2012, une équation à plusieurs inconnus

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Personne ne pourrait prédire avec certitude ce qui va se passer dans notre pays d’ici 2012, politiquement parlant bien sûr. D’une part, tous les regards sont rivés sur des échéances électorales plus que jamais jugées cruciales pour la marche de notre processus démocratique. D’autre part, de grandes réformes sont attendues et dont le clou sera le référendum portant révision de la Constitution du 25 février 1992.

Dans les états-majors politiques, c’est le branle-bas de combat. Pendant ce temps, le centre d’état-civil des partis politiques continue d’enregistrer de nouvelles naissances. A quelques jours seulement d’intervalle, les nouveaux-nés ont pour noms : Pdes (Ah, tiens, le Parti pour le développement économique et la solidarité, fondé par des proches d’ATT) Yèlèma le Changement du jeune Moussa Mara. Et il est fort à parier que d’autres leur emboîteront le pas dans les jours, les semaines à venir. Paradoxalement, en dépit de cette forte natalité dans une ”cour commune” bourrée comme un oeuf, tous les leaders politiques défendent la thèse de la nécessité d’aller vers de grands ensembles pour un meilleur ancrage démocratique. Seulement du bout des lèvres car reste à savoir si telle est véritablement leur conviction.

Parmi les nouveaux nés du landerneau politique, il y a un qui suscite des interrogations, commentaires, mais aussi engouements, jalousies,  inquiétudes. Il s’agit de Pdes des amis du président de la République, Amadou Toumani Touré, dont le lancement en grande pompe ne cesse d’alimenter les causeries dans les ”grins” et services et autres lieux publics de Bamako. Que se passera-t-il demain ? Les responsables du Pdes vont-ils commettre l’imprudence de revendiquer l’héritage d’ATT comme leur exclusivité au motif que le président s’est senti seul face à certaines épreuves, parce qu’abandonné par tous ses alliés ? Auquel cas, ils courraient le risque bien inutile de faire des frustrés au sein des amis de leur mentor au sein des grandes formations. Ces formations politiques, détentrices de la majorité absolue à l’Assemblée, tiendront-elles tête au président de la République au moment du vote, en refusant par exemple d’adopter le texte de réforme constitutionnelle. Mieux, tenteront-elles de lui tordre la main lors d’un éventuel remaniement ministériel pour que soit pris en compte leur poids réel dans le prochain attelage gouvernemental ? Une crise institutionnelle est-elle évitable dans ces conditions ? On aimerait s’en rassurer en rappelant ces propos du président de l’Assemblée nationale. Pr Dioncounda Traoré a déclaré, lors de l’ouverture de la session parlementaire d’octobre 2009, que le président de la République et le gouvernement disposent d’une majorité confortable et stable. Aussi, disait-il à l’époque, il n’y a aucune crise institutionnelle au Mali, ni dans les faits, ni en filigrane, ni en perspective.

Car en soutenant le candidat ATT en 2007, les partis membres de l’Alliance pour le développement et le progrès (Adp) se sont engagés à accompagner le chef de l’Etat au cours de son second et dernier mandat. En contrepartie, le président leur a-t-il renvoyé l’ascenseur ? Certainement car malgré ses dysfonctionnements, l’Alliance existe : la plupart des partis de la majorité présidentielle, de même que certains de l’opposition comptent sur les nombreux cadres qui ont bénéficié de  promotion au sein de nos structures publiques ou de coups de piston discrets d’Att pour obtenir des postes dans les instances internationales.

En ce qui concerne le Pdes, sa création pouvait difficilement ne pas susciter   des états d’âme. Mais ses responsables devraient veiller à n’en pas ajouter à travers propos maladroits et débauchages. Ce qui pourrait davantage embarrasser le président de la République

Hamed Diane Séméga et ses camarades ont au moins deux ans pour mettre en place des structures de base. Avant d’affronter leurs premiers tests, à savoir : le référendum prévu pour le dernier trimestre de l’année, les élections communales partielles à Bourem, en Commune IV et ailleurs.

Chiaka DOUMBIA

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