Le Rassemblement Pour le Mali (RPM) qui s’est frayé, depuis 2005, le chemin d’une opposition parlementaire, qui s’est par la suite transformée en opposition politique au vrai sens du terme, prépare un congrès extraordinaire de grand risque pour le début de l’année prochaine. A quelques mois de cette grande messe de portée stratégique pour la conquête du maximum de sièges aux municipales de 2009, nous avons joint l’une des têtes pensantes du parti, Bakary Koniba Traoré, alias Pionnier. Même si ce dernier a esquivé toutes nos questions se rapportant au grippage interne de la machine électorale du parti, il n’a pas caché toute son amertume vis-à-vis du régime du président Amadou Toumani Touré, qu’il accuse de l’avoir envoyé au chômage technique, à cause de ses opinions politiques.
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Annoncé depuis longtemps par votre quotidien préféré, le congrès extraordinaire, pour ne pas dire de clarification de la famille politique du Rassemblement Pour le Mali (RPM) s’approche à grands pas. Même si une date précise n’est pas encore fixée, les acteurs sont dans une grande ferveur de préparation pour cette importante assise. Tout porte à croire que ce congrès tant attendu par les uns et les autres, qui ont certainement assez de choses à se raconter, se tiendra dans le premier trimestre de 2008. Pour l’instant, toutes les sources contactées parlent avec des conjectures, sous réserve de la décision que le Bureau Politique National prendra dans les jours à venir. Ce congrès, à en juger les signes prémonitoires et symptomatiques, s’annonce des plus houleux, tant les griefs sont nombreux tant du côté des dirigeants du parti, qu’au niveau des militants à la base. D’abord, il sera question d’identifier les véritables causes de la descente aux enfers que la formation politique de Ladji Bourama a amorcée depuis les élections générales de 2002. Cela n’est plus un secret pour personne que le parti d’IBK traverse une crise de confiance qui se manifeste entre les différents leaders directoriaux et qui par ricochet affecte dangereusement son crédit auprès des Maliens. Cette situation s’illustre à travers les vagues de démissions depuis la fin de la belle épopée de 2002. Les départs du professeur Issa N’Diaye, de Lanceni Balla Keita, du professeur Bocar Sall, de Mme Maiga Zenab Mint Youba et de son mari, d’Ousmane Amion Guindo et tant d’autres, sont assez révélateurs d’un malaise profond qui sévit au sein de la famille RPM. Et quand on sait que dans l’intervalle d’un mandat législatif, le parti d’IBK est passé de première puissance politique avec 44 députés à une troisième place avec seulement 11 députés, il y a de quoi s’interroger sur la conduite du destin d’une telle formation politique. Et c’est justement ces interrogations qui nous ont amené un des vice-présidents du parti, Bakary Koniba Traoré, alias Ponnier. Mais notre entretien avec ce dernier nous a beaucoup laissé sur notre faim, car l’intéressé a préféré esquiver le vrai débat pour se plonger dans une colère noire contre le régime. A la question de savoir les vraies motivations de ce congrès extraordinaire, Pionnier nous a répondu qu’il se place dans le cadre de la préparation des communales de 2009. « Comme cela est devenu une tradition dans notre famille politique, chaque fois qu’une échéance électorale s’approche, on se rencontre pour se faire une stratégie de conquête. Tel a été le cas pour la présidentielle et les législatives de cette année. D’ailleurs cela est même un devoir existentiel pour tout parti politique. Nous voulons conquérir le pouvoir en 2012, alors il nous faut qu’on se fasse un chemin » a-t-il expliqué. Mais, ce que Pionnier n’a pas voulu dire, malgré notre insistance, c’est que ce n’est pas congrès qui peut garantir la vie d’un parti politique. La preuve, c’est que, comme lui-même le dit, le congrès extraordinaire qui a dicté les voies à suivre pour les échéances de 2007, n’a pas permis au parti de tirer son épingle du jeu. La dégringolade a été au contraire catastrophique, avec la déroute d’IBK à la présidentielle, où il n’a pu obtenir que 23% des suffrages et une déconfiture généralisée du parti aux législatives dernières, où il s’est retrouvé avec des miettes : 11 sièges ! N’y a-t-il pas péril en la demeure pour un tel parti qui nourrit les ambitions d’être à Koulouba en 2012 ? Mais ce qui est important et que Monsieur Pionnier a préféré mettre au compte de problèmes personnels ou d’humeurs, c’est qu’ils sont nombreux, les cadres du parti qui désavouent actuellement le président et son secrétaire général pour leurs prises de décision pas toujours démocratiques. IBK ne s’est-il pas opposé à l’entrée au présent gouvernement de Toumani Djimi Diallo, malgré tout l’enthousiasme que ce dernier manifestait pour ladite fonction ? On sait que IBK a clairement signifié à son fidèle qu’en entrant dans le gouvernement, il ne le fait pas au nom du parti et que le parti se ferait le devoir de faire un communiqué pour le souligner.
