Le Président du RPM lors du débat sur la DPG : «La gestion heureuse du temps doit être votre priorité absolue» Madame le Premier ministre,

0

En vous saluant, Mme, j’ai conscience de la nouveauté contenue dans cette formule de politesse et d’accueil. Oui, Mme, si le genre a droit de cité, et ce depuis nos débuts en politique dans ce pays, la très haute fonction à laquelle vous avez été appelée ouvre une ère nouvelle dans notre vocabulaire politique national. Désormais, accueillir dans l’Hémicycle Mme le Premier ministre ne sera plus une sorte d’apax, de nouveauté à célébrer.

Oui, Mme, s’il ne suffit toujours pas d’être femme pour accéder à l’honneur qui vous est fait, il ne suffit plus, non plus, d’être femme pour en être écartée. Plût au Ciel que nous tous qui vous avons précédée en cette haute charge eussions tous les immenses qualités qui vous sont reconnues. En vous nommant, Mme, nous voulons bien le croire, SE M. le Président de la République n’a entendu ni se plier à une mode de la tribu, ni payer un tribut à la mode du temps. Bienvenue donc, Mme le Premier ministre!

Cette politesse observée, Mme le Premier ministre, après vous  avoir écoutée avec une très grande attention, permettez que je vous livre mes sentiments et le point de vue de mon parti. Avant vous Mme, Ceylan, actuel Sri Lanka et le Pakistan ont donné au monde les premières femmes chefs de Gouvernement. Sirimavo Bandaranaike et Benazir Bhutto furent fondatrices. Ici est la différence, une grande différence. Contrairement à elles, vous n’avez pas mission de fonder ou de refonder, mais d’aider à parachever.

C’est pourquoi vous nous voyez perplexes. Alors que nous vous voyions avec la tâche délicate et lourde, très lourde même, de nous aider à exorciser les démons qui, tout au long de notre parcours démocratique, nous aurons causé le plus de torts, à savoir enfin l’organisation d’élections propres, crédibles, transparentes et apaisées, vous voici commise à la refondation de l’ensemble de notre système constitutionnel.

Après avoir dit mon mot d’entrée, je ne doute certes pas de vos qualités. Mais s’agit-t-il de cela? Que non!

Il s’agit, ici et maintenant, de priorisation et d’opportunité. Tous les Dieux de l’Olympe ont, semble-t-il été consultés. Pourtant, il semble que le plus important ait été superbement ignoré. Oui, Mme, Chronos se montre particulièrement cruel avec ceux qui oublieraient sa toute puissance. Et là, hélas, son courroux réserve de très mauvaises surprises. Gardons-nous en donc. Dieu nous en préserve! Le temps, Mme, surtout sa gestion heureuse, doit désormais être votre priorité absolue. Hélas, en vous écoutant, je n’en ai pas eu la conviction. Sollicités, nous avons souverainement décidé de vous accompagner dans votre mission. Ce faisant, Mme, il nous semblait qu’il y avait totale entente et compréhension sur les tâches nationales de l’heure.

L’intérêt de notre pays aujourd’hui, d’intelligence avérée, est de tout faire pour nous éviter les écueils et les dérives que le sentiment de puissance et de domination sans partage vient de faire courir à des pays très proches du nôtre. Un peuple d’honneur et de dignité ne doit jamais avoir le sentiment qu’une parcelle, si infime soit elle, de sa souveraineté lui est refusée.

Les peuples, au-delà de la peur et de l’opportunisme de certains de leurs représentants, sont devenus acteurs majeurs de leur histoire, et n’entendent plus se voir déconsidérer ou spolier de quelque manière que ce soit. Mme, j’en appelle à votre honnêteté intellectuelle et à votre courage certain pour prêter l’attention la plus grande aux conseils de haute portée politique qui vous ont été prodigués ici ce jour. Mon excellent cadet Me Hamidou Diabaté a dit des mots que je fais miens.

Toutes les interrogations utiles ont été faites Mme. Vous ayant dit, avec mes mots à moi, l’hommage qu’il me tenait à cœur de faire à votre nomination, je voudrais, Mme que vous sachiez nous rassurer et nous convaincre de savoir raison garder, en même temps qu’optimisme utile à l’accomplissement de notre mission commune au service de ce digne et beau pays.

