22 septembre 1960 – 2 septembre 2017: Flash-back sur le premier Gouvernement du Mali Indépendant

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Le territoire du Soudan Français devenu la République Soudanaise en novembre 1958 accède à l’Indépendance le 22 septembre 1960 avec la proclamation de la République du Mali. Une proclamation faite lors d’un Congrès extraordinaire convoqué par le secrétaire général de l’Union Soudanaise RDA, Modibo Kéïta, qui fut ainsi le premier président du Mali indépendant. Le même jour, il forme un gouvernement en reconduisant intégralement l’équipe qui était en place depuis le 16 avril 1959. Cette équipe était composée de 12 membres : un président, un vice-président (qui assumaient tous les deux des charges ministérielles), 7 ministres et 3 secrétaires d’Etat. La reconduction de l’attelage gouvernemental est l’une des décisions majeures prises et visant à asseoir la souveraineté du nouvel Etat. Elles sont immédiatement prises après la proclamation de l’Indépendance.

A la même période, trois personnalités soudanaises étaient, d’avril 1959 à août 1960, ministres dans l’éphémère gouvernement de la Fédération du Mali : Dr Tidiane Faganda Traoré (Information et Sécurité), Ousmane Ba (Travail et Fonction publique) et Mamadou Aw (Travaux publics). Dans les pages qui suivent, nous passons en revue le parcours des 12 ministres du gouvernement mis en place le 22 septembre 1960. Une manière pour nous de marquer la célébration du 22 septembre car un adage dit bien que si l’on sait pas d’où l’on vient, on ne saura pas où on doit aller ». Dossier réalisé par La Rédaction.

Composition du Gouvernement du 22 septembre 1960.

Dès la fin des travaux du Congrès extraordinaire de l’Us-RDA proclamant la République du Mali par Modibo Kéïta, les congressistes se rendent à pied du Lycée technique à la Place de la République à Bagadadji pour assister aux travaux parlementaires formalisant cette proclamation. Ainsi, les députés soudanais votent deux textes symboliques. D’abord la Loi N°60-35 portant proclamation de la République du Mali. Ensuite, les désormais députés maliens adoptent la Loi N°60-36 érigeant l’Assemblée Législative de la République Soudanaise (AL-RS) en Assemblée nationale de la République du Mali (AN-RM). L’Article 4 de cette loi dispose que « le Gouvernement actuel de la République Soudanaise devient le Gouvernement provisoire de la République du Mali ».

Du coup, les 12 membres du Gouvernement du 16 avril 1959 sont tous reconduits, le 22 septembre 1960, dans leurs fonctions. Ils étaient, dans l’ordre protocolaire : président du Conseil de Gouvernement, ministre de l’Information, de la Jeunesse et des Anciens combattants : Modibo Kéïta ; vice-président du Conseil chargé de la Justice et de la Fonction publique : Jean-Marie Koné ; ministre de l’Intérieur : Mamadou Madeira Kéïta ; ministre des Finances : Attaher Maïga ; ministre de l’Economie rurale et du Plan : Seydou Badian Kouyaté ; ministre du Commerce et de l’Industrie : Hamaciré N’Douré ; ministre des Travaux publics, des Transports et des Télécommunications : Henri Corenthin ; ministre de l’Education nationale : Abdoulaye Singaré ; ministre de la Santé : Sominé Dolo ; secrétaire d’Etat à l’Information auprès du président du Conseil : Mamadou Gologo ; secrétaire d’Etat à l’Agriculture, à l’Elevage et aux Eaux-et-Forêts auprès du ministre de l’Economie rurale et du Plan : Salah Niaré ; secrétaire d’Etat chargé du Travail et des Affaires sociales auprès du vice-président : Oumar Baba Diarra.

Quatre jours après cette reconduction, le Décret N°243/P-GP-RM du Président Modibo Kéïta modifie la composition de cette équipe en « confiant provisoirement certaines attributions à des membres du Gouvernement provisoire ». Ainsi, les Articles 1er, 2 et 3 de ce Décret du 26 septembre disposent que :

« -Modibo Kéïta, président du Gouvernement provisoire, est chargé provisoirement et cumulativement à ses anciennes fonctions, de celles de ministre des Affaires étrangères.
-Jean-Marie Koné, vice-président du Gouvernement provisoire, est chargé provisoirement et cumulativement à ses anciennes fonctions, de celles de ministre de la Justice.

-Madeira Kéïta, ministre de l’Intérieur du Gouvernement provisoire, est chargé provisoirement et cumulativement à ses anciennes fonctions, de celles de ministre de la Défense nationale et de la Sécurité ».

Il est bon à rappeler que ces premiers membres du premier gouvernement du Mali indépendant étaient tous de l’Union Soudanaise RDA, le parti politique qui a fait accéder le pays à la souveraineté nationale et internationale. Il est aussi bon à signaler que seuls deux de ces premiers serviteurs du Mali vivent encore : le Dr Seydou Badian et Salah Niaré. Il est également utile d’indiquer que le premier Gouvernement du Mali Indépendant avait officiellement un « caractère provisoire ». Il est resté aux affaires pendant seulement quatre mois. Il a été remanié le 25 janvier 1961 par le Décret N°38/PG-RM. Lequel consacre le retour aux affaires des ministres Ousmane Bâ et Mamadou Aw qui étaient, avec Modibo Kéïta et le Dr Tidiani Faganda Traoré, membres du gouvernement de la Fédération du Mali à Dakar (05 avril 1959 – 19 août 1960).

