10 questions à Djiguiba Keïta dit PPR

La nomination de Moussa MARA ?

 «La plus grosse erreur d’IBK»

La Mouvance présidentielle ?

 «Ridicule, pathétique… De l’enfantillage !»

Le Gouvernement ?

 «Des petitesses, de l’incurie…»

Le récent voyage d’IBK en Chine ?

«Du folklore ! »

L’ORTM ?

«La grande voix de son   maître» (…)

Pour cet opposant politique du PARENA, Mr Djiguiba Keïta dit PPR («Prêt pour la Révolution»), le risque de l’évènement d’une «République folklorique au Mali» est tout simplement réel. Occasion pour lui, dans cet entretien, de lever un coin du voile sur les perspectives d’avenir du groupe de partis des partis de l’opposition. Interview !

 
«La Sentinelle» : Qu’est ce qui a motivé le meeting du Dimanche 07 septembre dernier au «Palais de la Culture»?

Djiguiba Keita/PPR : Le meeting était une occasion de grande communion de dix (10) partis politiques de l ‘Opposition: AFP-BEJEFANGA, FCD, La Lumière pour l’Afrique, PARENA, PDES, PIDS, PRVM- FASOKO, PS- Yelen Koura, PSP et URD. Ils entendaient parler au peuple de l’appréciation qu’ils ont des douze premiers mois d’IBK au pouvoir. Douze mois pour rien, douze mois de régression, douze mois de pilotage à vue, douze mois d’amateurisme, douze mois sanctionnés par une humiliation nationale causée par l’arrogance et la suffisance d’un PM visiblement pas à sa place. C est pourquoi d’ailleurs, après la déroute de l’armée nationale à Kidal le 21 mai, des le 23 l’opposition parlementaire demandait sa démission. Peu de temps après, une Motion de censure de la même apposition exigeait sa démission.

 
Et si l’on vous demandait de faire le bilan de cette rencontre, première du genre sous le régime politique actuel ?

Un Bilan globalement positif, avec la mobilisation de près de 4 500 citoyens maliens. L’Opposition n étant qu’à ses débuts, a besoin de plus d’organisation, plus de structuration, ce à quoi nous nous attelons très sérieusement des maintenant.

 
Au cours des travaux, vous avez demandé un changement. De quel changement  faites- vous allusion ? Le départ du PM, la Démission du Président ? Quel changement ?

Changement! Oui nous avons demandé au Président de changer de cap, de mettre en exécution le slogan «LE MALI D’ABORD». Oui, comme rappelé plus haut, des le 23 mai 2014, nous avons demandé la démission du PM. Notre opinion n’a pas changé là-dessus. Vous savez, la nomination de Moussa MARA est la plus grosse erreur de casting du président pendant cette première année. Dans les annales politiques, vous ne verrez jamais un tel cas. Je crois qu’il s’est laissé aller par son cœur après la démission d’Oumar Tatam Ly, comme pour prouver à ce dernier qu’il n’est pas le seul jeune cadre bardé de bons diplômes et capable. Hélas! Il a subitement oublié alors que le diplôme seul ne fait pas le bon PM. C’était une monstrueuse erreur politique! Et c’est simplement légitime que le RPM veuille coûte que coûte récupérer son dû aujourd’hui, parce que l’inacceptable n’a que trop duré. La majorité RPM doit avoir regretté de n’être pas allée dans le sens de la Motion de censure, car elle a réalisé après qu’elle ne pouvait pas avoir le courage de provoquer le départ du PM par une question de confiance au Gouvernement.

Quelles activités entendez-vous mener dans les prochains  jours en cas de non satisfaction ?

Après ce meeting réussi, l’opposition s’attellera à mieux s’organiser, à mieux se structurer, pour les batailles démocratiques futures. C’est connu, l’Organisation est la mère du succès !

La Mouvance Présidentielle a procédé le même jour à la signature d’une convention pour soutenir la politique du Président IBK. Quelle lecture faites –vous de cette démarche ?