Mme, sachez ne pas désespérer ceux qui ont décidé de vous accompagner, d’accompagner celui qui vous à investie de sa confiance, pour qu’au terme de l’exercice vous et nous puissions dire avec fierté «Mission accomplie»! C’est pourquoi vos propos concernant la nécessité d’un fichier électoral fiable pour la crédibilité, la transparence et la sincérité des élections, et l’engagement solennel de tenir les échéances dans le strict respect du délai constitutionnel, afin de conforter la bonne image de la démocratie malienne, citée en exemple dans le monde (fin de citation), nous ont donné l’espoir d’un bon et utile commerce avec vous.

Mme, comme l’a dit mon cadet, la balle est dans votre camp. Notre appui ne vous fera pas défaut, mais sachez que notre oui n’aura de sens qu’autant qu’il nous sera aisé de dire non, si, par un biais ou un autre, les engagements n’étaient pas tenus.

Merci et bon vent.

Le Groupe Parlementaire PARENA à Mme Cissé:

«La réforme constitutionnelle que vous envisagez est inopportune!» 

Madame le Premier ministre, Parlant de  sa mère, Thierno Bocar, le sage de Bandiagara disait: «celle qui m’a nourri de son sein avant de me nourrir de sa sueur». Ce propos est un hommage à toutes les mères et à toutes les femmes. Il est donc hommage à vous, Mme le Premier ministre, qui dirigez un gouvernement au sein duquel nous avons envoyé le meilleur d’entre nous.

Les députés du Parti pour la renaissance nationale (PARENA) vous remercient de la Déclaration de Politique Générale que vous avez lue devant la Représentation Nationale le vendredi 24 juin 2011. Ils vous adressent leurs félicitations, à vous-même ainsi qu’à l’ensemble de votre équipe, pour la confiance placée en vous et espèrent que votre mission sera couronnée de succès, en cette année particulièrement sensible, où notre peuple est confronté à de multiples défis, parmi lesquels:

– La capacité du pays à nourrir ses habitants, à leur assurer l’autosuffisance et la souveraineté alimentaires,

– La crise de l’école, qui a atteint des proportions inquiétantes, et dont les dernières manifestations laissent présager le pire à chaque instant,

– L’urgence à mettre en place une gouvernance moderne et prévisible avec une justice et une administration réhabilitées et regagnant la confiance du peuple,

– L’insécurité et l’instabilité sur de pans entiers de notre territoire, qui nous font craindre une perte progressive de notre souveraineté, du fait de la présence incontrôlée de groupes armés étrangers sur le territoire national et d’incursions d’armées régulières, avec ou sans l’autorisation de notre Gouvernement,

– L’organisation d’élections présidentielles et législatives régulières, transparentes et crédibles, dans les délais constitutionnels, sur la base d’un fichier électoral fiable, biométrique et consensuel,

– La lutte contre la corruption et le gaspillage des ressources publiques,

Mme le Premier ministre, au vu de l’ampleur des défis et des urgences du moment, la tâche paraît herculéenne dans le temps qui vous est imparti. Par loyauté, nous nous devons de vous dire la vérité! Votre DPG ne donne pas l’impression d’avoir à faire à un gouvernement de mission, presque de crise, qui doit faire face à plusieurs urgences en même temps, alors qu’il ne dispose pas de temps. Sans une prise de conscience aigue que le temps fait défaut, que les problèmes sont graves, la mobilisation fera défaut, l’immobilisme et les atermoiements des dernières années  continueront, avec le risque, en cette année sensible, de conduire, à Dieu ne plaise, le pays vers l’impasse et l’instabilité.

1. Sur l’autosuffisance et la souveraineté alimentaires:

Curieusement, votre DPG ne fait aucune référence à l’objectif de 10 millions de tonnes de céréales en 2012, que votre prédécesseur avait annoncé avec force publicité devant la Représentation Nationale! Dites-nous si le Gouvernement a échoué dans l’atteinte de cet objectif, qui a pourtant mobilisé tant de ressources financières! Si oui pourquoi y-a-t-il échec?

Après l’Initiative riz, il y a actuellement l’Initiative maïs et l’Initiative blé. Or, pour parvenir à la  souveraineté  alimentaire, l’accent doit être particulièrement mis sur les céréales, que consomme la majorité de notre population. Jusqu’ici, les céréales les plus cultivées et les plus consommées sont le mil et le sorgho. A elles seules, elles occupent 40% des superficies cultivées. Il y a, par conséquent, urgence à préparer une Initiative mil et sorgho pour améliorer la productivité de ces céréales et ainsi assurer l’autosuffisance alimentaire des populations concernées. Des variétés à hauts rendements ont été développées pour ces céréales par les équipes chargées de la recherche agronomique..

