La 19è édition de l’Espace d’interpellation démocratique (EID) qui s’est tenue hier au Cicb, sous la présidence du Premier ministre Moussa Mara a été l’occasion pour les Associations de défense des droits de l’homme d’exprimer leur indignation et leur incompréhension suite à la libération du terroriste Wadoussène et autres.
Dans leurs contributions respectives, les associations de défense des droits de l’homme ont salué la contribution de l’espace à l’ancrage démocratique dans notre pays. Ils ont également appelé à la fin de l’impunité et de la justice à deux vitesses et à la prise en compte réelle des préoccupations des populations surtout pour la libération du terroriste Wadoussene et ses complices. Tour à tour, les défenseurs des droits de l’homme notamment l’Amdh, et la ligue des défenseurs des droits de l’homme se sont indignés de la libération de 4 auteurs présumés de violations des droits humains et appellent les autorités maliennes à stopper l’hémorragie et à arrêter de se ridiculiser aux yeux de l’opinion nationale et internationale. L’on se souvient que la 18ème édition se tenait dans un contexte particulier marqué par la crise sécuritaire et institutionnelle. Aujourd’hui, le contexte est différent et les préoccupations des populations ressemblent à celles d’avant la double crise. L’EID de cette édition, comme en témoigne le nombre de dossiers enregistrés (284), continue d’être sollicité par des citoyens, surtout ceux vivant dans les Régions qui estiment que leurs droits sont lésés. Ainsi, la particularité de cette édition résulte d’une forte participation des régionaux. Pour la première fois, l’ensemble des interpellations reçues des Régions dépasse le nombre d’interpellations reçues directement au Siège de l’Institution. Sur les 284 dossiers enregistrés 50,70 % proviennent des Régions. En ouvrant les travaux de cette édition, le médiateur de la République, le Pr Baba Akhib Haïdara, dont les services ont la responsabilité de l’organisation de l’EID, a salué la forte participation des concitoyens vivant dans les Régions. Dans la même lignée, il regrette, qu’en terme de genre, la participation des femmes reste encore très faible « moins de 5% alors que celle des hommes dépasse 95 %». Idem pour la participation des Maliens de l’Extérieur qui reste insignifiante : «Un seul dossier a été reçu de nos Ambassades et Consulats à l’Etranger». Bilan des interpellations Selon le rapporteur de la Commission préparatoire de dépouillement, Issiaka Fofana, 294 interpellations ont atterri sur sa table. Conformément aux critères appliqués par la Commission Préparatoire de cette 19è session, les 294 dossiers sont répartis comme suit : 23 dossiers retenus pour être lus publiquement au cours de cette 19è session ; 130 retenus pour être transmis aux départements ministériels concernés en vue de suites à donner ; 131 non retenus pour non-conformité à l’esprit et aux objectifs de l’EID. A en croire Akhib Haïdara, les interpellations les plus nombreuses retenues cette année sont celles qui concernent les litiges fonciers et domaniaux, la non-exécution des décisions de justice, les régularisations de situations administratives et le non-respect des engagements contractuels de l’Etat. «Venant après les constatations relevées lors des sessions précédentes, ces nouvelles interpellations confirment que l’Etat de droit fonctionne encore difficilement dans notre pays», regrette t-il. Au total, 23 Ministères sont concernés dont: Ministère de la Justice et des droits de l’homme; Ministère des domaines de l’Etat et des affaires foncières ; Ministère de l’économie et des finances ; Ministère de l’emploi et de la formation professionnelle ; Ministère de l’éducation nationale ; Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. À la suite des interpellations, les membres du gouvernement devaient apporter des réponses aux interpellateurs avant que le jury ne fasse ses recommandations. Le jury d’honneur était présidé par Joseph Gnolonfun, médiateur de la République du Bénin.
Ibrahim M.GUEYE