100 jours d’IBK à Koulouba : De l’estime au doute et des interrogations sur le bien-fondé d’un choix légitimé par les urnes

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4 septembre – 4 novembre 2013, dans seulement quelques jours, Ibrahim Boubacar Keita fêtera ses 100 premiers jours à la tête de la plus haute institution du Mali : la Présidence de la république. Dans la pratique, cette période sert généralement de base d’analyse des actions menées et un premier bilan d’étape d’un régime qui s’installe. En la matière, les attentes sont grandes et le temps limité pour IBK et son gouvernement.

IBK_9En effet, pour avoir suscité beaucoup d’espoir chez ses compatriotes, IBK doit vite recadrer son action afin de consolider leur estime qui décline dangereusement en doute pour certains et en désespoir ou désespérance chez d’autres.

Il se savait pourtant attendu. Mais que se passe-t-il pour que son discoursconvainque de moins en moins ses compatriotes jusque parmi ses partisans les plus fieffés ?En tout cas, l’espoir qu’avait accompagné son élection à la magistrature suprême du pays en juillet et août dernier, s’effiloche allègrement pour ne pas dire qu’il se transforme en amertume. Est-ce pour l’immensité des défis, donc des attentes légitimes ? L’homme est-il dépassé déjà par l’ampleur de la mission ou est-ce simplement une erreur d’appréciation somme toute compréhensible pour un début  de mandat dans un pays effondré par une crise profonde sécuritaire et institutionnelle durant 2 longues années ? Autant de questions sans réponses pour l’instant qui titillent l’opinion publique nationale et certains milieux d’observateurs.

L’on se rappelle, que pour se faire élire en Afrique comme partout ailleurs dans le monde, les candidats aux différents scrutins électoraux sont friands de promesses et d’engagements de tous genres. Dans le cas précis des dernières campagnes pour l’élection du président de la république du Mali, de tous les candidats, le discours d’IBK semble avoir conquis le cœur de l’écrasante majorité de ses concitoyens. Pour preuve, son score presqu’à la soviétique au second tour le 11 août 2013 face à un chalenger loin d’être un novice en la matière, Soumaïla Cissé.

En effet, avec 77,79% des voix en sa faveur, IBK savait mieux que quiconque que les attentes de ses compatriotes étaient immenses, multiples et multidimensionnelles. La base fondamentale sur laquelle IBK s’est fait élire à la tête du pays parmi 28 candidats, était ses capacités (surestimées peut-être) à résoudre dès son élection l’épineuse question de la crise du nord, particulièrement le rétablissement de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national, dont Kidal, et la lutte contre la corruption, le népotisme, le favoritisme et surtout l’impunité, entre autres. Mais sur la quasi-totalité de ses sujets, les premières décisions du Président de la république n’ont pas contribué à rassurer une bonne partie de la population. Pire, après l’élection présidentielle, IBK a mis du temps pour se mettre effectivement dans la peau d’un président de la république au-dessus de la mêlée. Il a continué avec les discours endiablés, des sorties médiatiques hasardeuses et visiblement mal préparées, des engagements par-ci et par-là en sus de tous ceux qu’il avait déjà pris lors de la campagne électorale. Les inondations, les attentats à Tombouctou, les attaques des djihadistes à Gao, Tessalit et les derniers événements survenus à Kidal le 2 novembre dernier qui ont coûté la vie à nos 2 confrères de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, ont tellement marqué les esprits des Maliens que les discours du Président de la république devenaient de plus en plus inaudibles et incompréhensibles pour bon nombre de ses concitoyens accablés de mots et de maux pour très peu d’actes concrets à leurs yeux. Alors, le fossé a commencé à se creuser petit-à-petit entre l’adulé IBK d’il y a 3 mois et le IBK, Président de la république. La question la plus sensible, sur laquelle IBK doit immédiatement agir sans délai, est incontestablement celle de situation de non-Etat et de non droit qui prévaut à Kidal. Les mouvements de populaires constatés ces jours-ci à Gao, Ménaka et Bamako sont des signes avant-coureurs d’une crise de confiance qui s’installe entre les citoyens et le sommet de l’Etat.

