A l’occasion de la célébration du 10ème anniversaire de la création du Rassemblement Pour le Mali (RPM), nous vous proposons le parcours du parti de l’honorable Ibrahim Boubacar Keïta, ancien premier ministre et ancien président de l’ADEMA- PASJ et de l’Assemblée Nationale du Mali.
«30 juin 2001-30 juin 2011, le Rassemblement Pour le Mali (RPM) célèbre le 10ème anniversaire de la création. 1O ans de parcours semé d’embuches, mais 10 ans de constance et courage, 10 ans de fidélité à l’Idéal, mais aussi de sacrifice au Projet, et au service exclusif du Mali, du Rassemblement pour le Mali.
Le Rassemblement Pour le Mali (RPM), faut-il le rappeler, est né dans la douleur et dans la déchirure, comme dans une césarienne sans anesthésie. En effet, pour beaucoup de ses fondateurs du RPM la décision de quitter l’Adema lors de la Conférence nationale des 7,8 et 9 octobre 2000 a été épreuve douloureuse et un risque politique majeur. Mais elle a été aussi un choix réfléchi de liberté, d’honneur et de dignité qu’il fallait assumer, pour l’Histoire, pour la démocratie, pour le Mali.
Dans cette prospective, la trame de la lettre de démission du Camarade Ibrahim Boubacar Keïta, lue à la reprise de la séance le 8 octobre 2000 au Palais des congrès de Bamako, était déjà porteuse d’alternative :
« (…) Tout notre pays, tout notre peuple savent aujourd’hui que la tête de Ibrahim Boubacar Keita a été mise à prix, et savent d’où vient le coup. Ce combat ne vaut pas d’être mené. (…) Le nouveau parti Adema qui se profile ne saurait être, en aucun cas, conforme à mon sens de l’éthique et de la morale politique…»
Le mot est lancé : «éthique politique», «morale politique». Poussés à la démission de leur parti d’origine, des cadres et militants, des démocrates et des patriotes attachés aux idéaux et valeurs qu’incarnent IBK, venus de divers horizons, fidèles au aux engagements et au sens du combat du Mouvement démocratique, se sont regroupés autour de l’ancien Premier ministre Ibrahim Boubacar KEITA (IBK) pour créer un Mouvement politique dénommé «Alternative 2002». Très rapidement, le Mouvement prend de l’ampleur : des cadres aux paysans, des politiques aux associatifs, de la jeunesse aux femmes, des villes à la campagne… Bref, le Mali de 2001 réclame son idole : IBK, le «Kankélen tigui».
En repos sabbatique à l’extérieur, le camarade IBK dont avait dit avoir fui le pays, par peur de répondre de sa gestion, rentre triomphalement par une haie d’honneur, fait la revue de ses troupes et crée avec des camarades restés fidèles et des partisans dont le nombre ne cesse de croitre en cette mi 2001 le Rassemblement Pour le Mali (RPM). C’était, il ya 10 ans, le 30 juin 2001 au Stade Omnisports Modibo KEITA de Bamako !
Le Rassemblement Pour le Mali (RPM) est donc né, «se fondant sur les vertus d’intégrité, de droiture, d’honneur et de dignité pour faire autrement la politique». La pierre angulaire de l’action et de l’engagement du Rassemblement Pour le Mali est : «Penser ce que l’on dit, dire ce que l’on pense et faire ce que l’on dit» et ses responsables s’engagent : «sans faille à faire autrement la politique (toute chose qui) impose au RPM à placer le Mali au dessus de tout dans son seul combat – celui du bien-être des Maliens» (Extrait de la Déclaration du BPN-RPM du 06 juin 2005).
Tel était le Rassemblement pour le Mali (RPM), partis d’hommes et femmes debout et dignes, des démocrates et patriotes qui ont droit au janjo, le parti de l’alternative et de l’espoir auquel les maliens, en masse, adhèrent : pour l’idéal contre le situationnisme, pour la vérité et justice contre la compromission et l’opportunisme, pour le Mali contre les profiteurs, pour le «Kankelen tigui» contre les hâbleurs.