PARCOURS DES MEMBRES DU GOUVERNEMENT DU 22 SEPTEMBRE 1960

1-Modibo Kéïta : président du Conseil de Gouvernement, ministre de l’Information, de la Jeunesse et des Anciens combattants

Premier président de la République ndu Mali, cet instituteur engagé, syndicaliste intrépide et leader politique charismatique, a conduit la République Soudanaise (1958-1960) puis la République du Mali (1960-1968). Durant une décennie, outre ses fonctions de chef de l’Etat et de chef du Gouvernement, Modibo Kéïta a eu cumulativement des charges ministérielles : président du Conseil du Gouvernement de la Fédération du Mali (4 avril 1959 – 22 septembre 1960) ; président du Conseil du Gouvernement de la République Soudanaise, ministre de l’Information, de la Jeunesse et des Anciens combattants  (16 avril 1959 – 26 septembre 1960) ; président du Conseil du Gouvernement de la République du Mali, ministre de l’Information, de la Jeunesse et des Anciens Combattants (26 septembre 1960 – 25 janvier 1961) ; président du Gouvernement, chargé de la Défense et de la Sécurité (25 janvier 1961 – 16 septembre 1964) ; président du Gouvernement, chef de l’Etat (16 septembre 1964 – 15 septembre 1966) ; président du Gouvernement, ministre de la Défense et du Développement économique (15 septembre 1966 – 07 février 1968) et  président du Gouvernement (07 février  – 19 novembre 1968).

Modibo Kéïta est né le 04 juin 1915 à Bamako. Il est diplômé de l’Ecole Normale William Ponty (Sénégal) dont il fut Major de la Promotion 1936 constituée de 33 pensionnaires venant de l’Afrique Occidentale Française (AOF). Il exerce son métier d’enseignant au gré des mutations du régime colonial à Bamako, Sikasso et Tombouctou. En 1937, il est parmi les animateurs du Groupe « Art et Travail » puis co-fondateur avec Ouezzin Coulibaly du Syndicat des enseignants d’Afrique Occidentale Française. Fondateur avec son ancien Maître, Mamadou Konaté, de la Fédération des Syndicats des Enseignants puis de l’Association des Lettrés du Soudan, devenue plus tard « Foyer du Soudan ». Trois mois après le Congrès de Bamako (18-21 octobre 1946) qui a donné naissance au Rassemblement Démocratique Africain (RDA), mouvement anticolonial présidé par l’Ivoirien Félix Houphouët Boigny, la Section Soudanaise RDA est mise en place en janvier 1947 avec Modibo Kéïta au poste de secrétaire général de l’US-RDA. La présidence était assurée par Mamadou Konaté, mais qui était basé à Paris en sa qualité de député soudanais à l’Assemblée nationale française. En 1953-1956, il siège à Versailles comme Conseiller élu à l’Assemblée de l’Union Française.

A la mort de Mamadou Konaté en mai 1956, Modibo Kéïta dirige pleinement le Parti jusqu’au putsch militaire du 19 novembre 1968 qui met fin à la 1ère République du Mali. Ce coup d’Etat militaire signe aussi la fin de la carrière politique d’un militant nationaliste et panafricaniste qui fut vice-président du Comité de coordination (direction interterritorial du RDA (1947-1958). Il participe en mai 1963 à la rédaction de la Charte de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA, ancêtre de l’actuelle Union Africaine-UA) dont il est l’un des pères fondateurs. En raison de sa haute taille (1m 98) et de sa carrure politique, le président français de l’époque, le Général de Gaulle, avait dit un jour, qu’il était « le seul chef d’État devant lequel il n’était pas obligé de baisser la tête pour lui parler ».

Dans son pays et en France, Modibo Kéïta a exercé plusieurs mandats électifs. Il est élu d’abord Conseiller général (Sénateur) à l’Assemblée territoriale du Soudan Français (1948). Il est ensuite élu Conseiller à l’Assemblée de l’Union Française (octobre 1953). Elu Maire de Bamako (26 novembre 1956) puis député à l’Assemblée nationale française dont il devient vice-président en remplacement. Membre deux fois du gouvernement français : secrétaire d’État à la France d’Outre-mer du gouvernement Maurice Bourgès-Maunoury (du 17 juin 1956 au 6 novembre 1957) ; et secrétaire d’État à la Présidence du Conseil du gouvernement Félix Gaillard (du 18 novembre 1957 au 14 mai 1958).

A la suite de l’autonomie accordée aux colonies françaises par la Loi-cadre, sont organisées le 31 mars 1957 des élections législatives dans les différents Territoires. Au Soudan Français, Modibo Kéïta conduit la liste US-RDA qui rafle presque tous les sièges (57 sur 70) de la nouvelle Assemblée territoriale soudanaise. Parmi les élus RDA auxquels se sont alliés les 7 conseillers de l’Union Dogon, cinq députés dont Modibo Kéïta sont désignés sénateurs au Grand Conseil de l’AOF dont il est le président en 1959, siégeant à Dakar. Par la suite, le Soudan Français devient la République Soudanaise, proclamée le 24 novembre 1958. Les députés désignent Modibo Kéïta président de République, chef de l’Etat. Il forme son premier gouvernement le 19 avril 1959.

Trois mois auparavant, en janvier 1959, il est élu président de l’Assemblée constituante de la Fédération du Mali qui devait regrouper le Soudan Français, le Sénégal, la Haute-Volta et le Dahomey. Mais les deux derniers pays abandonnent le projet de la Fédération dont les Institutions fonctionneront entre avril 1959 et août 1960. Modibo Kéïta en fut le président du Conseil du Gouvernement fédéral, du 04 avril 1959 au 19 août 1960. Cette Fédération éclate, à Dakar, dans la nuit 20 août 1960 suite à de graves divergences entre dirigeants sénégalais et soudanais. Modibo et ses camarades soudanais, ainsi que de nombreux cadres sénégalais rentrent à Bamako pour enclencher le processus de proclamation de la République du Mali.  Il est ainsi considéré comme le Père de l’Indépendance du Mali car, un mois après l’éclatement de l’éphémère Fédération du Mali, Modibo Kéïta proclame, le 22 septembre 1960, l’Indépendance de la République du Mali, lors du Congrès extraordinaire de l’US-RDA. En sa qualité de secrétaire général de l’Union Soudanaise RDA, devenu Parti unique de fait, Modibo Kéïta devient chef de l’Etat. Il est élu plus tard président de la République en janvier 1961 par désignation des députés. Il sera réélu président de la République à l’issue des élections législatives du 13 mai 1964. Il enclenche (22 août 1967) la « Révolution Active ». Il fait dissoudre le Bureau Politique National de l’US-RDA (1967) remplacé par un Comité national de la Défense de la révolution (créé en 1966). L’Assemblée nationale s’auto-dissout, remplacée par Une Délégation spéciale Législative.

