Le Rassemblement pour le Mali (RPM) a tenu le samedi et le dimanche dernier, au Centre International des Conférences de Bamako, les travaux de sa deuxième conférence nationale. C’était dans une ambiance de fête. Mais, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. La rencontre s’est tenue dans un contexte particulier en ce sens que le RPM est à la croisée des chemins. Le parti n’est pas tellement en bonne santé. Il traverse une crise sans précédent. La plus récente dont les responsables font semble de l’ignorer est la double représentation au niveau de Sikasso. Ce problème a failli changer les donnes. Car certains délégués n’ont caché leur désolation face à ce bicéphalisme crée et entretenu par certains cadres du parti. Les dessous d’une rencontre sur fond de crise.
Instance statutaire, la conférence nationale permet d’évaluer le parcours du parti, de procéder à l’examen du bureau, d’analyser sans complaisance les forces et les faiblesses du parti. Celle du RPM a failli, plus ou moins, se transformer en une tribune de critiques. Dans les allées et les couloirs du Centre International des Conférences de Bamako, on entendait des propos acerbes à l’endroit du pouvoir en place. Surtout en ce qui concerne les Accords d’Alger dont le parti fustige avec véhémence. Au lieu d’aborder les maux qui minent le parti, l’intervention du président du parti, Ibrahim Boubacar Keita, s’est axée sur des préoccupations en déphasage avec celles du RPM à l’heure actuelle.
Le manque de confiance entre certains responsables, le double langage, le manque de communication, le silence coupable du président face aux difficultés, l’échec d’une éventuelle alliance entre RPM et le l’URD dont certains responsables viennent de décider d’apporter le soutien du parti au président ATT, les démissions en cascade de certains députés mécontents de la volonté de la direction du parti de ne pas soutenir les accords d’Alger, la fronde, animée par le député Bomboté, qui prend corps au sein du parlementaire, aucun de ces problèmes sérieux n’a été abordé. Or ces maux, qui rongent lentement le principal parti capable de faire basculer les résultats lors des élections de 2007, risquent de lui coûter cher.
Le moment est-il choisi pour que l’un des plus grands partis politiques sur l’échiquier politique national périclite ? Non serait-on tenté de dire. Mais, malheureusement c’est la réalité, le RPM a du mal, à quelques mois des élections générales de 2007, à retrouver toute sa marque. Et pour cause, le parti d’Ibrahim Boubacar Keïta est sur une braise ardente. Il y a quelques mois, ces responsables se sont montrés très critiques. Ils dénonçaient tout sur leur passage. La deuxième conférence censée trouver une issue, ne s’est pas sérieusement planchée sur les crises au sein du parti.
Des délégués de Sikasso remontés !
On se rappelle qu’il a un problème pendant au sein de la section RPM de Sikasso. Il s’agit de l’existence de deux sections. D’où la présence de deux délégations au compte de Sikasso. La première conduite par la section, la seconde menée par une coordination régionale dirigée par Housseini Guindo. La tendance dirigée par le député Housseini Guindo mais pas reconnue par les textes du parti semble avoir le vent en poupe. C’est Housseini Guindo qui a été choisi comme porte-parole à la grande désolation des meneurs de la section légale. Cette situation a failli créer une brouille qui a vite été circonscrite. Mais cette brouille demeure et risque, si on n’y prend pas garde, de polluer l’atmosphère à Sikasso au détriment du RPM. L’équation de ce bicéphalisme demeure insoluble pour le moment. « Pourquoi, le BPN veut entériner une décision qui n’est pas conforme aux textes du parti », s’est interrogé un délégué de Sikasso et de poursuivre : « Tant qu’on aura pas accordé de l’importance aux textes du parti rien de solide ne pourra se faire ».
Le RPM face à ses maux !
A l’analyse, le RPM est confronté à deux types de crises. Au sein même du parti, les difficultés se caractérisent par les querelles de personne, le manque de confiance, le manque de communication, les changements de casaques, les démissions en cascade. Pour illustrer ces différentes difficultés, on peut évoquer la crise de confiance entre l’élu de Sikasso, Housseyni Guindo et le secrétaire général du parti, Bocar Tréta, l’échec de l’alliance avec l’URD, l’humiliation subie par certains responsables du parti à Sikasso, lors du renouvellement de la section. En dehors du parti, les difficultés se résument en tout ce que le RPM suppose être victime. Les difficultés d’une alliance introuvable, la recherche sans succès des partis même avec les stratégies de soutien comme le cas des élections partielles de la CV, les différentes revendications, mise en garde du pouvoir en place contre une éventuelle mauvaise organisations des élections à venir, la dénonciation de la mainmise du pouvoir en place sur l’audio-visuel sont entre autres griefs toujours formulés par les responsable du RPM. On se rappelle, le récent le renouvellement du bureau de l’AN n’a pas été du goût du RPM. Le parti est sorti les mains nues. Depuis ce jour, les tisserands ont pris leur responsabilité en choisissant d’aller dans l’opposition. Ainsi, les mots durs sont devenus fréquents. Le renouvellement du bureau de l’AN a été déterminant dans les prises de positions actuelles au sein du RPM. C’est pourquoi, on entend généralement des propos tendancieux susceptibles de perturber la quiétude nationale, il y a de quoi à s’inquiéter. Face à deux genres de crise, la stratégie adoptée pour le moment c’est la mise en garde, l’intimidation, les récriminations, etc. Au lieu de s’asseoir et réfléchir sur les causes profondes des maux du parti, les premiers responsables font semblant. Ils assistent à une mort lente mais sûr du RPM.
Moussa Mamadou Bagayoko“