13eme conférence nationale : L’Adema sauve les apparences en attendant le congrès

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PR. Tiémoko Sangaré à la journée parlementaire de l'ADEMALe 28 mars, des délégués de 51 sections de l’intérieur, ceux des mouvements des jeunes et des femmes ainsi que des élus Adema ont pris part à la  13ème conférence nationale qui se voulait être une balise au 5ème congrès ordinaire du parti, prévu les 24 et 25 mai 2015. Aussi, pouvait-on noter la présence des rares ténors qui ont jusque-là résisté au vent de tumulte qui souffle sur le Pasj depuis la présidentielle de juillet-août 2013. Il s’agit, outre du Pr Tiémoko Sangaré, président par intérim, de Dramane Dembelé, candidat du parti à la présidentielle de 2013, Abdel Karim Konaté alias Empé, Pr Ali Nouhoum Diallo, Assarid Ag Imbarcaouane, Moustapha Dicko, Adama Samassékou, Mme Conté Fatoumata Doumbia, tous membres du Comité exécutif. Au centre des travaux de cette conférence figuraient essentiellement l’examen et l’adoption du rapport d’activités du CE ainsi que les messages de différentes commissions centrales spécialisées.

Soutien à la création d’un grand parti de gauche au Mali

Au terme des débats, la conférence est parvenue à un certain nombre de résolutions et de motions. Ainsi, elle invite le Comité exécutif à préparer sans délai les élections communales et régionales de 2015, à poursuivre sans réserve le soutien du parti au président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, et leur appartenance à la majorité présidentielle, exhorte à la création de meilleures conditions en vue de la tenue d’un congrès apaisé en mai prochain. Aussi, félicite-t-elle le gouvernement pour le paraphe de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger et invite les militants Adema à apporter leur soutien audit accord et à contribuer à sa vulgarisation, invite la Coordination des mouvements armés à le parapher dans l’intérêt supérieur des populations de notre pays, félicite la communauté internationale pour sa mobilisation générale autour du Mali, exprime son inquiétude face à la situation alimentaire au Nord et invite le gouvernement à prendre les mesures idoines pour y faire face. En outre, sur le plan international, la 13ème conférence a réaffirmé notamment l’appartenance de l’Adema-Pasj à l’Internationale socialiste et soutient toute démarche allant dans le sens de la création d’un grand parti de gauche au Mali. Elle a aussi adressé une motion de remerciement au Pr Dioncounda Traoré, ancien président de la République, pour avoir conduit la transition à terme et avec succès, et exprimé son soutien à IBK pour ses efforts dans le cadre de la stabilisation de notre pays.

L’Adema dans la mouvance présidentielle: les raisons d’un choix

Dans son discours d’ouverture, Tiémoko Sangaré, président intérimaire du Pasj, avait tenu à souligner le contexte national particulièrement difficile dans lequel interviennent les présentes assises, marqué notamment par la crise qui sévit au Nord du pays. Il a par ailleurs estimé que les acquis démocratiques restent fragiles au Mali. Toute chose qui exige de nous la vigilance afin de déjouer toute manœuvre visant à remettre en cause  les principes  de l’intégrité territoriale et de la forme républicaine et laïque de l’Etat. Selon M. Sangaré, en décidant de soutenir les actions d’IBK suite à la présidentielle de 2013, l’Adema a voulu s’inscrire dans le combat pour la sauvegarde de l’essentiel, à un moment extrêmement éprouvant pour notre pays sur le triple plan politique, économique et sécuritaire. L’idée, à l’en croire, était loin de répondre à une logique de partage de gâteaux ou de strapontins. «C’est conscient de la précarité des acquis démocratiques, et face aux menaces qui pèsent sur la République que le Comité exécutif, à l’issue de sa réunion extraordinaire du 23 août 2013, a décidé d’engager le parti à soutenir les actions du  président démocratiquement élu… », a-t-il justifié. Conscient de la fragilité du Pasj depuis sa débâcle lors de la dernière présidentielle, le président intérimaire a invité les siens à garder confiance en leur parti et à se tourner vers l’avenir. «En effet, la cohésion et l’unité dans l’action doivent rester des valeurs cardinales que nous devons incarner. Mais elles ne nous servirons pas tant que nous n’aurons pas inclus la discipline dans notre fonctionnement au quotidien», a-t-il souligné. Pour conclure, Tiémoko Sangaré a invité les abeilles à se préparer au sacrifice qui les attend pour permettre au parti de se repositionner comme première force sur l’échiquier politique national. Auparavant, il avait salué le paraphe de l’Accord d’Alger, mais surtout l’option gouvernementale de pousser la décentralisation à travers la régionalisation. Une option qui s’inscrit, dit-il, dans la continuité d’un vaste chantier que l’Adema a ouvert depuis plus de 15 ans.

