L’organisation régulière de conférence de cadre a constitué pour le RPM des tribunes appropriées pour livrer ses idées politiques dans une ambiance de consensus. La dernière, tenue ce samedi 14 octobre 2006 dans la salle des spectacles du stade omnisports Modibo Kéïta a permis aux tisserands de définitivement rompre avec la langue de bois. Le RPM est résolument engagé à conquérir le pouvoir en 2007, pour cela il entend insister sur une clarification nette de tous les préalables. De la question de la CENI à la révision des listes électorales, la confiscation des médias publics, le règne de la pensée unique, le populisme du régime tout est passé à la loupe.
Décidément, la consigne de la rupture est donnée au RPM. En effet, dans un mouvement d’ensemble sans précédent, tous les dirigeants du parti ont haussé le ton dans leurs différentes interventions, de façon uniforme.
Le parti de IBK longtemps piégé dans son propre carcan suite à sa décision de soutenir ATT au 2e tour de l’élection présidentielle de 2002, s’est vite rendu compte de son erreur sans que les responsables n’aient jamais eu le courage de le dire publiquement. Le consensus dès la constitution de son 1er gouvernement avait mis le RPM dans une réserve gênée. Dès ces instants, le parti n’a cessé de trouver des opportunités pour s’affranchir du consensus. Pourtant comme s’il l’avait compris? le régime en place n’a jamais offert au RPM l’occasion de claquer la porte.
« Nous sommes ensemble mais je t’aime pas » semblait être la conduite adoptée par le RPM qui, après s’être égaré, se « cherchait ».
Le parti après avoir commis son pêché originel (soutenir ATT) est parvenu jusque-là à se maintenir, pas de bévues, pas de fautes politiques, pas de maladresse et surtout n’avoir pas pris la responsabilité de casser le consensus. A défaut, l’on est allé à l’autre étape avec le RPM qui joue son rôle de challenger du général président tout en restant avec lui. C’est à une sorte de jeu de cache-cache que l’on joue avec une forte dose d’hypocrisie à la Malienne.
L’organisation régulière d’espace de débat à travers les conférences de cadre a aussi constitué une intelligence démocratique des tisserands qui ont toujours fait passer leurs messages tout en restant conformes au contexte politique.
UN ESPACE APPROPRIE D’EXPRESSION
La conférence des cadres de ce samedi 14 octobre 2006 a une fois de plus répondu aux soucis des responsables qui entendent faire part des idées du RPM dans ce contexte politique particulier. Les travaux dirigés par la 1er vice- présidente Mme KEITA Rokiatou N’DIAYE ont été un espace adéquat pour débattre.
La déclaration lue par le secrétaire politique du BPN M. Bakary Koniba TRAORE dit pionnier était un peu plus claire et annonce nettement la position des tisserands.
En effet dans cette déclaration, le RPM réitère sa volonté inébranlable de conquérir le pouvoir pour le bonheur du Mali. Pour cela une CENI consensuelle est un préalable qui pourtant aujourd’hui est à la croisée des chemins, avec la mise en place, dans des conditions bancales. C’est donc du cinéma auquel vous êtes convié avec cette CENI qui tente de marginaliser le parti le plus puissant de l’assemblée nationale et la seule force politique ayant annoncée sa candidature à toutes les élections à venir. Pour le RPM dans sa déclaration, il ne peut y avoir d’élections libres, transparentes, démocratiques, crédibles sans la présence effective du RPM à tous les niveaux du processus.
Le RPM ne reconnaît la CENI actuelle dans sa forme, ni dans son fond, c’est pourquoi le parti à attaquer le décret de nomination des membres de la CENI.
La déclaration se poursuit en ces termes : « le RPM a fait de la loyauté son credo, même s’il n’a jamais été récompensé à la dimension de ses efforts ».
La déclaration est terminée par cette phrase « dans les jours à venir, vous allez recevoir des signaux clairs et des directives fermes quant à la conduite à tenir ».
L’honorable Bakony BALLO, président du groupe parlementaire RPM-RDT, a salué la constance et la dignité de ses pairs face aux différentes tentatives de division et de discrédit. Il a notifié la constitution du bureau de l’assemblée nationale de cette année sans le RPM, une fois de plus, et cela dans une atmosphère de complot.