Il faut rappeler que la souveraineté alimentaire ne saurait concerner  seulement les céréales. Elle concerne aussi l’élevage et la pêche. Dans votre DPG, il n’y a pas d’objectifs quantifiés pour ces deux secteurs. Quels sont les objectifs visés par le Gouvernement pour l’élevage et la pêche?

Dans sa DPG,  le  PM Modibo Sidibé, avait promis,  ici même,  la création de centres de collecte du lait. Or on ne peut collecter que ce qui existe! Le problème, c’est le manque de lait, surtout en saison sèche, essentiellement dû au déficit d’aliments pour le bétail. Quelle est la politique du Gouvernement en matière d’alimentation du bétail, afin de pouvoir améliorer la productivité en viande et en lait et pouvoir ainsi contrôler les prix de ces produits?

2. Sur l’Ecole:

Mme le Premier ministre, l’optimisme de votre DPG est en décalage total avec la réalité. L’école malienne n’est pas en voie d’être refondée. Elle est à l’agonie. Il faut en faire un diagnostic rigoureux et sans complaisance, afin d’y trouver les remèdes appropriés. Nous payons le prix fort pour les longues années de laxisme, de complaisance et de corruption entretenues au sein de l’Ecole. Nous payons le prix de la politique de l’autruche et de la cécité sur les dérives en tous genres dans l’espace scolaire et universitaire. Les violences enregistrées ces dernières semaines au sein de l’association des étudiants doivent nous inciter, vous inciter, à ouvrir les yeux et à agir… Vous ne pouvez pas agir, vous ne pouvez pas restaurer l’autorité de l’Etat, l’autorité tout court, à tous les échelons (pas seulement chez les apprenants), si vous continuez à croire que «notre école est en voie d’être refondée»!

3. Sur la Justice et l’Administration:

Mme le Premier ministre, les Maliens ont un besoin urgent d’un pays sûr et qui rassure! Ils ont besoin d’une gouvernance moderne et prévisible. Pour ce faire, la Justice et l’Administration doivent être reformées et modernisées. Il faut, toutes affaires cessantes, réhabiliter le mérite, sanctionner l’infraction et combattre l’impunité! A ce prix, ces secteurs clés regagneront la confiance des citoyens-usagers. A ce prix, nos amis qui veulent s’installer chez nous, entreprendre et investir, seront assurés et sécurisés.

4. Sur l’insécurité et l’instabilité dans la bande sahélo-saharienne :

Mme le Premier ministre, vendredi 24 juin 2011, au moment même où vous acheviez la lecture de votre Déclaration de Politique Générale devant l’Assemblée Nationale, l’armée mauritanienne donnait l’assaut contre un camp d’AQMI situé dans la «forêt» du Wagadu,  sur le territoire malien. Des montagnes de l’Adrar des Ifoghas (région de Kidal), aux cercles de Nara, de Taoudénit, aux rives du lac Faguibine, en passant par les faubourgs de Tombouctou, des groupes armés islamistes appartenant à AQMI circulent et bivouaquent sur notre territoire.

Avant ce vendredi 24 juin 2011, l’armée mauritanienne était déjà intervenue deux fois sur le territoire malien: en juillet 2010, avec l’appui de commandos français, et en septembre dernier, où  elle est restée plusieurs semaines combattant contre AQMI. La terre sacrée du Mali est-elle sous notre contrôle? Sommes-nous en train de perdre notre intégrité territoriale et notre souveraineté? Pourquoi notre armée ne combat-elle pas AQMI? Pourquoi ce sont les autres qui le font sur notre territoire? Récemment, l’armée nigérienne a affronté une unité d’AQMI sur le territoire du Niger. Ne pouvons-nous pas faire comme eux? Pourquoi les Mauritaniens entrent-ils et sortent-ils de chez nous comme ils le veulent?

Que dire du narcotrafic qui nous  menace en tant que nation?  Que comptez-vous faire afin que les seigneurs de la drogue ne transforment pas le Mali en un carrefour de la cocaïne provenant d’Amérique du sud?

5. Sur les élections de 2012:

Le Parena est favorable à l’établissement d’un fichier électoral fiable, biométrique, crédible et consensuel. Notre groupe est inquiet de l’état d’impréparation des élections générales de 2012. Manifestement, le précédent Gouvernement  n’avait rien fait pour préparer ces échéances. C’est intolérable.

