Le Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs (MAEP) a procédé le vendredi dernier à l’hôtel Radisson Blu, à la commémoration continentale de son 15ème anniversaire. L’un des panelistes de la rencontre était le président de l’Association des Historiens d’Afrique, Pr Abdoulaye Konaté de l’Université de Bamako.
Dans son intervention, le conférencier a rappelé que la commémoration du 15ème anniversaire du MAEP vise à sensibiliser le public sur l’existence et le travail du MAEP. Mais aussi, à mettre en évidence, la mise en œuvre du plan stratégique pendant les cinq prochaines années et promouvoir l’adhésion universelle de tous les pays de l’Union Africaine au MAEP.
« Je remercie le président du MAEP, M. Ousmane Diallo de m’avoir associé au présent panel. Ma contribution est toute modeste parce qu’à la limite, on peut se demander qu’est-ce qu’un historien vient chercher dans tout ça. Nous sommes enfermés dans nos universités. Nous produisons du savoir, mais quelque fois, on se demande pour qui nous produisons ce savoir », se demande le Pr Abdoulaye Konaté.
Plus loin, le président de l’Association des Historiens d’Afrique ajoute : « Je crois que le MAEP m’a donné l’opportunité de faire une chose que nous faisons rarement c’est-à-dire, venir discuter avec plus de 200 Maliens de la façon dont nous présentons l’histoire du Mali. C’est la première fois que cela m’arrive, alors que c’est le citoyen lambda qui paye pour que nous puissions faire des recherches ».
Selon le Pr Abdoulaye Konaté, en prenant la décision d’élargir le mandat du MAEP en tant que mécanisme de suivi de la gouvernance sur le continent, les chefs d’Etat d’Afrique ont confié un rôle de premier plan au mécanisme dans l’agenda 2063 de l’Union Africaine.
En ce qui concerne la prévention des conflits et le rôle d’alerte que joue le MAEP et qui devrait se renforcer dans les années dit-il, il est prévu la réunion des chefs d’Etat pour la résolution délicate des crises dans la bande sahélo-saharienne et des rebellions touaregs.
« A l’époque, le président ATT réclamait un tel sommet sans succès. Nul ne peut s’en sortir seul en Afrique et le développement de la crise dans le Sahel montre que cette mutualisation est une question de vie ou de mort. Ou nous mutualisons nos efforts, ou nous disparaissions », souligne-t-il.
Pour lui, le rôle d’alerte du MAEP devrait se renforcer. Il y’a un constat qui est très dommageable en Afrique, c’est qu’il y’a comme une espèce de déconnexion entre le milieu de la recherche universitaire et les centres de décisions.
« Je pense que s’agissant d’une question comme celle-là, il aurait été utile que les sciences sociales soient plus sollicitées pour apporter leurs éclairages sur l’évolution de la situation dans le Sahel. Nous l’avons demandé à l’époque au Mali et nous n’avons pas pu le faire et c’est regrettable. Le MAEP devrait constituer une base de données. Il y’a des connaissances qui sont produites et qui ne servent pas nos décideurs et je trouve cela regrettable. Je pense que le MAEP a un rôle important à jouer pour rapprocher les résultats de recherche des centres de décisions », a conclu le Pr Abdoulaye Konaté.
Adama Dao