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On sait aussi que beaucoup de cadres sont devenus hypocrite envers le parti. Ce qui s’est d’ailleurs illustré en 2007, quand des présidents de sections et sous-sections du District de Bamako appelaient à voter contre le parti, à la présidentielle ainsi bien qu’aux législatives. On sait aussi que ce sont autant de décisions, dignes d’une dictature, qui ont amené le jeune député Ouesseyni Amion Guindo, alias Poulo, à quitter le parti et à provoquer du coup la perte du Kénédougou pour les Tisserands. On sait aussi que le peuple malien n’a plus confiance au président IBK à cause des pirouettes politiques qui ont jalonné sa direction des opérations depuis 2002. Des « tchous et tchas » de celui qui se fait pourtant appeler Kankélétigui, ont fini par irriter plus d’un dans ce pays. Telles sont les vraies questions qui seront les vrais sujets de ce congrès extraordinaire, que Bakary Pionnier n’a pas voulu aborder avec nous. A chacune de nos insistances, le vice-président nous a toujours martelé que cela appartient à de petits problèmes d’humeurs et qu’un congrès ne saurait être le lieu d’un règlement de comptes personnels. Et pourtant, ce sont ces comptes personnels qui sont à l’origine de la déconfiture que connaît actuellement le parti. Comment peut-on ambitionner Koulouba en 2012, quand la crise de confiance se généralise au sein du parti ? Comment peut-on gagner des communales quand le peuple manifeste une déception envers les méthodes d’un parti, quand le président dudit parti une fois élu, érige une montagne entre lui et les populations à la base ? Autant d’interrogations que Pionnier a adroitement évitées pour se plonger dans une colère noire envers le régime, qu’il accuse de l’avoir mis au chômage technique depuis le 15 Février 2006. Pionnier explique sa mise au chômage technique par le fait qu’après la victoire du jeune Poulo, (à l’époque membre du parti) à la partielle de Sikasso, le parti a organisé un meeting à cet effet, où il a dû tenir des propos musclés contre le pouvoir, ce qui lui a valu son limogeage par le ministre des Finances, Aboubar Traoré, de son poste de Directeur Général de la Dette Publique. En le limogeant, le ministre lui aurait signifié que son acte découlait d’une instruction ferme qu’il a reçue de la part de ses supérieurs hiérarchiques. Cela, malgré les valeurs de grand cadre qu’il incarne. Toutes choses qui l’amènent à regretter le fait d’avoir démissionné de son juteux poste d’assistant à la BAD, en 1993, pour des motifs patriotiques pour regagner son pays, à l’appel du président Alpha Oumar Konaré qui lui avait fait appel pour une fonction ministérielle. Aujourd’hui, il se dit abandonné à son triste sort par le régime.
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Abdoulaye Diakité
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