Mme le Premier ministre,  le temps qui nous sépare des délais constitutionnels se réduit comme peau de chagrin. A moins de 10 mois de l’élection présidentielle, le pays ne dispose toujours pas de fichier électoral crédible et fiable! Or, un fichier électoral fiable est la base d’élections transparentes. Les autorités doivent cesser les insinuations et les déclarations, qui n’aident pas à parvenir à un fichier consensuel.

Au vu des déclarations solennelles du Président de la République, le 22 septembre 2009, des propos du Président de la Cour Constitutionnelle et du Directeur National de l’Intérieur sur l’ampleur de la fraude électorale en 2007, et des conclusions d’une étude de la Délégation Générale aux Elections, il est évident que le fichier RACE n’est pas utilisable. Vu le retard accusé par le Ministère dans la préparation des élections (dont il doit être tenu responsable), le Groupe PARENA propose de réformer l’actuel fichier avec les données biométriques du RAVEC, d’établir les listes électorales sur la base du quartier et du village et d’utiliser la sectorisation pour faciliter la prochaine révision générale des listes. 

6. Sur la Corruption:

Comme le narcotrafic, la corruption est une gangrène qui menace notre pays! Il faut l’éradiquer par une lutte soutenue, par la prévention et par l’exemple, qui doit venir d’en haut. Une gouvernance moderne et prévisible, qui réhabilite la Justice et l’Administration, sera un puissant levier de lutte contre la corruption.

Conclusion et recommandations:

Mme le Premier ministre, en cette année d’une sensibilité extrême, le temps, denrée précieuse, n’est pas votre allié. Aussi convient-il que vous vous concentriez sur les tâches qui sont urgentes et opportunes. La préparation de l’élection présidentielle d’abord, ensuite des législatives, est une mission urgente, opportune et constitutionnelle. Vous n’avez presque pas de temps suffisant pour mener à bien cette tâche, eu égard à l’immobilisme de l’Administration pendant ces dernières années.

C’est dire que la réforme constitutionnelle que vous envisagez est inopportune! Elle est non seulement inopportune, mais, plus grave, elle va gêner la préparation des élections. Votre réforme interférera avec le processus d’organisation des élections, notamment en ce qui concerne les organes chargés de les préparer (aujourd’hui MATCL, DGE, CENI et demain Agence Générale des Elections).

Vous ne pouvez pas vous permettre d’engager un chantier qui risque de faire dérailler le processus électoral et constitutionnel et nous entraîner dans l’instabilité! Le Mali a besoin de réformes institutionnelles et constitutionnelles, mais pas à 10 mois d’élections cruciales mal préparées! En outre, le CARI, qui a rédigé le rapport relatif aux réformes après une large écoute, aurait dû faire valider ses conclusions par les forces vives du pays, avant de l’envoyer directement au Gouvernement!

De même, nous ne comprenons toujours pas les raisons pour lesquelles le projet de révision constitutionnelle, solennellement remis au Chef de l’Etat le 19 avril 2010, n’a été mis en chantier que maintenant, 15 mois plus tard! Ecoutez ceux et celles qui vous conseillent la prudence! Entendez la voix de celles et de ceux qui vous soutiennent, mais qui vous recommandent de ne pas faire prendre de risques inutiles au Mali. Ecoutez la voix de la raison! Entendez les conseils de sagesse. Ne faites pas de cette réforme une question d’orgueil! Car il s’agit du Mali, qui est au dessus de nous tous! Je vous remercie au nom du PARENA et de son groupe parlementaire.

Me Amidou Diabaté

Bamako, le 27 juin 2011

 

Le Groupe parlementaire CNID à Mme le Premier ministre:

«Vous avez une obligation de résultat sur la tenue d’élections régulières et transparentes»  

Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, Madame le Premier ministre, Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement, Honorables Collègues, Mesdames et Messieurs.

Il me revient d’expliquer le vote de notre parti, le Congrès national d’Initiative Démocratique – Faso Yiriwa Ton, sur la politique qu’entend mettre en œuvre le Gouvernement de Madame Cissé Mariam Khaidama Sidibé, Premier ministre. Mais avant, Honorables collègues, je voudrais soumettre à notre auguste assemblée trois réflexions:

1. Faut-il que l’Assemblée Nationale continue, comme nous le faisons, à voter des lois défendues par des ministres appartenant à un Gouvernement dont l’orientation n’est pas encore approuvée par les députés? En clair ne faut-il pas attendre la Déclaration de Politique Générale d’un nouveau Premier ministre avant de poursuivre l’examen des projets de loi déposés par un précédent Gouvernement démissionnaire? 

