18 candidats dénoncent le scrutin présidentiel : Haro sur les fraudeurs !

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Mohamed Ali Bathily au Meeting du collectif des 18 candidats
Une vue des 18 candidats

La mascarade électorale organisée par le pouvoir en place, le dimanche 29 juillet dernier, continue de provoquer des réactions dans le camp des candidats. En vue de dénoncer cette mascarade dont l’objectif est d’offrir un second mandat à Ibrahim Boubacar Keïta, le collectif des 18 candidats a organisé un grand meeting au Palais de la Culture. Occasion pour eux d’exiger plus de transparence et surtout d’interpeller la communauté internationale.

Dans la principale salle du palais de la Culture de Bamako, il n’y avait plus de place. En effet, militants, sympathisants ont pris d’assaut la salle pour être témoin de la rencontre. Les 18 candidats ou leurs représentants galvanisent le public. « Je pense et je suis convaincu aujourd’hui que le changement est possible avec ce que je vois », estime Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun, vice-président de la Convergence pour le développement du Mali (Codem), qui a présenté le candidat à la présidentielle. Sur les pancartes et banderoles on pouvait lire : « Non à la dictature de la fraude », « IBK, nous voulons nos voix », « Non à un coup d’Etat électoral », « La démocratie et la République en péril au Mali ».

« La rencontre d’aujourd’hui, c’est à la demande du peuple malien. Ces élections, les résultats proclamés ne représentent pas la voix du peuple. Le peuple veut qu’on lui restitue son résultat. Là où il y a eu des bourrages d’urnes, il y a eu de la manipulation des résultats. Des bourrages d’urnes, des achats de conscience à ciel ouvert. Ce sont des pratiques qui peuvent amener notre démocratie à régresser. Donc nous nous levons comme un seul homme pour dire que nous aimons notre pays. Ce que nous avons en commun, c’est la patrie, c’est le Mali. Et notre pays connait la démocratie depuis 1991. Ce sont des Maliens qui ont donné leur vie pour que cela soit. On ne saurait permettre à un régime de venir mettre en péril cette avancée démocratique. C’est l’objet de la rencontre du jour. Aussi alerter la communauté internationale pour dire que les élections du 29 juillet ne se sont pas passées dans les conditions de transparence requise », estime Abdramane Diarra, président de la jeunesse de l’Union pour la République et la démocratie (URD), membre de la coalition.

 L’annulation du scrutin demandé par les candidats

Différents intervenants sont revenus sur le déroulement du scrutin. Tour à tour, les candidats Soumaïla Cissé, Me Mountaga Tall, Choguel Maïga ou encore Oumar Mariko, Aliou Diallo, Moussa Sinko Coulibaly, Dramane Dembelé ont demandé un recomptage des voix et la publication des résultats, bureau de vote par bureau de vote.

Soumaïla Cissé, arrivé second au premier tour de la présidentielle, a dénoncé « une dictature de la fraude » lors du scrutin. L’opposition demande en outre le départ du ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, Mohamed Ag Erlaf, chargé d’organiser ces élections, ainsi que la publication des résultats, bureau de vote par bureau de vote, pour pouvoir vérifier les chiffres. Plusieurs recours ont été déposés devant la Cour constitutionnelle.

Selon Oumar Mariko, le scrutin du 29 juillet a été l’occasion d’une fraude à grande échelle. « Le candidat IBK et ses éléments ont fait venir des militaires qui étaient en formation au P1 et P2. J’avais pensé que ces militaires étaient venus pour la sécurité. Mais on les avait fait venir pour voter et chacun a perçu 20.000f. J’ai même pu trouver leurs bulletins prouvant qu’ils avaient voté en avance. Il n’incombe pas aux candidats de corriger ces fraudes, mais à l’administration qui dispose de la justice pour sanctionner », a déclaré Dr Oumar Mariko. Il a insisté sur l’incompétence et la complicité de la part de l’administration qui ont beaucoup joué sur les résultats du vote.

Pour Aliou Diallo le logiciel de comptage des voix est, de toute évidence, truqué. «Nous avons constaté que partout où nous sommes en ballotage avec IBK, il y a 20% de bulletins nuls. Alors que le taux national de bulletin nuls est 7%, et même 5% dans les zones où IBK est en tête». Selon Aliou Diallo, les Maliens ont été insultés au cours de cette élection, à travers l’annulation massive de leur vote et par le bourrage d’urne. Pourtant, estime le candidat, il avait proposé au gouvernement une société capable de centraliser le vote et de donner les résultats en 48 heures. «Ils ont refusé», selon Diallo.

Moussa Sinko Coulibaly ne pas de gant pour fustiger la mascarade du 29 juillet. « La place des voleurs est dans la prison centrale de Bamako et non à Koulouba. Le candidat IBK a été 22ème du scrutin du 29 juillet 2018. Le mandat d’IBK finit le 3 septembre 2012. Celui qui sera choisi par les maliens sera investi le 4 septembre. Nous allons mener la lutte jusqu’au bout, jusqu’à ce que la volonté des maliens soit respectée », a-t-il martelé.

Dramane Dembélé annonce que si les «vrais résultats» ne sont pas publiés, son camp le fera et installera son propre président le 04 septembre prochain

Pour Mohamed Ali Bathily la fraude électorale n’est plus à démontrer. Car, il suffit de chercher un peu et vous trouverez. L’ancien ministre de la Justice estime qu’il y a eu tellement de procurations distribuées que certains des électeurs ont trouvé que d’autres avaient déjà voté à leur place. Pis, indique Bathily: «J’ai eu zéro voix dans mon propre bureau de vote, où ma femme a voté, où ma fille a aussi voté». Comment peut-on accepter ça ?  S’interroge le candidat.

L’ancien ministre Choguel Kokalla Maïga, candidat du MPR (Mouvement patriotique pour le renouveau) a souligné que ces réclamations sont plus que légitimes.

« Quand il y a litige, c’est normal qu’on parte à la source pour demander de sortir les bureaux qui ont conduit à la centralisation au niveau de la commune, du cercle et de la région », a-t-il déclaré.

Pour Me Mountaga Tall, candidat de l’UMA (Unis pour le Mali), ces revendications sont des préalables à leur participation ou non à un second tour : « Si ces conditions ne sont pas remplies, nous nous assumerons collectivement… ».

Mémé Sanogo

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