Le congrès tant attendu est finalement arrivé. Ce congrès avait une importante signification car il a permis d’investir le président du parti El Hadj Ibrahim Boubacar Kéita comme candidat à la présidentielle. Ce congrès a été aussi l’occasion pour certains de venir déverser leur rancœur. C’était hier au Centre International de Conférence de Bamako.rn
Dans son intervention, le Président du parti s’est lancé dans une longue rhétorique durant laquelle, il s’est fait passer pour une victime. Cet exercice semble être le sport favori du Sultan de Sébénicoro qui ne manque aucune occasion pour rappeler au public, les moments forts où il dirigeait la primature.
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L’un des temps forts de son discours, a été, comme il fallait s’y attendre, des critiques relatives à la conduite actuelle des affaires du pays.
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De toute l’histoire démocratique de notre pays, IBK est sans doute le politique qui a le plus occupé de très hautes fonctions. En effet, sur les 16 ans de régime multipartiste, IBK a été six ans durant Premier ministre et cinq ans Président de l’Assemblée nationale. Il est, à ce titre, comptable de la gestion du pays sous AOK et ATT.
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On pourrait dire, sans risque de se tromper, qu’il a, plus que quiconque, dégusté aux délices de la démocratie et des hautes fonctions de l’Etat. Toute chose qui devrait lui imposer un droit de réserve quant à certains propos devant des militants. Le président IBK serait-il en train de perdre les pédales, donc tomber trop bas ? On en sait rien pour l’instant mais une chose est sûre, l’homme ne semble plus détenir toutes les cartes en main et un responsable du parti l’a bien résumé en ces termes : « Notre Président traverse des moments difficiles car confronté dans plusieurs circonscriptions à des mécontentements divers. Il a mis des gens à des postes et leur a délégué une bonne partie de ses prérogatives. Ceux-ci, après avoir usé, sont en train d’en abuser sans que IBK soit en mesure de broncher. A nos yeux, il est devenu méconnaissable ».
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Les piques de Me Tall
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Le deuxième congrès du RPM risque de ne jamais oublier l’intervention de Me Mountaga Tall, Président du CNID-FYT, premier vice-président de l’AN et représentant de l’ADP aux assises du RPM. Contre toute attente, Me Tall s’est lancé dans ce qui peut être considéré comme un véritable réquisitoire contre IBK en des termes à double tranchant. Me Tall a fait remarquer aux militants RPM, qu’il a conduit l’opposition parlementaire pendant cinq ans. Toute chose qui lui a valu de s’attirer la colère d’un certain IBK, alors Président de l’Adéma et Premier ministre du Mali.
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Dans les propos du représentant de l’ADP, il fallait tout simplement comprendre que la roue de l’histoire tourne et ne s’arrête jamais.
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Par rapport au soutien tous azimuts dont bénéficie ATT, Me Tall a laissé entendre que c’est un choix qui s’assume, surtout qu’en 2002, le soutien était le même et avec bien entendu le RPM d’IBK.
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Vous vous en doutez certainement que ces propos ont été reçus comme de véritables couleuvres, c’est-à-dire difficiles à avaler. Les militants requinqués en bloc par IBK, ne se sont pas faits prier pour huer Me Tall qui venait d’utiliser à bon escient, une occasion extraordinaire de marquer des points contre IBK et pour cause, au-delà de toutes les civilités et amabilités qu’ils témoignent l’un pour l’autre, les deux hommes ne se supportent jamais. Les raisons évoquées pour cela sont assez nombreuses. Mountaga dit que IBK l’a jeté en prison, l’empêchant de se présenter aux législatives de 1997 ; l’accuse d’avoir contesté récemment ses résultats à Ségou en 2002 et enfin de vouloir leur imposer son diktat lors de la mise en place de la CENI, lequel diktat a engendré l’éclatement de Espoir 2002 dont IBK et Me Tall sont pères fondateurs.
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De son côté, l’entourage de IBK trouve que les ambitions inavouées de Me Tall de remplacer IBK au perchoir sont à l’origine de toutes les turbulences politiques au Mali.
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Finalement de part et d’autre, cela pourrait être de bonne guerre.
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Au finish, en invitant l’ADP, les responsables du RPM devraient comprendre que ce n’était pas pour venir les soutenir ou accuser le Président ATT, bien au contraire, c’était donner un tremplin à des adversaires politiques.
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Les envolées du Dr Mariko
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Après Me Tall, on retiendra une autre intervention, celle du Dr Oumar Mariko de la SADI qui semble manquer cruellement de programme de société si bien qu’il s’est lui aussi adonné à son jeu favori c’est-à-dire la polémique stérile consistant à créer des problèmes là où ils ne sauraient exister. Dans un style dont il a lui seul le mystérieux secret, de la zone office du Niger en passant par des mines d’or, il a mis l’accent sur des particularités, oubliant que c’est plutôt le général qui prime. Heureusement, il a laissé au peuple le libre choix quant aux éventuels candidats qui solliciteraient leur suffrage.
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A l’entendre parler, son parti serait prêt à tisser alliance avec toute autre formation ayant les mêmes objectifs que le sien. Puisse Allah guider leur pas pour le bonheur du peuple malien.
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Quant au Pr. Yoro Diakité du Bara, il en a pris pour son grade dans les propos du Dr Mariko qui ne semble pas comprendre comment le Professeur manque-t-il d’argent pour se présenter aux élections après des années dans l’opposition. Préférant le dialogue à la polémique, le Pr. Yoro s’est tout simplement donné le temps de réfléchir sur les différents programmes que les candidats voudront bien présenter aux Maliens.
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Ce deuxième congrès, celui de l’investiture du candidat du parti à la présidentielle, restera à jamais gravé dans la mémoire de certains militants qui, jusqu’à la fin des travaux méditaient sur l’intervention de Me Tall qui a transformé leur congrès, en tribune de mise au point et d’éclaircissement.
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Diakaridia YOSSI
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