2. Le temps de parole, souverainement arrêté par la Conférence des Présidents, ne doit-il pas être revu à la hausse, afin de permettre un débat exhaustif pour une matière aussi importante que la D.P.G?

3. Enfin le temps n’est-il pas venu, vingt années après, de substituer purement et simplement un débat sur le Programme du Gouvernement à celui observé jusque là sur la Déclaration de politique générale?

Revenant à mon propos originel, je voudrais dire que la question, pour un parti qui participe à l’action gouvernementale depuis 2002, n’est pas celle du soutien à l’Exécutif qui, in fine, est le sien, mais plutôt le pourquoi, le sens d’un tel soutien et surtout la valeur ajoutée que le Parti, à travers son Groupe parlementaire, peut apporter à la vision du Gouvernement. Aussi, voudrai-je évoquer avec vous ces deux points.

I. Pourquoi soutenons-nous l’action gouvernementale?

Nous soutenons l’action Gouvernementale, et par conséquent nous voterons la D.P.G., pour au moins trois raisons:

1. Ce Gouvernement est le nôtre, car notre regroupement, l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP), a remporté l’élection législative de 2007 et son candidat a remporté l’élection présidentielle. Cette double victoire crée un devoir de soutien à l’action Gouvernementale, sauf à renoncer à l’exercice de responsabilités conférées par le peuple.

2. Nous soutenons l’action gouvernementale en raison de résultats tangibles obtenus depuis quelques années et dont la D.P.G. de Mme Cissé vise la consolidation.

Il en est ainsi, à titre illustratif non exhaustif, de:

– La volonté de faire du Mali une puissance agricole, dont les aménagements de terres, la motorisation de l’agriculture, la hausse de la production céréalière et les subventions aux intrants agricoles peuvent être considérées comme autant de jalons;

– L’attention accrue accordée aux problèmes environnementaux qui, pour nous, sont de première importance;

– L’amélioration de l’offre de santé, avec les nouveaux établissements hospitaliers, le renforcement de la référence et certains cas de gratuité de soins ou/et de médicaments;

– La politique volontariste en matière de promotion de la Femme;

– La priorité accordée à l’emploi des jeunes;

– Le désenclavement intérieur et extérieur du pays.

3. Nous soutenons enfin la Déclaration de politique Générale qui nous est soumise parce qu’elle va dans le bon sens, en raison de toutes les mesures annoncées ou induites. Nous savons aussi que cette action gouvernementale comporte des faiblesses, qu’il nous appartient aussi d’évoquer si nous voulons sérieux et crédibles. En faisant, bien évidemment, des propositions de pistes d’amélioration.

II. Quelles améliorations proposons-nous? Sur quoi insistons-nous?

Nous ne pourrons, compte tenu du temps imparti, être, ici aussi, exhaustif. Cependant, quelques points clés doivent être évoqués, à savoir notre souci pour:

1. Le fleuve Niger: son ensablement et la menace de la jacinthe d’eau douce;

2. Une énergie à coût abordable pour les ménages et les entreprises;

3. Une chaîne intégrée de l’exploitation minière, allant de la recherche au produit fini, au Mali, pour mettre un terme aux déperditions constatées et au manque d’expertise nationale; 

4. Une école avec juste des années scolaires et universitaires régulières, des conditions d’études et de vie décentes pour élèves et maîtres et des examens et évaluations en dehors de toute fraude ou passe-droits. Pour nous, fini le temps des diagnostics, des complaintes et des slogans et place aux résultats!

5. Une justice mieux acceptée par les citoyens, car simplement plus «juste». Je voudrais sur ce point vous inviter à vous pencher sans délai sur le cas des journalistes poursuivis pour délit de presse. Cette page doit être définitivement tournée, pour le confort de notre démocratie, citée comme exemplaire en matière de liberté de presse;

6. Un secteur privé moteur de l’économie nationale et acteur premier de toute politique d’emploi, notamment celui des jeunes;

7. Une lutte plus accrue contre la corruption et la délinquance financière;

8. Une attention toujours plus accrue pour la disponibilité et les prix des produits de grande consommation, notamment pendant des périodes critiques comme le mois sacré de Ramadan, pendant lequel nous assistons à des pratiques inacceptables;

9. une égale attention pour les questions de société, notamment celles touchant à nos religions, coutumes et traditions, qui se sont illustrées pendant le débat sur le Code des Personnes et de la famille;

10. Une meilleure prise en compte de secteurs comme le Sport, la Culture et l’Artisanat, qui, dans la présentation, sont apparus comme des secteurs  de seconde zone;

11. La réussite du dialogue avec les partenaires sociaux afin que l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO), dont le principe n’est contesté par personne, soit acceptée par tous;

12. Enfin, Mme, nous pensons que vous avez une obligation de résultat sur la tenue d’élections régulières et transparentes, sur la base d’un fichier électoral consensuel et exempt de toute critique fondée. Qu’Allah Soubhana Watala vous guide et vous assiste dans la construction de notre cher pays. Qu’Il bénisse le Mali!

