Initialement prévu pour servir de levain à une formation politique en proie à moult contradictions internes, l’accord d’Alger est, contre toute attente, en phase de provoquer l’implosion du même parti : le Rassemblement pour le Mali. Des communiqués émanant de diverses sections de l’intérieur se veulent contradictoires et antinomiques mettant ainsi en mal la direction du parti. Le RPM ressemblerait aujourd’hui à bateau ivre.
Les sections du Nord et celles du centre du pays dans une certaine mesure, ne parlent, en effet, plus le même langage depuis la signature de l’Accord d’Alger et la ligne politique adoptée dès lors par le parti d’Ibrahim Boubacar Keïta. Ce sont les messages des plus officiels rendus publics par voix de presse (Journaux privés, Radio et Télévision nationales) qui annoncent ces contradictions. Aux communiqués publiés dans les journaux de la place et soutenant mordicus le Bureau Politique National (BPN) dans sa ligne de conduite à propos dudit Accord, viennent en riposte d’autres communiqués émanant de sections, se désolidarisant de la même conduite.
A titre illustratif : au moment où la section de Kolokani encourageait le BPN, celles de la quasi totalité des régions Nord (Gao, Tombouctou et Kidal) se désolidarisaient du même communiqué et de la même option politique. La Direction du parti, visiblement, ne contrôle plus la situation. La discipline au sein de ce parti est véritablement malmenée en ce moment.
Le phénomène s’explique : les sections réticentes à la ligne du parti reprochent exactement ce que le Bureau Politique National reproche aux signataires dudit Accord. En effet, le Rpm qui dénonce et condamne le manque de concertation préalable autour de cet accord avant sa signature, n’a pas non plus engagé le débat avec la base avant d’adopter ce que d’aucuns qualifient d’attitude va-t-en-guerre. Tel serait donc pris qui croyait prendre. N’ayant pas été consulté sur leur propre sort et sur celui de tout le pays, ces sections du Nord, ont donc décidé de se faire entendre de vives voix à travers des communiqués rendus publics avec ou sans le consentement de la Direction de leur formation commune. Puisque le Parti prône la ligne dure pour mâter la mutinerie en question, adoptera – t – il la même conduite (la manière forte) pour mâter ces cas d’indiscipline politique en son propre sein ?
Voici bien une équation délicate à résoudre. Ne pas réagir face à ces cas manquement à la discipline du parti équivaudrait à se confondre à un donneur de leçons incapable lui même de cultiver d’abord son propre jardin, auquel cas les Maliens hésiteront à confier leur destinée à une entité en manque d’autorité ; prendre des sanctions disciplinaires contre les auteurs de ces communiqués en contradiction avec la ligne du BPN comporte également d’énormes risques de démobilisation à l’orée des prochaines joutes électorales. Alors, que fera maintenant Ibrahim Boubacar Keïta ?
B.S. Diarra
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