Le Parti pour le Développement Economique et Social a bouclé, hier dimanche, son 2e congrès ordinaire au Pavillon des sports du stade Modibo Keita, qui aura drainé en masse les héritiers du président ATT. Sous la houlette de son président par intérim Djibril Tall, les militants et sympathisants se sont mobilisés pour prendre un rendez-vous historique et déterminant pour leur devenir politique. Et pour cause, il intervient à un moment où l’héritage d’ATT se trouve à la croisée des chemins. Le PDES est en effet menacé d’une cassure latente avec deux tendances inconciliables. L’une voulant le soutien du parti à IBK dans la reconquête de Koulouba, l’autre acquise à son appartenance à l’opposition ou du moins au refus de s’offrir à IBK mains et pieds liés.
L’autre explication des partisans de l’opposition serait par ailleurs qu’à trois mois de la présidentielle, IBK ne s’est toujours pas prononcé sur sa volonté de briguer un second mandat.
Les assises du PDES ont auront aussi donné lieu à un exercice de rétrospective sur la vie de ce parti afin de lui impulser une nouvelle dynamique. Ces deux jours de débats, de réflexion et d’échange ont permis de déterminer le rôle que le parti compte éventuellement jouer sur la scène politique malienne.
Dans son discours d’ouverture, le président par intérim, Djibril Tall a ainsi partagé avec les militants le bilan des élections communales passées à l’issue desquelles le PDES a récolté plus de 170 conseillers. Et, comme pour annoncer les couleurs, il a exprimé par la même occasion le souhait de voir l’avènement d’un président qui aime le Mali et qui se soucie des Maliens comme un chef de famille se soucie des membres de sa famille. Le PDES n’est pas mort comme le voulaient les oiseaux de mauvais augure, il est encore en vie et compte revenir aux affaires, a martelé Djibi Tall
Le président de l’URD, non moins chef de file de l’opposition, Soumala Cissé, n’a laissé s’échapper l’occasion de séduire davantage les héritiers d’ATT. Il s’est appesanti pour la circonstance sur son amitié avec ATT – quoique leur proximité n’ait pas empêché l’affrontement électoral en 2002 – , avant de rappeler qu’il a passé une année à l’hôpital pour avoir condamné le coup d’Etat de 2012. Parlant des alliances en préparation, il a exhorté le PDES à ne pas se tromper de choix et à se déterminer en se posant les questions suivantes : «qui sont ceux qui ont chanté au haut et fort qu’ATT a trahi le Mali, qui a déclenché la procédure pour juger ATT de haute trahison l’obligeant du coup à l’exil ? ».
Même son de cloche du côté de Tiéblé Dramé. Tout aussi farouchement engagé pour l’alternance, le président du Parena estime que la classe politique malienne est clairement scindé en deux camps : ceux qui casent le pays depuis cinq ans et ceux qui s’y opposent. Et de rappeler aux membres du PDES leur cheminement, pendant les durs moments de 2012, contre le coup d’Etat ayant déposé leur mentor. Le combat doit continuer. a-t-il ajouté, en assurant qu’une alternance est en gestation pour arracher le pouvoir cette fois par la voie des urnes.
Molaye Haidara, le président des jeunes du PDES dira pour sa part que les vendeurs d’illusion ne manquent aucune occasion pour dévoiler leurs critiques utopiques, avant d’appeler à l’édification d’un grand parti progressiste avec des vrais idéaux de démocratie.
Quant à la présidente des femmes, Mme Kanté Dandara Touré, elle a rappelé que si ATT fut le mentor du PDES, Lobo Traoré en est la marraine. Elle en a profité pour saluer l’engagement de l’ex Première Dame au service de la femme du Mali.
Les deux jours de conclave du PDES ont été sanctionnés par un nouveau directoire dont la configuration en dit long sur la tendance dominante au parti de l’ancien président ATT. Les délégués, dans une quasi unanimité, ont opté pour la confirmation du président intérimaire Djibril Tall, qui est secondé par le leader sortant de la jeunesse du parti Moulaye Haïdara.
La deuxième vice-présidence revient à l’avocat Me Maliki Ibrahim dans un bureau où apparaissent entre autres des noms comme Simone Loiseau comme 3ème vice-président ou encore Nouhou Togo au poste de Secrétaire à la mobilisation et porte-parole du parti. Pour la question cruciale de l’orientation du PDES pour la présidentielle 2018, les congressistes ont choisi de faire confiance à la nouvelle équipe pour la trancher dans le sens des intérêts politique de leur parti. Or les partisans d’IBK ayant été frappés de relégation à des positions de moindre influence, il n’est pas évident qu’ils puissent tirer les ficelles en faveur d’un soutien du PDES à un second mandat du président de la République sortant. Comme quoi, ni la main-tendue à ATT pour son retour au bercail, ni l’abandon des poursuites de haute trahison contre sa personne ne semblent avoir fléchi sa famille politique.
Amidou Keita