De nos jours, la section VI de l’Union pour la république et la démocratie (URD) constitue un lieu de repos politique pour les dissidents d’autres partis de la commune VI. Insatisfaits des faveurs et conditions de traitement qui leur avaient été réservés au sein de leurs partis d’origine, nombreux sont les militants de certains partis de la place qui ont décidé de rallier la section VI du parti de la « poignée de mains ». Si bien que les uns et les autres qualifient aujourd’hui l’URD de « réservoir pour aigris » ?
C’est dire qu’au sein de l’échiquier politique du pays, la transhumance politique continue de faire la pluie et le beau temps. En effet, de nos jours, pour des raisons aussi diverses et complexes que non avouées, les « militants » politiques sont aujourd’hui très nombreux à « déserter » leurs partis d’origines pour rallier un autre parti avec « armes et bagages ».
Et comme pour justifier leur départ de leur ancien parti politique, la plupart des partants soutiennent qu’ils n’y ont pas eu de satisfaction ou que les conditions dans lesquelles ils y évoluaient ne leur permettaient pas « d’obtenir quelque chose ». Mais le plus souvent, après leur arrivée dans leur parti d’accueil, ils éprouvent toutes les difficultés à pouvoir s’adapter aux réalités de leur nouvelle formation. Dans ce lot de migrants et transhumants politiques, la section de l’URD en commune VI du District de Bamako est en train de se « tailler la part du lion ».
En effet, en 2007, après l’adhésion en grande pompe de Maître Demba Traoré, dissident du Congrès national d’initiative démocratique (CNID-FYT) et non ancien député élu à l’Assemblée nationale, la section VI du parti de la « poignée de mains » vient à nouveau d’accueillir avec fierté d’autres dissidents venus cette fois-ci du Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR) et du Rassemblement pour le Mali (RPM). Ces nouvelles adhésions ont été scellées le samedi 29 janvier dernier.
Parmi ces nouveaux arrivants à l’URD figurent notamment le conseiller national Amadou Sawadogo du MPR et certains de ses camarades qui étaient entrés en rébellion contre leur parti quelques mois seulement après les élections communales de 2009. Aussi ont-ils évoqué diverses raisons pour expliquer leur décision de quitter le MPR et d’adhérer au parti qu’ils ont choisi. Pour des raisons personnelles, un autre conseiller municipal, Boubacar N’Diaye, et plusieurs de ses alliés ont de leur côté abandonner le parti du « Tisserand » (RPM) pour la section VI de l’URD. Tous ces dissidents ont expliqué qu’ils ont quitté leur parti d’origine pour des raisons de crise.
On se souvient encore des malentendus et autres quiproquos qui, en 2007, avaient opposé Maître Demba Traoré et le CNID pour une affaire de positionnement sur la liste du parti, à la veille des législatives. Mécontent et mal à l’aise vis-à-vis du choix du parti, il n’avait pas hésité à claquer la porte pour rejoindre l’URD. L’arrivée de Maître Demba Traoré au sein l’URD, à travers sa section VI, semble ainsi avoir « réveillé » les « aigris » d’autres partis politiques, surtout au niveau de la commune VI.
L’afflux des dissidents d’autres formations politiques vers l’URD suscite beaucoup d’interrogations et de commentaires dans les milieux politiques de la capitale. En effet, tandis que les uns pensent que ces « migrations » politiques sont normales et logiques, les autres, par contre, les qualifient de transhumance politique sans état d’âme. Si bien que beaucoup de dirigeants politiques ont fini par qualifier l’URD de « temple pour mécontents » politiques.
En politique, si un départ est souvent logique, il n’est pas forcement justifié. Aussi, lorsqu’un militant quitte sa formation politique d’origine pour une autre, il n’y trouvera pas forcement la popularité dont il bénéficiait dans son ancien parti. Par ailleurs, les démissions vont-elles finalement faire de l’URD une formation politique fortifiée ? Ou vont-elles un jour faire écrouler ce parti ? Pour l’heure, il est bien difficile de répondre à ces deux questions. Cependant, l’arrivée à l’URD de certains leaders qualifiés de « têtes brûlées » ne peut qu’effrayer les patrons des partis adverses.
Actuellement, avec le départ du conseiller national Amadou Sawadogo du MPR pour l’URD, d’aucuns donnent déjà le « parti du Tigre » pour politiquement mort en commune VI. Selon d’autres, à lui tout seul, Amadou Sawadogo peut ou pourrait « bousculer les choses » en faveur de l’URD au niveau de la commune VI. Il avait d’ailleurs établi une sorte de hiérarchie au sein de la section VI du MPR. Mais pour n’avoir pas obtenu des conditions optimales au MPR, il a fini par « déposer ses valises » à l’URD avec des ambitions politiques très affichées.
Par Zakariyaou Fomba
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