Président du RPM : « Soyons prudents avec ces affaires de code et d’abolition de la peine de mort ! », prévient IBK

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L’Europe a construit son « européanité »  sur le catholicisme. Pourquoi nous, au Mali, on ne fera pas la « malianité » avec l’Islam, d’autant plus que c’est la religion majoritaire des maliens, sans oublier l’autre religion ? Soyons prudents avec ces affaires de code et d’abolition de la peine de mort ! Je crois que la substance de la stabilité sociétale que connaît le Mali  est à chercher dans l’Islam ».

Ce sont, entre autres, les propos tenus, le mercredi  30 juin 2010,  par le président du Rassemblement pour le Mali (RPM), Ibrahim Boubacar Keïta, à l’occasion de la traditionnelle conférence de presse commémorant l’anniversaire du parti. De quoi relancer encore le débat autour de deux sujets préoccupants de la vie de la nation : le code des personnes et de la famille et le projet de loi portant abolition de la peine de mort.

Cette remarque d’IBK constitue-t-elle un clin d’œil lancé à l’endroit de la communauté musulmane du Mali, en cette veille d’élections présidentielle et législatives 2012 ? En tout cas, on ne serait pas tenté de dire le contraire, tant cette déclaration du « Prince de Sébénikoro » paraît réconfortante pour le moral des responsables religieux du pays, notamment le Haut conseil islamique du Mali (HCI- Mali).

C’est qu’on se rappelle que face à sa protestation contre le code des personnes et de la famille et l’abolition de la peine de mort, le Haut conseil islamique s’était senti abandonné par les hommes politiques du pays. L’institution musulmane était surtout devenue « orpheline » du ton de celui qui, en 2002, avant pourtant si assidûment « courtisé » l’électorat musulman qu’il s’était même fait passer…pour son candidat attitré.

El Haj Ibrahim Boubacar Keïta (puisque c’est de lui qu’il s’agit) n’avait, jusque-là, pas daigné prendre le devant de la scène par rapport à ces sujets de préoccupation musulmane. Si bien  qu’on se posait la question de savoir s’il n’avait pas trahi ladite communauté. Au moment où le code faisait courir le Haut conseil islamique à travers le territoire, on avait appris que l’homme (IBK) n’était même pas au Mali. Par conséquent, il n’avait pas participé au vote problématique de ce code qualifié de « blasphématoire » par bien de membres du HCI. Pour cela, on peut estimer  qu’IBK a été à la fois heureux et malheureux.

Heureux parce que son absence du pays (à l’époque) l’avait mis à l’abri de la furie islamique qui s’était abattue sur l’ensemble des députés qui avaient pris part à ce vote inédit. Ainsi, Dioncounda et ses camarades avaient été tellement voués aux gémonies qu’on en était arrivé jusqu’à craindre pour leur sécurité. Un brillant prêcheur du nom de Bandiougou n’était-il pas allé jusqu’à assimiler l’assassinat du président de l’Assemblée nationale, Diouncounda Traoré et du Président de la République, Amadou Toumani Touré, à une « djihad » (une guerre sainte) ?

Mais le malheur d’IBK a peut-être été le fait que par son absence, il n’avait pas pu bénéficier de la pluie de millions qu’on avait déversés sur nos parlementaires, pour les besoins de la cause. On ne sait pas trop si l’allié des musulmans (IBK) avait voté ledit code par procuration (si c’est le cas, il a du avoir obtenir sa part du magot), ou s’il avait purement et simplement refusé de se mêler d’un dossier aussi brûlant.

S’agissant du projet de loi portant abolition de la peine de mort, il traîne depuis 2007 entre les couloirs de l’Assemblée nationale où il est fréquemment renvoyé de session en session, sans parvenir à boucler sa phase d’écoute des personnes ressources. A chaque fois, c’est la présidente de la commission « Lois » de l’Assemblée nationale qui informe ses camarades députés que pour complément d’information, la commission propose le renvoi du dit projet de loi à une prochaine session en question. De sorte qu’on se pose finalement la question de savoir si le dossier n’est pas devenu « pestilentiel » pour les parlementaires qui n’ont pas encore oublié les souvenirs amers du code des personnes et de la famille. Heureusement que la loi en question n’a pas été promulguée par le chef de l’Etat qui a préféré la renvoyer au Parlement pour seconde lecture.

Dans cette affaire, les députés n’ont pas manqué de clamer qu’ils ont été jetés en pâture par le gouvernement qui, après le vote de la loi, n’a pas joué son rôle de communication, contribuant ainsi à les livrer à la rage de la communauté musulmane. Les députés n’aimeraient donc plus être le jouet d’un autre sale tour du genre. C’est pourquoi chez eux, la prudence reste désormais de mise avec le dossier de l’abolition de la peine de mort. On a même récemment appris qu’une fronde est née à l’Assemblée nationale contre ledit projet de loi : c’est tout dire….

Ce projet de loi ferait-il peur aux députés ? En tout cas, à travers ses déclarations, IBK semble avoir mesuré le pouls de ses camarades de l’hémicycle. Aussi, entend-il saisir là une belle opportunité électoraliste, surtout en cette veille d’élection présidentielle où il pense que son heure est enfin arrivée pour gravir la « colline de Koulouba ».

Abdoulaye Diakité

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