A cause de cette radicalisation avec les exactions de la Milice Populaire ainsi que des difficultés économiques et financières, le régime de Modibo Kéïta est renversé le 19 novembre 1968 par un coup d’Etat militaire mené par le Lieutenant Moussa Traoré à la tête d’un Comité militaire de libération nationale (Cmln) de 14 officiers. Détenu sans jugement, il meurt le 16 mai 1977 dans des conditions non encore élucidées. Un communiqué officiel laconique lu sur Radio-Mali annonçait simplement que « Modibo Kéïta, ancien Instituteur à la retraite, est décédé ».  Beaucoup de témoignages, versions et sources avancent ou accréditent la thèse de l’empoisonnement.

Deux décennies après la disparition du 1er Président du Mali, le Mali démocratique le réhabilite. Le président Alpha Oumar Konaré construit un Mémorial à lui dédié et inauguré le 06 juin 1999, puis (re)baptise en son nom le Stade Omnisports de Bamako et décide le baptême d’une Avenue (allant de la Place de la Liberté au Fleuve Niger). Au palais de l’Assemblée nationale, la principale salle de délibérations porte son nom. En Janvier 2011, le président ATT décerne, à titre posthume à Modibo Kéïta, la Médaille d’Or de l’Indépendance qu’il avait refusée de s’auto-attribuer en 1966. Pour sa part, le président IBK, sur sollicitation du parti l’UM-RDA, engage le gouvernement à commémorer, en 2015-2016, le Centenaire de Modibo Kéïta. Les festivités se sont étalées sur plusieurs mois avec surtout le baptême, le 1er janvier 2016, de l’Aéroport international de Bamako-Sénou au nom du président Modibo Kéïta.

2-Jean-Marie Koné : vice-président du Conseil chargé de la Justice et de la Fonction publique

Doyen d’âge des premiers gouvernements soudanais et malien, il est né le 05 Octobre 1913 à Sikasso. Il est diplômé de l’Ecole normale William Ponty de Gorée (1935) et Instituteur comme Modibo Kéïta, son camarade dans les luttes syndicales et politiques. Jean-Marie Koné est le 1er Soudanais à diriger une équipe gouvernementale dans son pays. Il assure une présence continue au-devant de la scène politique et dans les rouages de l’Etat, entre mai 1957 et septembre 1969. Ainsi, on retient qu’il fut  successivement sous la 1ère République : vice – président du Conseil de Gouvernement (22 Mai 1957 – 24 Juillet 1958) ; président du Conseil de Gouvernement (24 Juillet 1958 – 16 Avril 1959) ; vice-président du Conseil chargé de la Justice et de la Fonction Publique (16 Avril 1959- 22 Septembre 1960) ; vice-président du Conseil chargé de la Fonction Publique puis de la justice (22 Septembre 1960 – 25 Janvier 1961) ; ministre d’Etat, chargé de la Justice (25 Janvier 1961 – 17 Septembre 1962) ; ministre d’Etat chargé du Plan et de la Coordination des Affaires économiques et financières (17 Septembre 1962 – 15 Septembre 1965) ; ministre d’Etat chargé des Affaires étrangères et de la Coopération (22 Novembre 1968-7 Février 1968) et ministre du Plan (7 Février 1968- 19 novembre1969). Tombé en disgrâce à cause de la « Révolution Active », Jean-Marie Koné survit à la chute du président Modibo Kéïta. Les tombeurs de celui-là vont le reconduire dans leurs premiers attelages gouvernementaux. M. Koné devient alors ministre d’Etat chargé des Affaires étrangères et de la Coopération, du 22 novembre 1968 au 13 septembre 1969.

Cette longue expérience ministérielle confirme l’engagement politique de cet ancien directeur d’école de Sikasso. Cette ville était son véritable fief. Il y fut secrétaire général de la Sous-section de l’Union Soudanaise RDA, conseiller municipal et 3ème adjoint au maire, conseiller territorial (député). Après ses fonctions ministérielles, Jean-Marie séjourne longtemps en Côte d’Ivoire auprès de son camarade et ami le président Félix Houphouët-Boigny. C’est à Abidjan qu’est décédé le 15 mai 1988 à Abidjan, le premier chef du gouvernement de notre pays. Nonobstant ses hautes fonctions politiques et administratives, nulle part au Mali, aucun édifice public ne porte le nom de JMK depuis sa disparition en mai 1988. Pour mettre fin à l’«oubli », reconnaitre davantage son mérite et rendre à ce cadre l’hommage dû à son rang, la Section UM-RDA de Sikasso a organisé (une première) courant mois de juillet dernier une série d’activités sportives et culturelles en sa mémoire.