Pour le Groupe Parlementaire

Maître Mountaga TALL

 

Oumar Mariko à propos de la DPG :

«Votre PDES est vraiment asocial…»

Monsieur le Président de L’Assemblée Nationale, Honorables Députés, Madame le Premier Ministre,

En réaction à votre prédécesseur, Modibo Sidibé, lors de la présentation de sa DPG le 17/12/2007, nous avons déclaré ce qui suit. «Votre DPG enjambe élégamment les problèmes brûlants du Mali: école, santé, armée, cherté de la vie, paupérisation des campagnes et des zones urbaines, expropriation des paysans de leurs champs, au profit d’investisseurs étrangers, d’opérateurs économiques indélicats, de bureaucrates nationaux, hausse des intrants agricoles, pour se plonger dans un futur prospère hypothétique».

Pendant l’exercice de son mandat, nous avons assisté à l’aggravation de tous ces problèmes. C’est dans ce contexte que vous venez de nous faire entendre un discours qui vole encore plus bas.

Mme le Premier Ministre, Devant les difficultés qui assaillent les Maliens, il ne saurait être question pour nous de donner dans la politique politicienne, ferment de la démagogie, pour  voir en votre nomination la promotion de la femme. Il ne s’agit là, à nos yeux, que d’une instrumentalisation du combat des femmes, comme l’a été la nomination d’un Tamasheq à la tète du gouvernement, sans qu’aucune mesure  n’en sorte pour régler les problèmes du Nord! Les déclarations actuelles de mes collègues en témoignent.

Au moment où vous prenez les commandes du gouvernement, nombreuses sont les femmes, poussées par la misère, le dénuement, qui battent les pavés, se livrant à la prostitution. Des femmes exclues dans la distribution des terres, des femmes dont les terres ont été expropriées, sont légion dans notre pays. Savez-vous, Mme le Premier Ministre, que des femmes de Sanamadougou, pressées de vous rencontrer, ont été battues, arrêtées par des forces de sécurité, pour avoir osé pacifiquement réclamer leurs terres, remises à un opérateur économique indélicat, soutenu par des autorités en charge de la gestion des terres de l’Office du Niger.

Deux mois avant la prise de votre fonction, un commando, constitué de gardes forestiers, de gardes et de gendarmes, a débarqué à Kekoro, dans le cercle de Bougouni, brûlant les logements de fortune des orpailleurs traditionnels, entraînant la mort d’une jeune dame de 26 ans et d’un enfant de 11 ans. Les dégâts matériels et financiers sont incalculables. Votre déclaration est dépourvue de tout caractère social. Une déclaration qui parle éloquemment d’infrastructures, ne laissant aucune place au social, à l’humain.

Parlant de l’agriculture, comment voulez-vous promouvoir l’agriculture familiale, lorsque 64% des agriculteurs ne possèdent que la daba comme outil de travail? Comment parler de développement de l’agriculture, lorsque 69% des paysans à l’Office du Niger n’ont pas plus de 4 ha et que les intrants agricoles coûtent, non seulement cher, mais aussi se trouvent dans les mains de spéculateurs connus, vivant de surfacturation et jouissant de l’impunité? Les paysans continuent à être expulsés de leurs terres.

Mme le Premier Ministre, Vous parlez du développement de la qualité des soins au moment où le service de néphrologie du Point G est obligé d’hypodialiser ses malades par manque de machine; la cardiologie n’a ni salle de réanimation ni d’écho-cardiaque, ni de tapis adéquat pour les tests d’effort. Des professeurs et assistants spécialisés sont contraints à travailler comme des médecins généralistes, par manque d’instruments adéquats. La gratuité de la césarienne est une initiative heureuse, mais, dans la situation actuelle, elle ne bénéficie pas à celles qui ont le plus besoin. En effet, les femmes, dans les villages, n’arrivent pas à faire des consultations prénatales et sont transportées, en cas de besoin, en charrette, en moto, pour rejoindre les centres de référence ou les hôpitaux. Lorsque des complications surgissent, elles doivent faire face aux imprévus, qui pourraient coûter très cher. L’Etat doit donc plus s’engager à prendre en charge le personnel de santé de qualité au niveau des CSCOM ou des structures les plus proches de la grande majorité des Maliennes dans ce domaine.