Au fait, que veut le peuple ? Rien qui soit au-delà des moyens des nouvelles autorités. En effet, il s’agit ni plus ni moins que d’assurer l’égalité de tous devant la loi et vis-à-vis de la république ; plus de justice, de sécurité pour les personnes et leurs biens ; de liberté totale d’opinion et d’expression pour tous, notamment les journalistes dans l’exercice de leur métier ; le rétablissement intégral de la souveraineté de l’Etat sur l’ensemble du territoire national ; aucune impunité encore moins de discrimination quelconque en faveur d’une région ou d’une partie du territoire au détriment des autres ; la lutte contre la corruption et les détournements de deniers publics ; l’accès de tous aux services sociaux de base et le retour à une école qui éduque et forme les citoyens en vue de relever les nombreux défis actuels et futurs, entre autres.
Il est aussi vrai qu’on ne peut demander à un pouvoir de seulement 3 mois de résoudre tous ces problèmes. Cependant, les signaux doivent être perceptibles, tangibles et accessibles aux populations dont la majorité est analphabète ou néo-analphabète. De toutes les façons, parmi tant de priorités et il y a celles qui ne peuvent pas attendre, notamment l’imbroglio de Kidal. « L’honneur et la dignité, le Mali d’abord » d’accord. Mais auparavant Kidal doit revenir impérativement dans le giron de la république. Les Maliens y tiennent comme à la prunelle de leurs yeux. Nulle, ni rien ne saura leur en détourner !

Bréhima SIDIBE

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19 COMMENTAIRES

  1. Le pays était ruiné pendant 20 ans donc i faut au moins trois à quatre ans pour régler les choses

  2. quel désespoir pour le Mali et pour les Maliens nous avons voulus finir avec cette crise du nord et ce soit disant Président nous prolonge dans d autres problème au sud ,,,,sans doute il est loin d être la solution alors mes chers compatriotes pas de Rpm a l Assemblée National pour le bien de tous

  3. Faites tout pour barrer la route à IBK aux élections législatives.

    Je le répète, faites tout pour empêcher IBK d’avoir la majorité à l’assemblée nationale sinon c’est la partition du pays qui est assurée.

    Le doute a été écarté dès les premiers jours d’IBK.
    L’élection d’IBK a été un mauvais casting. C’est tout.

    Maintenant, il faut corriger l’erreur avec les élections législatives.
    Barrer la route au RPM d’IBK.

  4. S’il vous plaît Monsieur Sidibé, ayez un peu de respect pour vos lecteurs. Du 4 Septembre au 4 Novembre cela fait 60 jours donc il reste plus de quarante jours. Quelle pour ce journal dont aucun membre de la rédaction n’a pu voir cette énorme bévue.

    • Ercool, il semble que c’est toi qui a des problèmes de compréhension. Sinon, c’est bien écrit immédiatement après les dates que “dans quelques jours, Ibk fera ses 100 premiers jours”. Faut pas facher hein! On peut lire quelque chose sans pour autant faire attention à tous les pièges qui s’y trouvent. Chacun a ses capacités de compréhension, donc d’analyse. Sans quoi, ici le lecteur doit pouvoir comprendre ce que veut dire le journaliste. Mais puisqu’il y a aussi les partisans du moindre effort, surtout intellectuel. Alors…!

      • Si l’on te disait que tu mourras dans quelques jours, il est évident que tu sauras que “quelques jours” n’est pas limitatif dans le temps. Puis que l’année, le mois et la semaine, tous se décomposent en jours qui en constitue l’unité de base. Il en est de même pour l’heure, la minute et la seconde qui sont les unités de base pour le jour. Le savoir est infini. Raison pour laquelle, on l’appelle ici “dô’ni” qui décomposé donne “dô” (une partie) et “ni” (un peu ou petit).

      • Je vous en prie Kalafily, on ne peut pas parler de quelques jours alors qu’il en reste 40. Sachez que cela fait un mois et dix jours là. Vous avez une façon un peu déplacée pour aborder les gens. Bon week end Monsieur Kalafily.

        • On n’a jamais parlé le même langage. nous avons que des irresponsables à la tête de ce pays.
          Vous oubliez que c’est grâce à Aya que IBK est président aujourd’hui, je demande à la justice malienne de classer le dossier de Aya car elle n’aura jamais le soutien d’IBK. c’est un de leur.
          Que Dieu Tout Puissant, veille sur le Mali. Amen

    • Vous êtes myope ou inintelligent. le journaliste prend de l’avance dans les préoccupations actuelles des maliens qui ont élu IBK et le signale avec force afin qu’à la date échue du 04/12/2013, des efforts d’amélioration sur le terrain soit constaté et embellir le tableau IBK à ses cent jours de présidence. Nous sommes le 8/11/2013; s’il voulait parler des cents jours exactement avec erreur comme vous le dites; il fera son papier le 04/11/2013. le Journaliste est un annonciateur, retient pour tjours.