3-Mamadou Madeira Kéïta : ministre de l’Intérieur

Né le 11 janvier 1917 à Kourounikoto (Cercle de Kita), il est Commis d’Administration titulaire du diplôme de Willliam Ponty (1937). Dans le cadre de la gestion des cadres en AOF, Mamadou Madeira Kéïta sert d’abord au Cadre spécial du Gouvernement Général de l’AOF comme archiviste –  bibliothécaire (1937-1940). Les dix années suivantes, il est fonctionnaire en Guinée où il est mis notamment au service de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan). C’est à Conakry que débute sa carrière politique et il devient, bien avant Sékou Touré, le 1er secrétaire général du PDG-RDA (1946-1951). A cause de son activisme politique débordant dans un pays qui n’est le sien, il est suspendu par l’Administration coloniale. Réintégré en 1952, il est muté au Dahomey (l’actuel Bénin) où il prend part activement à la création de l’UDD-RDA. En 1955, Mamadou Madeira Kéïta regagne son pays natal, le Soudan français, où il est réaffecté au service de l’Ifan à Koulouba. Il est immédiatement coopté au Bureau politique de l’US-RDA et devient membre du 1er Gouvernement du Soudan français formé en mai 1957. De cette période jusqu’à la fin de la 1ère République, Madeira Kéïta fut successivement : ministre de l’Intérieur chargé de la Justice, de la Police et de la Radio (22 mai 1957 – 16 avril 1959) ; ministre de l’Intérieur (16 avril 159 – 26 septembre 1960) ; ministre de l’Intérieur, de la Défense et de la sécurité (26 septembre 1960 – 25 janvier 1961) ; ministre de l’Intérieur, de l’Information et du Tourisme (25 janvier 1961 – 14 mai 1964) ; ministre de la Justice (14 mai 1964 – 13 juillet 1967) et ministre de la Justice t du travail (13 juillet 1967 – 19 novembre 1968).

Après le coup d’Etat militaire, Mamadou Madeira Kéïta est détenu politique entre 1968 et 1976. Après avoir contribué à la création du Mouvement démocratique en 1990, Madeira Kéïta conduit le processus de renaissance de l’US-RDA en 1991, suite à la chute du régime de l’UDPM. Il est ainsi resté président d’honneur de l’US-RDA, de juillet 1991 jusqu’à son décès le 21 décembre 1997 à Bamako. La 33ème promotion (2011) de l’Ecole militaire interarmes (Emia) de Koulikoro porte son nom.

4-Attaher Maïga : ministre des Finances 

Né en 1924 à Baria (Cercle de Bourem), il est le père de l’actuelle Première Dame Mme Kéïta Aminata Maïga. Financier diplômé de l’Ecole William Ponty, il fut ministre des Finances du 16 avril 1959 au 14 mai 1964. Durant cette période, il a piloté le processus de création du Franc malien mis en circulation le 1er juillet 1962. Il devient ensuite ministre des Finances et du Commerce (14 mai – 16 septembre 1964). Encore ministre des Finances (16 septembre 1964 –  15 septembre 1966) et enfin ministre du Commerce, du 15 septembre 1966 à la chute du président Modibo Kéïta, le 19 novembre 1968. Par la suite, il fut détenu politique deux fois (1968-1975) puis 1977-1978).  Avant cette carrière ministérielle, il a débuté son parcours professionnel en 1942 comme comptable à l’Agence spéciale de Bourem puis au Trésor de Ségou en 1944. A partir de 1956, il sert dans le cadre des secrétaires d’Administration. A cette époque, il fut député à l’Assemblée Législative de la République Soudanaise jusqu’à son entrée au gouvernement en avril 1959. Attaher Maïga est mort dans un accident d’avion à Tombouctou en 1985. En avril 2016, fut célébré le cinquantenaire de l’Ecole de Baria qui porte le nom de Attaher Maïga.

5-Seydou Badian Kouyaté (devenu en 2009 Nomboïna, son patronyme originel) : ministre de l’Economie rurale et du Plan

Né le 20 avril 1928 à Bamako, il est avec Salah Niaré, les deux anciens ministres de Modibo Kéïta encore en vie. Titulaire d’un Doctorat obtenu à la Faculté de Médecine de Montpellier (1955), Seydou Badian Kouyaté regagne sa patrie en 1956 et sert à Bougouni comme Médecin chef. Très engagé, il est celui qui fut l’auteur du « Chant du Pionnier » dédié à Mamadou Konaté (1er président de l’US-RDA) disparu en mai 1956 et surtout le président de la Commission de rédaction de l’Hymne national du Mali, adopté en août 1962. Il a aussi à son actif le « Chant du 22 août » composé pour magnifier la « Révolution active » enclenchée par le président Modibo Kéïta en 1966-1967. Auteur de plusieurs œuvres littéraires (devenues des classiques encore enseignés dans les écoles d’Afrique francophone) dont le célèbre roman « Sous l’orage » (1963), « La mort de Chaka » (lutte émancipatrice du peuple zoulou) et l’essai politique « Les dirigeants africains face à leurs peuples » (1965), Seydou Badian est donc plus connu par les générations actuelles comme un grand écrivain plus qu’un homme politique.

Pour autant, il siégea dans les gouvernements soudanais et maliens de mai 1957 à novembre 1968. Il fut successivement : ministre de l’Economie rurale et du Plan (22 mai 1957 – 17 septembre 1962) ; ministre du Développement (17 septembre 1962 – 23 août 1968) et ministre Délégué à la Présidence (23 août – 19 novembre 1968). Considéré comme l’un des idéologues du régime de Modibo Kéïta, Seydou Badian fait partie des concepteurs du Plan Quinquennal 1961-1966 qui a permis notamment la création des premières sociétés et entreprises d’Etat.

Parallèlement à ses fonctions ministérielles, il assume les charges de secrétaire aux Affaires économiques du Bureau politique national de l’US-RDA.  Suite au renversement de régime socialiste, Seydou Badian est détenu politique à Taoudénit avant d’être relaxé sans jugement (comme tous ses camarades ministres) en juin 1975. Il s’installe à Dakar et séjourne régulièrement à Paris. Il rentre au bercail en juin 1991 après la chute du président Moussa Traoré. Il mène des consultations à l’international, raffermit ses relations avec la Chine. Un pays dont l’expérience communiste l’a beaucoup inspirée et qu’il a pu visiter près d’une quarantaine de fois. D’où, en depuis août 2010, sa distinction honorifique de l’« Ambassadeur d’Amitié entre le Peuple chinois et le reste du monde ».

Auparavant, dans les années 1990, il fut conseiller spécial du Roi Hassan II du Maroc puis du président congolais Denis Sassou N’Guesso. Au Mali, il s’implique dans la vie de son Parti, l’US-RDA, dont il devient l’un des présidents d’honneur. Quand le Parti de l’indépendance connut une division consécutive au choix du candidat à la présidentielle d’avril 1992, Dr Seydou Badian fut l’un des mentors de Feu Tiéoulé Mamadou Konaté. Ensemble, ils créent le Parti Bdia Faso Djigui en 1993 au terme d’un long feuilleton judiciaire. Il le rejoint en 1995 et en fut même désigné candidat à l’élection présidentielle d’avril 1997.