Depuis la nuit des temps démocratique, il a été question du respect de l’environnement, en faisant focus sur les sites miniers. Mais, hélas, les sociétés minières continuent, sans faire la moindre attention à vos discours, polluant les nappes phréatiques. Entretemps, on oublie la pollution à Bamako. Avec le prix incontrôlé des services des Spiros, de 25.000 à 75.000 F ou de 17500 à 30.000 F, les citoyens eux-mêmes finissent par polluer, en déversant des  détritus humains dans les canaux, exposant les uns et les autres à la maladie.

L’insécurité dans l’espace scolaire est complètement ignorée. Votre silence traduit votre complicité à protéger les étudiants, qui font usage d’armes blanches et d’armes à feux contre leurs camarades, sous l’œil également complice de vos agents de securité. Que d’étudiants tués ou blessés depuis l’affaire «Papou».

Les inégalités continuent dans le recrutement. Pourquoi deux fonctions publiques pour les enseignants? Le principe à diplôme égal  – salaire égal n’est pas de saison. Le sort des enseignants de la fonction publique des collectivités, pauvres et  démunis face à ceux de l’Etat, traduit l’injustice qui dévalue la formation des enfants des milieux ruraux, déjà confrontés au manque d’enseignants et de salles de classes. Cela me semble inacceptable. Votre politique casse les infrastructures économiques, les brade, elle ne peut alors donner de l’emploi aux jeunes, que vous maintenez dans l’illusion d’emplois précaires.

Lorsque vous parlez de la lutte contre la corruption, vous évoquez le respect de l’honneur et de la dignité de la personne humaine! Mais de la dignité de qui? Du délinquant ou du peuple victime? Cette duplicité dans le langage se concrétise dans votre manque de volonté à sévir contre la corruption. Il est reconnu que le service de justice manque cruellement de frais de fonctionnement. De bâtiments vides de matériel, des juges corrompus, exposant les citoyens au rançonnement sans défense!

Les rapports du Vérificateur sur l’affaire HUICOMA dorment dans vos tiroirs. Vous reconnaissez l’injustice faite aux partants volontaires, mais vous refusez  toute réparation. Vous abandonnez les travailleurs de la BETRAM aux mains d’un operateur indélicat, qui viole les cahiers de charges. Les droits des ouvriers de MORILA Sa sont passés aux oubliettes, et ces ouvriers végètent dans la misère du déni de justice. Les paysans de Sanamadougou, de Siranikoro, et que dire encore?

Les Maliens de l’extérieur des zones de guerre (RCI, Libye) sont abandonnés à leur sort. Ceux sans papiers ou en France continuent d’être ignorés. Vos services administratifs les rançonnent, vos banques aussi! Vous pouvez prendre des dispositions pour que cela s’arrête. Promettez-le, s’il vous plait!

Les prix des denrées de premières nécessités montent, ceux des transports urbains également. Vous comprenez par là et, en partie, que votre Programme de développement  économique et social est vraiment asocial et manque d’ambition pour élever le niveau de vie du Malien! Vous reconnaissez que  les élections passées n’ont pas été transparentes. Je dois vous dire que le taux bas de participation aux élections est beaucoup moins le fait des partis politiques que celui de l’administration, qui, par le jeu de l’opacité et de l’empêchement des citoyens à se reconnaitre dans les résultats, perd crédit aux élections, ce qui est dangereux et vous interpelle.

Ne cassez pas notre pays avec vos élections truquées, la corruption dans tous les secteurs, y compris dans les recrutements dans la fonction publique, l’armée et la sécurité. Des handicapés physiques sont recrutés dans la police et même dans l’armée. Que faites-vous pour les militaires blessés lors des combats et pour les parents de ceux qui tombent au champ de l’honneur? Arrêtez de les ignorer. Comment pouvez accepter l’incursion de l’armée mauritanienne dans la bande du Ouagadou?

Ceux qui se battent contre l’AMO n’ont pas besoin d’informations, ils le sont déjà! Vous avez dit que l’AMO ne sera pas obligatoire, alors faites parvenir à l’Assemblée Nationale un projet de loi portant des modifications, après concertation des syndicalistes en grèves.  Nous l’examinerons, même si nous avons voté la loi sans concertation du peuple.