      • Airline02, mieux. le journaliste utilise le futur simple pour annoncer les 100 jours. Ni le passé composé, ni le passé simple. Un lecteur averti n’aurait pas fait une telle remarque comme Ercool ici. La réaction de Kalafily est sans commentaire dans ce sens.

  5. Un President Malien,Vice President de l’Internationale Socialiste. Un President Malien qui n’ose contredire la position Francaise dans la crise Malienne.La Negociation a ses regles:Il faut connaitre la partie opposee,ses forces et faiblesses,sa psychologie,son fond culturel.Le President a agi comme s’ils avaient en face de lui des Miankas ou des Bambaras.Mais certainement pas les professionnels/rebelles MNLA,parmi lesquels plusieurs ont vecu en Libye.Ces energumenes vous regardent en face et declarant que Kidal echappe a leur controle,que leurs militants armes sont cantonnes,qu’ils appliquent les decisions du Conseil de Securite, qu’ils sont attaches a la paix.Ils declarent qu’ils acceptent la souverainete de l’Etat malien,puis ils reclament l’autodetermination;quand ils se rendent compte qu’elle ne s’applique a eux,ils la remplacent par l’autonomie tres avancee.Ils pactisent avec MUJAO,AQMI,ANSAR DINE et ils les insultent par tous les noms.

  6. Pour vous consoler des 77 % de vote en faveur de IBK !!!

    Vous pouvez toujours dire que c’est 77 % sur 45 % qui sont allés voter les autres sont restés au lit (il pleuvait)!!!
    Donc sur l’ensemble de la population seulement 30 % ont voté IBK !!!

    Plutôt que de passer pour des cons c’est quand même plus facile de dire que seulement 30% des Maliens ont voté IBK et que le connaissant bien, vous n’avez jamais voté pour lui !!!!

    Quand un peuple ne sait pas ce qu’il veut, il n’est pas prêt de l’avoir !!!

  7. Il n’ a pas de doute, IBk etait le mauvais casting… dans notre culture un chef, surtout un mansa comme il aime se faire appeler qui pleure publiquement est un mauvais presage.

    Il faut tourner la page de ce vaurien…. obsede de pouvoir..

  8. Le peuple malien s’est rendu compte qu’il s’est trompé de choix.
    IBK n’est pas la solution. Ses hésitations, ses faux pas et son inaction par rapport à certains dossiers le prouvent suffisamment.
    Pour limiter les dégâts il faut voter massivement contre les listes du RPM aux législatives. Si cela n’est pas fait nous regretterons encore.
    A bon entendeur, salut !

    • Tom tu racontes du n’importe quoi si tu veux avoir la majorité dans l’AN cherche des voix bat toi et laisse le président tranquille. Tu ne sais pas se que tu veux les maliens qui ont voté IBK savent ce qu’ils veulent nous bon citoyens nous patientons, et les mauvais perdants continue leur campagne de désintoxication.
      Le chien aboie la caravane écrase. 😯 😯 😯 😈 😈

      • ne sois pas naïf même militant ou partisan. les maux du pays sont connus, c’est notre honneur et il semble qu’on se joue de nous donc, le premier magistrat de la république doit agir et montrer que à la face du monde que la dignité du malien est sacrée. Qu’il faut rétablir la loi sur tte l’étendue du territoire y compris KIDAL et cela dans les plus bref délai. Qu’il parle à ses amis socialistes s’ils veulent se voir ttjours présidents.

      • “Tu ne sais pas se que tu veux les maliens qui ont voté IBK savent ce qu’ils veulent”

        Au contraire! C’est bien parce que les Maliens qui ont voté IBK le voient faire EXACTEMENT le contraire de ce qu’il promettait, et donc, qu’ils savant ce qu’ils veulent, qu’ils protestent!

  9. “De l’estime au doute et des interrogations”

    A mon avis, le préambule est inapproprié! C’est le mot “doute” qui me gêne!

    Le doute, on l’a eu dès les tous premiers jours de son investiture (Sanogo maintenu général, les putschistes ministres, GMT Grand républicain, “tout est négociable”, etc)

    Malheureusement, ce doute “avons-nous vraiment élu celui qui nous fallait?” s’est très rapidement mué en CERTITUDE: Non, nous n’avons SURTOUT PAS élu celui qui nous fallait!!!

    Et la suite des évenements (kati, kidal) le confirme helas un peu plus chaque jour! 🙁 🙁 🙁 🙁 🙁

    Non Monsieur Sidibé, nous n’avons plus de “doute” justement!

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