Une élection reportée au mois de mai suivant, mais à laquelle le Dr Seydou Badian ne participera car devenu membre du COPPO (Opposition radicale) qui exigeait l’annulation de tout le processus électoral, suite à la très mauvaise organisation des législatives du 13 avril 1997.  Une année plus tard (début mai 1998), il jette un pavé dans la marre en « reconnaissant les Institutions du pays » issues des élections générales de 1997. Il se démarque ainsi de la position radicale du COPPO en lui lançant un appel à inscrire son action dans le cadre républicain. Quelques années après, le Doyen Seydou Badian s’éloigne un peu de l’US-RDA au profit du PIDS, un autre parti créé en 2001 par des cadres de l’US-RDA qui ont aussi perdu une bataille judiciaire pour le contrôle du parti de Mamadou Konaté et de Modibo Kéïta. Ces dernières années, le Dr Seydou Badian s’exprime circonstanciellement sur les questions de préoccupations nationales, notamment celles relatives aux crises sociétales, aux errements de la classe politique et à la mauvaise gouvernance du pays.

6-Hamaciré N’Douré : ministre du Commerce et de l’Industrie

Au cours des événements du 19-20 août qui ont abouti à l’éclatement de la Fédération du Mali après la séquestration temporaire à Dakar de Modibo Kéïta et d’autres dirigeants soudanais, le ministre de Commerce, Hamaciré N’Douré, joue le rôle de porte-parole de gouvernement : sur les ondes de Radio-Soudan, il ne se lasse d’appeler au calme au moment où la tension était très vive dans le pays. Les populations soudanaises s’étaient révoltées contre le sort réservé à leurs dirigeants sur la terre sénégalaise. Le tribun N’Douré était dans ses rôles, avocat qu’il était après avoir obtenu une Licence en droit dans une Faculté parisienne en 1947. Auparavant, il était nanti d’un parchemin acquis à l’Ecole primaire supérieure Terrasson de Fougères (EPS) de Bamako (l’actuel Lycée Askia Mohamed) qu’il a fréquenté (1933-1936). Il commence sa carrière professionnelle comme Commis expéditionnaire auxiliaire et sert au Tribunal puis au Secrétariat de la Mairie de Bamako entre 1936 et 1945. Les deux années suivantes, il intègre par la suite le corps des Commis secondaires des services financiers AOF mis au service de Koulouba où se trouvent les bureaux du Gouverneur colonial. De là, Hamaciré N’Douré part à Paris pour ses études de droit au terme desquelles il s’installe à Daloa (en Côte d’Ivoire) comme avocat-défenseur.

Entretemps, en janvier 1947, l’US-RDA est formée pour rejoindre le Bloc Soudanais et le Parti Démocratique Soudanais et la tendance minoritaire et dissidente du PSP dont faisait partie Hamaciré N’Douré, natif de Youwarou en 1918. En raison de ses connaissances juridiques et de son expérience politique, il devient membre du premier gouvernement soudanais. Il occupe ainsi le ministère de l’Industrie, du Commerce et des Transports (22 mai 1957 au 16 avril 1959. A cette date, son Département est délesté des Transports. Hamaciré N’Douré reste à son poste jusqu’au remaniement ministériel du 14 mai 1964 où il devient ministre délégué à la Présidence chargé des missions. Trois mois après, il est chargé de la Coopération et de l’Assistance technique. C’est le début d’une disgrâce qui le verra occuper symboliquement, à partir d’octobre 1966, un ministère délégué à la Présidence pour représenter le Mali auprès de la Communauté économique européenne, du Royaume de Belgique, du Royaume des Pays-Bas, du Grand-Duché de Luxembourg et de la République Fédérale d’Allemagne.

Après le renversement du régime socialiste en novembre 1968, Hamaciré N’Douré compose avec les militaires en occupant le ministère de la Justice, Garde des Sceaux et chargé de Mission auprès du président du Gouvernement, le capitaine Yoro Diakité (du 7 février 1969 au 10 septembre 1970). Il reprend alors ses activités d’avocat-défenseur et deviendra au milieu des années 1970, le 2ème Bâtonnier du Mali. Hamaciré N’Douré revient sur la scène politique après la chute du président Moussa Traoré en mars 1991. Il participe à la reconstitution de l’US-RDA et se retrouve parmi les soutiens forts de la candidature de Tiéoulé Mamadou Konaté à la présidentielle d’avril 1992. Une candidature qui a provoqué une grave crise interne culminant avec la scission du Parti de l’Indépendance. La tendance Konaté ayant perdu la bataille judiciaire est amenée à créer le BDIA dont Me Hamaciré N’Douré est l’une des têtes pensantes. Suite au décès accidentel de Tiéoula M. Konaté en octobre 1995, la direction du Parti est confiée à Me N’Douré jusqu’à la disparition de celui-ci au début des années 2000.

7-Dr Henri Corenthin :  ministre des Travaux publics, des Transports et des Télécommunications 

Né le 24 janvier 1924 à Port-Louis (Guadeloupe), Docteur en Médecine diplômé de la faculté de Montpellier (France), il fait partie de ces Caribéens qui se sont investis auprès des nouveaux Etats indépendants en Afrique dans les années 1960-1970. Henri Corenthin arrive en 1955 au Soudan Français (actuel Mali) dans le cadre de la coopération française. Il est nommé Médecin-chef du Cercle de Kita (Région de Kayes). Henri Corenthin s’engage aussi dans le syndicalisme et devient secrétaire général de l’Union des travailleurs de santé (UTS). Sur la scène politique, il  adhère à l’US-RDA dont il fut l’un des Commissaires à la Jeunesse du Bureau politique national mis en place lors du 5ème congrès d’août 1958. Il est ensuite désigné, en décembre 1959 à Bamako, secrétaire politique (N°2) de l’Union de la Jeunesse RDA, Section de l’Union nationale de la Jeunesse du Mali au sein du Parti de la Fédération africaine (PFA).