Votre diplomatie est aphone, inaudible, face aux mauvais traitements que les Maliens subissent à l’étranger, alors que vous faites bouger toute la nation pour un touriste euro – américain égaré dans le désert. Vous abandonnez vos concitoyens enchainés et jetés dans les avions qui atterrissent au Mali, sans argent ni bagages, alors qu’ils on fait fortune à l’étranger.  La Libye  ploie sous les bombes meurtrières de l’OTAN impérialiste. Au nom de la Nation malienne, dites clairement NON! Je vous remercie.

 

Les brèves de la Déclaration de Politique Générale

Quitus à l’unanimité à l’AN pour Mariam Kaïdama Sidibé

C’est ce lundi 27 juin 2011, aux environs de 22 heures, que les députés ont accordé leur confiance à Madame le Premier ministre, Cissé Mariam Kaïdama Sidibé, par le vote à l’unanimité de sa DPG, effectuée le vendredi précédent. En effet, les 10 groupes parlementaires que compte l’Hémicycle, sauf SADI,  lui ont dit oui pour négocier le dernier virage du Projet de développement économique et social du Président de la République. Sur 147 députés, 140 ont voté pour, contre 0 abstention et 0 voix contre.

Quand certains élus passent à côté…

Certains députés ont failli transformer les débats sur la DPG en interpellation du gouvernement. Ces élus, au lieu de s’étendre sur les questions d’intérêt national, se sont laissé emporter par des considérations locales. On peut les comprendre, car nous sommes à moins d’une année des prochaines législatives. Il faut donc se montrer en phase avec les préoccupations du peuple afin de mériter sa confiance lors de ces échéances. Après ces interpellations, nos Honorables vont se vanter dans leurs différentes circonscriptions électorales. Cette façon de faire n’est ni plus moins  que de la poudre aux yeux des populations. Car la DPG est présentée aux députés afin qu’ils fassent des observations d’ordre national. Si ces députés souhaitaient faire des interpellations, ils doivent adresser au ministre concerné une question orale ou écrite.

Le PM promet la première exploitation de pétrole pour début 2012

En répondant à un député sur notre production prochaine de pétrole, Mme le Premier ministre a indiqué que le gouvernement comptait lancer la première exploitation en début d’année 2012. «Le gouvernement travaille à cela. Nous mettrons tout en œuvre pour y arriver». Pour qui connaît l’importance de l’or noir, ce projet, s’il est réalisé permettra, nous l’espérons, de booster notre économie et de mettre notre pays au rang des pays émergents. Notre Maliba va-t-il entrer dans le cercle très restreint des pays producteurs de pétrole?.

Le 3e opérateur de téléphonie sera connu en fin d’année

Le Mali compte déjà deux opérateurs de téléphonie, mais, face à la non couverture de l’ensemble du territoire et à la croissance des besoins exprimés, le gouvernement de Mariam Kaïdama Sidibé a décidé d’attribuer une 3e licence. Devant les députés, à l’occasion de sa DPG, elle a affirmé que l’appel d’offres international pour l’acquisition de la 3e licence sera lancé en septembre prochain et, selon ses prévisions, celle-ci sera attribuée en fin d’année 2011 à l’opérateur qui aura présenté la meilleure offre.

Le gouvernement ne compte abandonner ses réformes politiques

Malgré les inquiétudes exprimées par les partis politiques, le Premier ministre ne compte du tout abandonner le projet de révision de la Constitution du 25 février 1992, cher au Président de la République. Devant les élus de la nation, elle a expliqué qu’elle entend privilégier ces réformes, même si elle compte entreprendre une démarche consensuelle. Idem pour les élections générales de 2012. Elle a promis que le gouvernement organiserait des élections crédibles dans les délais constitutionnels, sur la base d’un fichier électoral fiable et consensuel. Seulement voilà, il dispose de très peu de temps pour conduire ces processus, qui, s’ils ne sont pas bien organisés risquent de mettre en danger la paix sociale.

SADI incohérent dans ses réactions

Seul groupe parlementaire d’opposition, SADI aura brillé au cours des débats sur la DPG du Premier ministre par son incohérence. En effet, donnant ses consignes aux membres de son groupe parlementaire, son Honorable Président, Oumar Mariko, avait appelé à ne pas voter la DPG. Au moment du vote, les députés SADI ont disparu de la salle, sans faire comptabiliser leurs voix. Ce qui a donné, au final, 0 voix contre et 0 abstention.

 

Commentaires via Facebook :