Il termine son propos par une mise en garde fait à l’endroit des autres députés «agissons avec nos consciences de sorte que dans notre dignité d’homme après l’hémicycle nous puissions nous regarder droit dans les yeux ».
L’honorable Boubacar TOURE et la 1ère vice- présidente étaient allés dans le même sens, celui de la mise en garde contre le tripatouillage des élections à venir, en fustigeant, au passage les dérives de la gestion actuelle du pouvoir par le régime en place.
UNE CENI CONTROVERSEE
Le RPM ne reconnaît la CENI actuelle ni dans sa forme ni dans son fond et le décret de nomination est attaqué devant la section administrative de la cour suprême Me Mamadou GAKOU est l’avocat commis par Espoir 2002 pour assurer la partie judiciaire du combat politique ainsi engagé. Il n’y a rien à faire les agissements du pouvoir et la gestion du dossier CENI, font douter des intentions par rapport à la bonne organisation des scrutins futurs. Selon ME GAKOU sinon comment comprendre que le ministre qui avait fixé le délais de réception des différentes listes au 18 septembre, ait alors attendu le 21 septembre pour annoncer qu’il avait reçu 2 listes au compte du regroupement Espoir 2002. La lettre d’invitation à fournir les 2 noms était pourtant adressée au président de Espoir 2002, la liste qu’il a envoyée était comparée avec une autre liste venant « d’anonymes du CNID, du MPR, et du PLM » puisqu’elle n’était pas signée des 1ers responsables.
Me GAKOU fournit ensuite ses arguments juridiques ainsi le décret est présenté comme ayant été signé le 26 septembre par le président de la république pourtant à cette date ce dernier était en Roumanie. Et Me GAKOU de commenter « peut être que le conseil des ministres s’est déroulé à Bucarest ou dans l’avion ».
Le décret de nomination est promulgué pour nommer les 15 membres de la CENI, alors que le décret l’a été encore que seulement 12 membres étaient en place. Ces quelques dysfonctionnements commandent désormais de se méfier des intentions du ministère de l’administration territoriale.
La CENI est plus que jamais au centre du débat, le RPM entend aller jusqu’au bout de sa logique pour une clarification du concept de CENI qui est plus que important dans le processus.
LE RPM : Victime systématique
Le CNID, le MPR, et PLM dans leur communiqué de reconnaissance de la liste envoyée par le président fustige la victimisation systématique du RPM qui a l’art de se faire toujours passé victime. De part l’histoire de la constitution du RPM, cette accusation a choqué les tisserands qui ont vite fait de préciser que le parti de part sa bonne volonté a tout le temps été victime.
L’honorable Boubacar Touré qui a répliqué à cette accusation a étalé toute une liste d’événements à l’occasion desquels le RPM aurait créer le désordre.
Mais jamais le parti n’est allé dans ce sens, c’est certainement cette attitude qui a vu le prolongement des événements qui de plus en plus marginalise le parti, qui au nom du Mali ne réagit pas.
Le parti de Ladji Bourama qui avait été constitué après le différend de ce dernier avec l’ancien président de la république Alpha Oumar KONARE traîne ce précédent. L’opinion publique en politique adhère très vite à la cause des victimes, accusé le RPM de jouer systématiquement au victime peut être grave pour ce parti, car l’accusation est vraisemblable et elle peut prêter a confusion ou du moins a problème. L’atmosphère politique quoi que l’on dise est tendue. Le « combat » nous semble-t-il va se jouer aux points, les différents camps semblent avoir compris l’âpreté du combat.
Les positions sont désormais figées, plus l’on se rapproche des élections générales, plus les prises de positions seront radicales.
Au RPM entre le regret d’avoir accompagné ATT pendant 5ans et la volonté de triompher en 2007, la marge accordée à la surenchère est importante. Avec des attitudes comme celles des PDG de la CMDT et de son frère de député, du ministre de la santé, et plein d’autres anonymes que vaut réellement le RPM de nos jours ?
Wait and See.
Youba KONATE
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