Auparavant, en mai 1957, Henri Corenthin entre dans le premier gouvernement de la Loi-cadre comme ministre chargé de l’Elevage et des Industries animales. Poste qu’il occupe jusqu’en avril 1959 à la création de la Fédération du Mali. Dans le gouvernement de ce regroupement, le Soudanais Mamadou Aw est promu ministre des Travaux publics (TP). Son poste de ministre des TP, des Transports et des Télécommunications dans le gouvernement soudanais est désormais confié à Henri Corentin. Celui-ci conserve ce poste (certes délesté des TP revenus à Mamadou Aw, le 25 janvier 1961) jusqu’au 17 septembre 1962. Quelques mois auparavant, il fait partie de la délégation malienne dépêchée à Paris dans le cadre des négociations sur la coopération franco-malienne. La même année 1962, le congrès de l’US-RDA dissout le Bureau de la Jeunesse dont était membre le médecin Guadeloupéen qui avait pourtant acquis la reconnaissance de « la nationalité malienne pleine et entière » à lui accordée par un décret présidentiel (N°94/PG-RM) du 11 mars 1961. Par la suite, son engagement et à sa conviction pour la cause du Mali irritent l’Etat français et particulièrement (le tout-puissant conseiller aux Affaires africaines de l’Elysée). Paris qualifie le Guadeloupéen de « révolutionnaire excité » et décide ainsi de lui retirer sa nationalité française.

Tombé en disgrâce politique, le Dr Henri Corenthin est nommé directeur de l’Ecole des sages-femmes jusqu’au coup d’Etat militaire du 19 novembre 1968. Il apprend le renversement du président Modibo Kéïta à partir du Mexique où il était en mission. De retour au Mali, le nouveau pouvoir lui propose de faire partie du gouvernement. Après moult négociations, le Dr Corenthin finit par accepter et redevient, du 22 novembre 1968 au 19 septembre 1969, ministre des TP, des Transports et des Télécommunications (perdues à moins d’une semaine au profit du Tourisme dès fin novembre 1968). Il quitte le Mali en 1972 après s’être aussi illustré sur le terrain sportif. Il fut ainsi président fondateur de l’US Kita (1951) et du Club Olympique de Bamako (COB en 1960) issu de la fusion de l’Union des sportifs indigènes et de l’Aigle Noir de Bamako-Coura. Président de la Ligue de football de Bamako et membre du Bureau de la Fédération malienne de football, Henri Corenthin fut aussi président de la Fédération d’athlétisme du Mali (1960-1969). Et il contribua à la création du Comité olympique du Mali (l’ancêtre de l’actuel Cnosm) qu’il dirige de 1962 à 1967.

Cinq années plus tard, il quitte donc le Mali et retourne à Paris pour des études de spécialisation en néphrologie. Ayant recouvré entretemps la nationalité française, le Dr Henri Corenthin retourne définitivement dans sa Guadeloupe natale. Il y participe à la création des premières cliniques privées de l’île. Au plan politique local, il est un membre fondateur de l’Union populaire pour la libération de la Guadeloupe (Uplg), un parti politique qui milite pour l’indépendance de la Guadeloupe. En 1992, il se présente aux élections régionales sur la liste Alternative Gran Koudmen, un mouvement indépendantiste qui participe pour la première fois aux élections et obtient 5,49% de suffrages et deux sièges au Conseil régional. A la fin de son mandat, il se retire de la vie politique. En 2009, Henri Corenthin soutient activement le LKP (Liyannaj Kont Pwofitasyon), le collectif à l’origine du mouvement social qui avait mobilisé les Guadeloupéens durant 44 jours contre la cherté de la vie. Ces dernières années, Henri Corenthin suivait assidûment l’actualité africaine et particulièrement la crise malienne. Dans son pays natal, Henri Corenthin est décédé le 17 avril 2016.

8- Abdoulaye Singaré : ministre de l’Education nationale

Il est considéré dans le monde de l’école malienne comme le « Père de la réforme 1962 » qui visait « une décolonisation des esprits » se basant sur « une éducation de masse et de qualité ». Cette Réforme, il l’a menée an au ministère de l’Education nationale qu’il a dirigé pendant 7 ans (16 avril 1959 – 15 septembre 1966). Auparavant, il siège dans le tout premier gouvernement du Soudan Français au poste de ministre de la Fonction publique (22 mai 1957 – 16 avril 1959) en se voyant confier, le 30 septembre 1958) le secteur Travail suite au départ de Abdoulaye Diallo dans son pays natal, la Guinée, qui venait de voter « NON » au référendum constitutionnel instaurant la Communauté franco-africaine initiée par le Général de Gaule.

Né le 20 mars 1918 à Koulikoro, Abdoulaye Singaré a fréquenté l’EPS Terrasson de Fougères de Bamako (section administrative) de 1932 à 1936. Il devient ainsi Commis expéditionnaire du cadre local de Soudan pendant dix ans (1936-1946). Il passera ensuite huit années (1946-1954) au poste de commis expéditionnaire du cadre secondaire des services administratifs, financiers et comptables. Secrétaire d’administration du cadre supérieur de l’AOF (1954-1958), il est promu Administrateur civil (1958-1970) quand il avait déjà entamé sa carrière ministérielle.

Au plan politique, il figure parmi les membres fondateurs du RDA en octobre 1946 à Bamako. Dissident du PSP de Fily Dabo Sissoko, il participe à la formation de l’US-RDA dont il est membre du Bureau politique national de 1947 à 1955. Pendant cette période, il exerce des mandats électifs : conseiller général du Soudan (1952), conseiller municipal de Bamako (1956), député à l’Assemblée législative du Soudan (1956) et conseiller de la ville de Koulikoro (1958). Au plan syndical, dès la fin des années 1930, il fut le secrétaire général adjoint puis secrétaire général du syndicat des commis expéditionnaires et des interprètes du Soudan (1945-1950). Par la suite, il fut secrétaire général du syndicat unique du personnel de l’Administration générale (1950-1952), membre du Comité directeur de l’Union des syndicats du Soudan (1946-1952) et membre du Conseil général de la Fédération syndicale mondiale (1952-1956).