La majorité était ridicule, voire pathétique dans sa démarche! Tout ça, c’est la rançon de l’amateurisme! En effet, prise de panique face à la très probable grande réussite du premier meeting de l’Opposition, spécialiste dans l’improvisation (visite de l’imprudent PM à Kidal, guerre non préparée ayant entraîné l’humiliation de la Nation), la majorité projette, par esprit de sabotage, la fameuse signature de la plateforme de débarquement de Moussa MARA. C’est de l’enfantillage! Ainsi, le Pouvoir trouve le moyen de faire déplacer  la grande rencontre de la Tidianya du CICB au Centre Islamique, quand ce CICB nous avait été ” refusé” pour cause d’occupation, le 07 septembre, par ces mêmes musulmans. L’ORTM, la grande voix de son    maître, est mise à contribution: passage des trois spots publicitaires réglementaires le même soir, la veille de notre meeting. Rien n’y fit! 4500 citoyens enthousiastes “s’étouffent” au Palais de la Culture! Le Pouvoir, contre mauvaise fortune, bon cœur, continue par l’ORTM, la fuite en avant: comment rendre compte que l’Opposition a réussi son coup ? Un traitement indigne: pas d’annonce dans les titres (ça ne se fait dans aucun pays démocratique! ), on fait passer tous les éléments insipides de l’activité gouvernementale, notamment les crocs en jambes du RPM au PM dans l’Office du Niger), on passe la fameuse activité de l’Acte I du débarquement du PM de la tête de la  majorité présidentielle, organisée dans l’après midi, avant d’en arriver (pas le choix!) a notre meeting…..Vous savez, c’est une pratique malsaine connue: pour diminuer l’audimat d’une activité, on ne l’annonce  pas, on la met bien en arrière, afin de décourager le téléspectateur…. Des petitesses!

Doit-on s’attendre à la formalisation d’un collectif des partis politiques  de l’opposition du genre COPPO des années 90 ?

Cela rejoint une de mes réponses. Je ne sais quel nom prendra le regroupement à former. Mais la tâche ne sera pas facile pour être une opposition viable et acceptée comme pilier de la démocratie. Et ici, le rôle du pouvoir est important. Si le pouvoir passe son temps à discréditer l’Opposition comme constituée de citoyens qui n’aiment pas leur pays, la démocratie n’avancera pas. Parce qu’elle est forcément sujette à caution s’il n’y a pas d’opposition. Dans un pays où tout le monde se dit «il faut éviter le CONSENSUS », quand des hommes politiques, sans y être obligés, s’engagent dans l’opposition, ils méritent respect. Mais que voyons-nous? À la moindre critique, l’opposition est taxée d’apatride. Deux exemples: le Chef de l’Etat a osé dire, au Ghana, à nos compatriotes, faisant allusion à l’achat inopportun de l’avion présidentiel, qui a fâché le FMI, que «ce sont des gens qui n’aiment pas leur pays, qui ont donné des informations au FMI! ». Plus récemment, le patron de la  jeunesse RPM, non mois député à l’Assemblée Nationale, a la prétention de dire “l’opposition ne nous a montré aucune preuve de son amour réel pour le Mali”. Franchement, quelle prétention de sa part, parlant de nous!!!! De tels propos de la part des premiers responsables du pays inquiètent. Et quand je pense que de 2007 à 2011, le Parena a si bien cheminé dans l’Opposition avec le RPM (on a même marché ensemble sur l’ORTM), ces propos me choquent.

L’opposition accepterait-elle de participer à un gouvernement d’union nationale ?

Cette question n’est pas à l’ordre du jour.

Qu’est ce que l’opposition pense des pourparlers d’Alger en cours ?

