, le système de santé est très défaillant, l’école malienne est l’une des plus faibles de toute l’Afrique. Et la liste n’est pas exhaustive.
Deux mois après son accession à la magistrature suprême, le nouveau président de la République devra entamer des négociations avec les groupes armés du nord comme prévu par l’accord préliminaire de Ouagadougou. Là aussi, la fermeté devra être de mise. Il n’est évidemment pas question que Kidal, encore moins la partie septentrionale de notre pays puisse bénéficier d’un statut spécial au détriment des autres régions du Mali.
Naturellement, les régions du nord malien devront bénéficier d’un plan d’aide proportionnel aux besoins de la région et d’un autre plan spécialement dédiée à la réparation des dommages subits pendant l’occupation jihadiste et au retour des réfugiés et déplacés. Néanmoins, le piège de ces négociations, c’est d’accepter la signature d’une amnistie qui rendrait nulle la procédure judiciaire déjà en cours contre les auteurs de crimes et d’exactions contre la population civile. Il ne peut avoir de paix sans justice.
La lutte contre le terrorisme et le narcotrafic doit être une priorité pour le futur président. A cet effet, la création d’une cellule antiterroriste serait une bonne idée. Il est grand temps que le Mali se dote des moyens pour lutter contre ces fléaux. Nous ne pouvons plus nous permettre de compter sur les autres pour nous défendre. Le Mali, de part sa position géographique et démographique, doit tout mettre en œuvre pour une surveillance, la meilleure possible, de l’ensemble du territoire et de nos frontières.
Qu’il s’agisse de la lutte contre la corruption et le népotisme ou de la lutte contre le terrorisme, le prochain président de la République doit comprendre qu’il ne s’agit pas d’une lutte limitée dans le temps. Il s’agit d’une lutte perpétuelle, qui s’inscrit dans la durée et qui doit continuer.
Fermeté, rigueur, sens élevé de patriotisme et clairvoyance devront être les maitres-mots qui aideront le prochain président de la République à répondre aux attentes de l’ensemble du peuple malien.
Ahmed M. Thiam