Auparavant, dès octobre 1949, il fut le 1er Rédacteur en chef de L’Essor, l’organe de l’US-RDA. Après la chute du président Modibo Kéïta, Abdoulaye Singaré se retire de la scène politique et cela ne lui épargnera d’être arrêté deux fois par les militaires au pouvoir : une première fois, ils l’ont suspecté d’être l’inspirateur d’un article paru dans Jeune Afrique et une seconde fois quand ils ont retrouvé sur lui un tract critiquant le parti unique Udpm en gestation.  Resté très lié au chef de l’Etat ivoirien, l’ancien ministre Singaré fut membre du Comité de coordination de la Fondation Président Félix Houphouët-Boigny. De la fin des années 1970 à la fin des années 1980, il devient Assureur et Représentant commercial de Jeune Afrique à Bamako. Il est décédé le 19 octobre 2004 à Bamako. 

9-Sominé Dolo : ministre de la Santé

Né en 1922 à Sangha (Cercle de Bandiagara), il fréquente l’Ecole William Ponty de Gorée (1939-1942) puis l’Ecole de Médecine de Dakar (1942-1946) avant d’obtenir un Doctorat à la Faculté de Médecine de Paris (1956). L’année suivante (31 mars), le Docteur en Médecine est élu conseiller territorial (député, Bandiagara) sur la liste de l’Union Dogon lors des premières élections territoriales au Soudan Français dans le cadre la Loi-cadre. Les 7 députés de cette Union s’ajoutent aux 57 de l’US-RDA qui devient ultra majoritaire face aux 6 élus du PSP. Cette majorité dominante permet au Parti de Modibo Kéïta de proposer 12 cadres pour constituer le tout premier Conseil de Gouvernement de notre pays. Le Dr Sominé Dolo fut ainsi nommé ministre de la Santé. On retient qu’il fut le seul ministre soudanais qui est resté au même poste sans discontinuer pendant onze (11) années (Mai 1957 – novembre 1968). Sans pourtant exercer effectivement un mandat parlementaire, Sominé Dolo a été toujours réélu dans la circonscription de Bandiagara en novembre1958 pour l’Assemblée Législative provisoire de la République Soudanaise puis en mars 1959 pour l’Assemblée Législative de la République Soudanaise qui deviendra l’Assemblée nationale de la République du Mali, le 22 septembre 1960.

Après le coup d’Etat militaire du 19 novembre 1968, le Dr Sominé Dolo est nommé directeur régional de la Santé de Bamako, à l’époque 2ème Région administrative du Pays. Il y est décédé le 15 mars 1972 suite à une crise cardiaque. Pour l’immortaliser, les autorités du pays baptisent en son nom un Pavillon de l’Hôpital Gabriel Touré. Il en est de même pour l’Hôpital régional de Sévaré-Mopti.  La 11ème Promotion de l’Ecole militaire Interarmes (Emia) de Koulikoro, sortie en octobre 1983, porte également le nom de Sominé Dolo.

 10-Mamadou Gologo : secrétaire d’Etat à l’Information auprès du président du Conseil

 Né en 1924 à Koulikoro, il est titulaire du Diplôme de l’Ecole normale William Ponty de Gorée (1941-1944) puis de celui de l’Ecole Africaine de Médecine et de Pharmacie de Dakar (1944-1948). Il a piqué le virus de la politique dans cette ville sénégalaise en s’engageant dans les Groupes d’études communistes (GEC). Rentré au bercail, le Médecin Gologo est affecté successivement à Katibougou (Koulikoro), Douentza, Gourma-Rharous. Après des suspensions administratives, il s’engage en novembre 1953 au service de santé de l’Office du Niger (1950 – 1956). Dans les colons de la Zone Office du Niger, il crée des comités syndicaux et des sous-sections de l’Union Soudanaise RDA en pleine lutte pour l’indépendance. Après la formation du premier Gouvernement sous la Loi-cadre, Gologo devient le chef de Cabinet du ministre de la Santé Sominé Dolo (1957-1958). Le militantisme l’a amené dans le monde de la presse. Il fut directeur adjoint du Service de l’Information (1958-1959) avant de devenir le Haut-commissaire de l’Information (1959-1960). En mai 1959, le Commissariat est vite transformé en Secrétariat d’Etat à l’Information. Le Dr Gologo a ainsi siégé au gouvernement de mai 1959 à septembre 1964. Il est titularisé ministre chargé de l’Information jusqu’au coup d’Etat du 19 novembre 1968. Parallèlement à ses fonctions ministérielles, Dr Gologo est directeur de publication de L’Essor, président de l’Union nationale des journalistes du Mali (Unajom) et membre de l’Organisation internationale des journalistes, de 1961à 1968.  A l’instar d’autres compagnons du président Modibo Kéïta, Dr Gologo fit la prison après le changement de régime politique. Il est détenu à Kidal de 1968 à 1971 puis de 1979 à 1983 à Nioro du Sahel, suite à la diffusion d’un tract intitulé « Autopsie d’un Congrès », celui qui a constitué le parti unique constitutionnel Udpm. Entre les deux incarcérations, il fut directeur régional de la Santé de Bamako. Après avoir été secrétaire à la Presse du Bureau politique national de l’US-RDA dans les années 1950-1960, le Dr Mamadou El Bechir Gologo fut l’un des artisans de la renaissance de ce Parti en 1991 à l’instauration du multipartisme. Il en est le secrétaire général puis président d’honneur (1991-1996). Dr Gologo fut un journaliste prolixe doublé d’écrivain talentueux, auteur de plusieurs ouvrages. Il est décédé le 21 mars 2009 à Bamako.