Les mots des partis amis

Ils étaient près d’une dizaine de partis dits amis à prendre part à la cérémonie d’ouverture de cette conférence nationale. Il s’agit notamment des Fare, du Cnid, du RPM, de l’URD, de l’UDD, de la Codem et du MPR. Dans son intervention, le président des Fare, Modibé Sidibé, avait d’abord fait un témoignage de la gestion du pouvoir d’Etat par l’Adema avant de réaffirmer son rejet de l’Accord d’Alger. Il a par ailleurs estimé que l’Etat postcolonial n’est plus adapté aux défis du moment. Partant, l’ancien Premier ministre a suggéré que l’Etat soit refondé en le dotant d’une administration véritablement républicaine et en faisant en sorte que les Maliens se reconnaissent dans les institutions. A sa suite, Me  Mountaga Tall a rappelé que l’Adema et son parti, le Cnid, ont en partage le ‘’26 mars’’ non pas pour le passé ou pour le symbole, mais parce qu’ils ont la responsabilité de travailler à faire en sorte que la démocratie malienne se consolide davantage. Car, dit-il, chaque fois que ça tangue, certains indexent les démocrates. Au nom de l’UDD, Me Hassane Barry a appelé les Maliens à accepter de se mettre ensemble pour aplanir les insuffisances que l’Accord d’Alger peut contenir. De son avis, si le problème du Nord n’est pas réglé, il y a des risques que nous ayons des élections bâclées qui nous conduirons à une situation intolérable.

Les non-dits d’une conférence nationale

Le moins que l’on puisse retenir de cette conférence nationale, c’est qu’elle a déjoué certains pronostics en ce que les travaux se sont visiblement déroulés sans couac majeur. Ils sont rares ceux qui pouvaient présager une telle issue heureuse, quand on sait que les différentes positions, avant la tenue de cette 13ème conférence, étaient des plus divergentes. Notamment par rapport au contrôle  du futur bureau du Comité exécutif dont la taille sera réduite, selon des sources proches de l’Adema. D’où la tenue de la Conférence nationale avant le congrès.

Mais, si ces assises visaient à aplanir un certain nombre de difficultés en attendant la tenue  du 5ème congrès ordinaire qui devrait avoir enfin lieu en mai prochain après avoir été maintes fois reporté,  comme nous l’indiquent des sources proches du parti, des observateurs en sont encore à se demander si elles ont réellement atteint cet objectif. Cette interrogation est d’autant légitime que derrière le satisfécit des uns et des autres, l’absence de plusieurs gros bonnets auxdites assises semble cacher le malaise qui couve toujours dans la ruche. L’absence qui parait la plus curieuse est bien celle du Pr Dioncounda Traoré, Secrétaire politique de la section Adema de Nara. Lui qui, selon nos sources, veut jouer au 3ème larron lors du prochain congrès en prenant les rênes du parti au cas où les abeilles n’arrivaient pas avoir un consensus. Les autres illustres absents sont Marimantia Diarra ainsi que le couple Sy, en l’occurrence Ousmane et Kadiatou Sow. C’est ainsi que l’Adema a certes réussi un coup lors de cette conférence nationale, mais le plus dur reste vraisemblablement à venir.

Bakary SOGODOGO

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