Le président du Rassemblement Pour le Mali, Ibrahim Boubacar Kéïta, lors du meeting tenu par son parti le samedi dernier, a été choqué par le départ du CNID et du MPR de l’Espoir 2002 pour l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès. C’est pourquoi il s’en est pris vivement à ces derniers, au point de qualifier leur choix de trahison. Ainsi, il a aussi méprisé leur parcours et poids politique.
IBK a-t-il oublié que Espoir 2002 est un regroupement électoraliste, de circonstance, créé pour les élections générales de 2002 ? Le CNID et le MPR n’ont-ils pas été créés avant 2002 pour que Ladji Bourama les considère et accepte d’aller avec eux comme alliés ?
A la veille des élections générales de 2002, 17 formations politiques se sont regroupées pour créer un regroupement du nom de Espoir 2002. Le RPM qui assurait la locomotive, était coalisé avec des partis de renommée dont le CNID-Faso Yiriwa Ton de Me Mountaga Tall, le MPR de Choguel K. Maïga, le PIDS, le RDP, le PLM, le RDR, le COPP.
UNE VISION COMMUNE AU DEPART
Ces partis avaient une vision commune, créer l’Alternance en 2002 en chassant évincé l’ADEMA du pouvoir. Ils étaient considérés comme des partis d’opposition et en ce moment, le peuple malien aspirait à un changement de régime. Ce qui a d’ailleurs donné plus d’audience à leur regroupement. Mieux , il était composé des gros calibres de la scène politique malienne. Le RPM, bien que n’ayant pas encore participé à aucune élection était annoncé parmi les favoris, la force du CNID n’était aussi à négliger bien qu’ayant passé 10 années à l’opposition. Cela explique d’ailleurs son rapprochement avec le RPM.
L’inconnu dans ce jeu était quasiment le MPR, un parti qui s’est démarqué des autres en se proclamant de l’UDPM. Ces partis, malgré l’entente qui régnait au sein du groupe, sont allés séparément aux élections présidentielles. Tous les ténors: Me Tall, IBK lui-même et Choguel étaient candidats. Ce qui veut dire que tous ces partis membres du regroupement croyaient en leur force et avaient le désir d’aller à la conquête des suffrages des électeurs. Malheureusement aucun d’eux n’a franchi le deuxième tour, seul le RPM s’est classé troisième.
Ces partis avaient alors le choix devant deux projets de sociétés : celui de l’ADEMA dont Soumaïla Cissé était le fer de lance et Amadou Toumani Touré, candidat indépendant. C’est finalement ATT que Espoir 2002 a décidé de soutenir au détriment d’un candidat issu d’un parti politique.
Aujourd’hui, on accuse à tort et à travers les formations politiques qui continuent à croire au projet de ATT. La plupart des partis politiques de notre pays entre autres, l’ADEMA, l’URD, le CNID, le PARENA, le MPR, l’UDD, le RND ont cru au programme d’ATT ; même le RPM qui critique sur tous les toits la gestion d’ATT. Si le RPM a décidé de se démarquer de la gestion d’ATT, c’est son droit le plus absolu. Mais, il ne peut pas obliger les autres partis d’Espoir 2002 à se soustraire aussi. Un parti politique est avant tout responsable de ses actes.
ESPOIR 2002 N’AVAIT PLUS SA RAISON D’ETRE
Avant d’animer Espoir 2002, le CNID et le MPR ont été membres d’un autre regroupement à savoir le COPPO (le Collectif des Partis Politiques de l’Opposition). A un moment donné, ils l’ont quitté car, il n’avait plus sa raison d’être. C’est pareil pour l’Espoir 2002. Et pourtant, quand ils créaient Espoir 2002, personne n’a entendu parler de trahison. Ces partis ont existé sur la scène politique avant d’être courtisés par le RPM de Ladji Bourama qui savait bien qu’à lui seul, il ne pouvait rien face à l’ADEMA. Après être évincé de la Direction de l’ADEMA, Ladji Bourama a noué contact avec ces leaders de partis en leur demanda pardon pour les gestes et faits commis.
Le CNID n’est pas un inconnu sur la scène politique malienne. Déjà, aux premières élections démocratiques, il avait son candidat aux présidentielles et aux législatives de 1992, le parti avait plus de 15 députés. Ce qui n’est pas négligeable. Car pour lui permettre de se présenter aux élections présidentielles, on a amené l’âge à 35 ans, car il avait à peine cet âge. Aussi, faut-il rappeler qu’il est et reste un acteur principal de l’avènement de la démocratie multipartisme dans notre pays.
Quand IBK dit qu’il a fait ces partis (CNID, MPR) avec son argent et son suffrage, cela relève du ridicule et du manque de modestie de la part d’un homme comme lui. Tall fut député en 1992 déjà.
Ces partis sont libres à la veille d’une autre échéance de nouer une nouvelle alliance qui ne fait que confirmer leur attachement au soutien au Chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré.
S’il est vrai que IBK a fait du CNID et du MPR des rois, il ne lui reste plus maintenant qu’à se faire élire président de la République en 2007.
Mamadi TOUNKARA
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