11-Salah Niaré : secrétaire d’Etat à l’Agriculture, à l’Elevage et aux Eaux-et-Forêts auprès du ministre de l’Economie rurale et du Plan 

Benjamin des premiers Gouvernements soudanais et maliens, il est né en 1930 dans la Grande famille fondatrice de Bamako. Il jouit de ses droits à la retraite en consacrant le plus clair de son temps aux activités champêtres dans la banlieue bamakoise. Ingénieur agronome issu de l’Ecole nationale supérieure de Montpellier, il fut successivement : ministre de l’Agriculture (22 mai 1957 – 16 avril 1959) ; secrétaire d’Etat à l’Agriculture, à l’Elevage et aux Eaux & Forêts (16 avril 1959 – 17 septembre 1962) ; secrétaire d’Etat à la Présidence de la République chargé de l’Economie rurale (15 septembre 1966 – 07 février 1968) et secrétaire d’Etat à la Présidence de la République chargé de l’Economie rurale, de l’Energie et des Industries (07 février- 19 novembre 1968). Entretemps, il fut Ambassadeur du Mali en Haute-Volta (1962-1966). C’est justement dans ce pays mossi que Salah Niaré débute sa carrière professionnelle au début des années 1950 avant de retourner au bercail en 1957 à la faveur de l’application de la Loi-cadre qui accorda l’autonomie aux colonies françaises d’Afrique. Il se retrouve ainsi dans le premier gouvernement du Soudan en mai 1957. Il y restera pendant une décennie avec un intermède de fonction d’ambassadeur. Après la chute de Modibo Kéïta, il devient, en 1969, directeur général de l’Institut d’Economie rurale avant d’entamer une carrière à l’international au sein des Nations Unies : il sert à la Commission Economique de l’Afrique (CEA) puis dirige la Représentation de la FAO au Congo Kinshasa puis au Niger. En 1991, il participe à la renaissance de l’US-RDA avant de se retirer de la scène politique après les élections générales de 1992.

12-Oumar Baba Diarra : secrétaire d’Etat chargé du Travail et des Affaires sociales auprès du vice-président

Né le 30 décembre 1929 à Bamako, il est titulaire d’une Licence en Droit obtenu à Paris en 1957. Peu après son retour au bercail, il devient directeur de Cabinet du ministre de la Fonction publique. Le 16 avril 1959, il est nommé secrétaire d’Etat au Travail et aux Affaires sociales, rattaché au vice-président du Conseil, Jean-Marie Koné. Il y demeure jusqu’au 25 janvier 1961, date à laquelle il devient secrétaire d’Etat à l’Elevage et aux Industries animales. Le 17 septembre 1962, il redevient secrétaire d’Etat à la Fonction publique et au Travail. Il est ensuite promu ministre à part entière en charge du Travail (15 septembre 1966 – 13 juillet 1967). Après le changement de régime politique au Mali, Oumar Baba Diarra, qui ne fit nullement inquiété contrairement à plusieurs autres dignitaires de la 1ère République, devient fonctionnaire international en occupant un poste de conseiller technique au Centre du commerce international à Turin (Italie). Ensuite, il servira au Bureau International du Travail à Genève, à Kinshasa puis à Alger. Il assumera également les charges d’Economiste de l’Office de la Recherche scientifique et technique Outre-mer (Orstom, l’actuel IRD français).  Vers la fin des années 1980, il s’établit dans le privé en devenant Conseil juridique puis Avocat à part entière. En décembre 1988, il fait partie des membres fondateurs de l’Association malienne des Droits de l’Homme (Amdh) présidée par Me Demba Diallo. Réengagé dans l’US-RDA après la chute de Moussa Traoré en mars 1991, Me Oumar Baba Diarra se trouve aux côtés de Tiéoulé Mamadou Konaté qui crée le Bdia en 1993, après avoir perdu la bataille judiciaire qui l’opposait à un autre camp de l’US-RDA. Me Oumar Baba Diarra est décédé le 03 septembre 2009 à Bamako.

Réalisé par la Rédaction

Nos sources :

-Archives du Quotidien national L’Essor.

-Bocoum Mohamadoun Baréma : « Les hommes politiques maliens et africains », Harmattan (Paris) Tropiques Editions (Abidjan), 2010.

-Campmas Pierre Campmas : “L’Union Soudanaise R.D.A : l’histoire d’un grand parti politique africain. Tome premier (1946 – 1960)”, Acct-Uniconti), Paris, 1988.

-Collectif d’auteurs : « Le Mali en marche », Secrétariat d’Etat à l’Information, Bamako, 1962.
-De Benoist Joseph Roger : « L’Afrique Occidentale Française de 1944 à 1960 », NEA, Dakar, 1982.

-Diagouraga Modibo : « Modibo Kéïta. Un destin », L’Harmattan, Paris, 2005.

-Diarrah  Cheick Oumar : « Le Mali de Modibo Kéïta », L’Harmattan, Paris, 1986.

-Diawara Daba : « La conquête de l’indépendance et l’édification du nouvel Etat du Mali.  Etude documentaire. Tome I » Editions Tropics, Collection Repères, Bamako, 2010.

– Journal Officiel de la République du Mali : N°65 du 29 septembre 1960 et N°67 du 15 octobre 1960.

-KONARE Alpha Oumar et Adam Bâ : « Grandes dates du Mali », Edim, Bamako, 1983.

-Mémorial Modibo Kéïta : « Les Têtes de la République : Chefs d’Etats et Ministres du Mali de 1957 à 2007 », Afrikibaru, Bamako, 2007.

-Nantet Bernard : « Mali, Vies et portrais’’, Encyclopédie Universalis, 1978.

-Sanankoua Bintou : « La Chute de Modibo Kéïta », Editions Chaka, Paris, 1990.

-Philippe Sébastien : « Une histoire de Bamako », Grandvaux, Paris, 2009 ; 280 pages.

-Sites : koulouba.pr.ml ; primature.gov.ml ; omvs.org.

 

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