1er congrès ordinaire des Fare : La copie ou l’original?

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Modibo Sidibé
Modibo Sidibé

En tout cas, l’on sait que les travaux dudit congrès ordinaire se sont tenus dans un contexte où les observateurs de la scène politique nationale se demandent qui contrôle réellement les Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence. La dissidence formée autour d’Alou Keïta, Président du parti, a en effet choisi de boycotter ce rendez-vous politique.

 

 

Modibo Sidibé et ceux des «Bleus» qui lui sont restés fidèles ont certes réussi un pari en tenant «leur» premier congrès ordinaire qui a vu, outre la relecture des textes, la mise en place d’un nouveau bureau de 75 membres dirigé par Modibo Sidibé.

 

 

 

Une question est pourtant demeurée en suspens et a dû tarauder les esprits de plusieurs observateurs de la scène politique nationale. Le congrès dont les travaux ont pris fin hier, au Palais de la Culture Amadou Hampaté Ba, est en effet celui de quelles Fare ? En tout cas, ils sont nombreux les observateurs à se demander où se trouvent les «vraies Fare», c’est-à-dire, celles officielles, sachant que plusieurs cadres des Bleus ont choisi de ne pas prendre part à ce congrès. En tête de liste des inscrits aux abonnés absents, figure le président du parti, en l’occurrence Alou Keïta, lui qui avait récemment clamé haut et fort n’être en rien concerné par ce rendez-vous politique. Un scénario auquel on aura du reste rarement assisté dans les annales politiques de notre pays. Avec lui, cinq députés, sur les six que comptent les Fare, ont brillé par leur absence lors de l’ouverture des travaux de ce congrès ordinaire, le samedi dernier. L’honorable Bakary Woyo Doumbia, un élu de Bougouni, a été  en effet le seul député Fare à y participer. Certes, cette absence de Alou Keïta et autres ne s’est pas fait sentir en terme de mobilisation lors de ce congrès, mais il n’y pas d’illusion à se faire sur le risque pour le parti de se retrouver dans les jours à venir dans une guerre de paternité qui pourrait bien éclater entre Modibo Sidibé et la dissidence. Le «promoteur» des Bleus, en l’occurrence Zoumana Mory Coulibaly, ayant opté pour la défection, Alou Keïta avait récemment donné le ton en niant déjà la qualité de membre du parti à Modibo Sidibé, avant de se faire contredire quelques jours plus tard par la 1ère vice-présidente du parti, Traoré Oumou Traoré.  Elle a estimé le samedi qu’il était impérieux de préserver la cohésion et l’unité du parti qu’elle sait désormais perdues.

 

 

 

L’ombre de la dissidence a-t-elle plané ? 

Dans un discours un peu hésitant, la première vice-présidente a exprimé sa conscience que ce congrès était un tournant décisif dans la vie de leur parti. Ce, «malgré le cas de quelques camarades qui ne semblent pas avoir compris que  notre intérêt à tous réside dans la force du parti, dans l’union et dans l’unité d’action». Toute démarche n’aurait pour conséquence, dit-elle, que l’affaiblissement du parti, de nature à compromettre l’atteinte des objectifs qui ont valu à sa création. «Notre congrès se tiendra, et il se tient. N’en déplaise à ceux qui n’en veulent pas». Ces propos au goût provocateur sont du Secrétaire chargé des jeunes. Intervenant à la suite de la Secrétaire chargée des femmes, Amadou Cissé a invité les jeunes de son parti à accepter la souffrance, comme ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui l’ont endurée. Comme pour trancher la question de militer à l’opposition ou de rejoindre la mouvance présidentielle qui divise les Bleus, Amadou Cissé a estimé que les Fare ne sauraient être ce parti qui se résout à s’inviter au «plat d’autrui». C’est d’ailleurs pourquoi il a salué la présence effective de l’honorable Doumbia. A présent, dit-il, le parti Fare brille de tous ses éclats, car les brouillards qui l’en empêchaient se sont désormais dissipés. Pour le parrain du parti, Modibo Sidibé, il n’y a pas de triomphe possible si le parti ne respecte pas ses engagements. Parmi les pistes qu’il propose pour la construction d’un pôle politique dont le Mali a besoin, l’ancien Premier ministre estime qu’il est impératif de créer une force politique suffisamment ancrée dans ses principes «pour résister à la tentation des bons postes à tout prix».

 

 

 

La corruption vue par Modibo Sidibé

A écouter le discours qu’il a tenu à l’ouverture de ce congrès, tout porte à croire que le mentor des Bleus, non moins candidat à la dernière présidentielle, entend rompre avec l’opposition passive dans laquelle il semblait se plonger jusque là.  Ainsi, s’il s’est dit prêt à saisir la main du chef de l’Etat toutes les fois que leurs objectifs convergeront. Modibo Sidibé n’a pas fait mystère de sa volonté de marquer sa différence avec Ibrahim Boubacar Keïta si la situation l’exige. «Je lui dirai par exemple qu’en matière de lutte contre la corruption, les appels à la tolérance zéro ne suffiront pas et risquent fort de décevoir. La répression certes utile ne suffira pas. Le mal est structurel», a remarqué M. Sidibé, suggérant un travail de fond pour extirper le mal. «Cependant, gardons nous de donner du Mali  l’image d’un pays perdu du fait de la corruption généralisée, où le souci de l’intérêt général a déserté les agents publics», a-t-il conseillé.

 

 

 

Sur un tout autre plan, l’ancien Premier ministre a estimé que notre pays, pour préserver sa crédibilité internationale, doit s’inscrire dans l’application de l’Accord de Ouagadougou. Ce, pour éviter le risque de nous isoler dans notre communauté économique régionale d’ancrage. D’autres sujets tels que l’éducation, la sécurité, la justice sociale, la décentralisation et la restauration de l’autorité de l’Etat n’ont pas échappé à l’analyse de l’ancien Premier ministre.

 

 

Bakary SOGODOGO

 

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