Les pourparlers d’Alger, nous n’avons pas l’impression que le pouvoir y soit allé bien préparé. Et nous déplorons, pour citer Daba Diawara à l’historique meeting  de l’Opposition, “que nombre de ceux qui auraient pu contribuer à la réussite de ces pourparlers aient été mis à l’écart”, pour des raisons d’exclusion fondées sur des bases qui jurent avec les principes d’intérêt général. N’empêche, que nous prions pour la réussite d’Alger, en rappelant toutefois que le Mali ne doit pas abdiquer jusqu’à mettre son Destin entre les mains du grand voisin algérien. La responsabilité récemment confiée par le Chef de l’Etat à son homologue du pays “médiateur”, consistant à lui permettre de corriger notre feuille de route. Aujourd’hui, le Président de la République est convaincu que seule l’Algérie peut faire bouger les choses. “C’est un fait inédit qu’un pays demande à un autre de s’associer à la gestion d’une partie de son territoire”, a récemment déclaré  un diplomate algérien à l’AFP. Selon lui ” la situation n’a pas bougé depuis dix mois, c’est ce qui a amené le Gouvernement malien à solliciter l’Algérie”. Quel verdict accablant pour ceux qui tentent de faire croire que le Nord était la principale préoccupation des nouvelles autorités ! Malgré tout, encore une fois, bonne chance au Mali!!
 

Que pensez-vous de la grève de l’UNTM ainsi que des autres revendications sociales en cours de la part des commerçants, enseignants, médecins, etc. ?

La grève de l’UNTM, c’est la preuve de l’amateurisme dans la gestion des affaires publiques. En une petite année, ce pouvoir a réussi à briser l’accalmie du front social par manque de savoir- faire du dialogue social, par suffisance et arrogance, le Ministre disant ” je ne négocierai pas le couteau à la gorge”. Tous les spécialistes affirment que si le pouvoir s’y était intéressé à temps, on pouvait éviter cette grève. Mais les travailleurs sont à saluer pour s’être battus pour leurs droits. Le pouvoir doit avoir une grande capacité d’écoute pour éviter à notre pays très affaibli, de graves épreuves.

Les 62 partis de la majorité présidentielle ont fait une démonstration de forte mobilisation pour accueillir Président à son retour de Chine. Un Commentaire ?

Du folklore qui rappelle de mauvais souvenirs. Vous savez, quand Mobutu et Eyadema arrivaient de leur tournée, ils faisaient danser les foules…….

On nous a dit qu’IBK était le seul chef d’État invité. Un haut cadre du pays a l’étranger nous informe :”d’abord, IBK était le seul chef d’état là-bas parce que ce n’est pas une affaire de chef d’état. C’est le PM Chinois qui a passé l’invitation. Il a invité d’autres premiers ministres; sinon l’Albanie et la Serbie ont des présidents; ceux-ci n’ont pas sauté sur l’occasion pour aller en Chine à la place de leur PM.
IBK est allé en Chine et la Chine lui a fait des promesses de financement. Est-ce nouveau dans ce pays?”
En 2013, ici au Mali, au moment de la Transition chaotique ou tout le monde était au chevet de notre vieux pays, la solidarité internationale a mobilisé 3 milliards 200 millions d’euro à Bruxelles. Il n’y a pas eu de mobilisation populaire à Bamako, or il y avait de quoi. Hélas! Le nouveau régime a trouvé ce pactole en place. Mais, faute de savoir- faire, l’incurie aidant, avec les dépenses de prestige, le crédit du Mali s’est évaporé. Le MaIi n’a pas pu mobiliser les fonds annoncés, et SOUMAILA CISSE d’ironiser légitimement au cours de notre meeting ” on a pourtant un nouvel avion, il faut aller chercher l’argent à Bruxelles, on en a besoin!”
Sous ATT comme sous Alpha, plus loin, sous le dictateur GMT et le père de la Nation, le Président Modibo Keita, ce que le vaillant peuple de la République  Populaire de Chine  a fait pour le Mali est simplement inestimable. Mais de grâce, n’instaurez pas une République folklorique au Mali!!

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