Tel était et tel reste le RPM qui, dans la Mouvance des élections générales de 2002, rassemble autour de lui, la plus grande constellation politique de la démocratie malienne en vue d’asseoir l’alternance sur des bases réellement patriotique et démocratique : «Espoir 2002».
Pour autant, pour autant… Par truchement de «la manipulation frauduleuse des résultats chiffrés du vote», les « 52,4% » obtenu par le candidat du Rassemblement Pour le Mali (RPM) ne franchiront jamais le seuil de la censure de Cour constitutionnelle. Et suprême provocation, le «Kankelen Tigui» des maliens, ne franchira pas le seuil du premier tour. Et pour cause ?
Réunissant ses partisans légitimement outrés, le samedi 4 mai 2002 au Stade du 26 mars, la principale victime de l’arnaque électorale explique :
« (…) Le suffrage des Maliens, librement, régulièrement et clairement exprimé, n’aurait laissé aucune place au doute quant à leur volonté et leur détermination farouche à en finir avec un néo-patrimonialisme hors de saison. C’est bien pourquoi ce suffrage a été détourné, manipulé de façon grossière et tronqué à souhait pour satisfaire au seul objectif d’aboutir à la nomination de celui qui est souhaité aux termes d’accords secrets de polichinelle. Mais Dieu Tout Puissant veille et protège le Mali. Tout a été mis à nu. Tout est découvert».
L’homme qui pouvait ce jour là prendre le pouvoir, suivant le «scénario malgache», (mais encore une fois dans le sang et les déchirements), fait don de soi, et parce que pour lui rien ne vaut le Mali, renonce à l’appel de rue et appelle son peuple au calme et à l’apaisement :
«Le peuple en ses diverses composantes a tout compris. Il est en colère. Vous êtes en colère. C’est normal. Il est furieux et profondément indigné. Vous êtes furieux, profondément indignés. C’est légitime.
Pour autant, notre devoir de leader responsable, de patriote aimant sincèrement ce pays, contrairement à beaucoup d’autres qui n’ont souci que d’eux mêmes, notre devoir, dis-je, est de déjouer les provocations. (…) Pour l’heure, malgré la douleur insondable et, ô combien légitime, qui étreint les cœurs, sachons raison et patience garder (…). La colère gronde. La révolte est à nos portes. L’indignation est à son comble. Pour autant ! Nous souhaitons que tous aident et concourent à l’apaisement».
C’est donc dans un contexte d’apaisement (voir d’accompagnement) que le Rassemblement pour le Mali (RPM) et ses alliés de Espoir 2002 iront aux législatives qu’ils gagneront haut les mains en faisant au passage du portage pour certains candidats de la Mouvance présidentielle; qui changeront de camp juste après leur élection.
Avec 46 députés, le parti est largement majoritaire à l’Assemblée nationale et son président est élu au Perchoir le 16 octobre 2002…, malgré tout. Le RPM forme avec ses alliés l’Inter-groupe Espoir 2002 avec 64 députés. Mais, dans le Mali du consensus naissant, arguer et revendiquer le fait majoritaire est un cassis belli. Et ça ne tardera pas de jouer des déboires au RPM dans ses rapports avec ses alliés de circonstance, qui ne partagent pas sa vision, son éthique, et sa loyauté.
L’épisode de la déclaration du 8 juin n’est-il pas à cet égard révélateur du climat de la dégénérescence démocratique au Mali ? En effet, le simple fait pour un parti allié d’interpeller, sans aucune désobligeance, le Président sur les priorités et les urgences de l’heure en ces termes :
«(…) II s’agit aujourd’hui, pour le Président Amadou Toumani TOURE, de prouver qu’il a eu raison de solliciter le suffrage des Maliens et que le RPM ne s’est pas trompé de choix. II s’agit aussi et surtout pour le Président de tous les Maliens de donner à notre peuple des signes d’espoir pour un lendemain meilleur»…
Mais, le RPM et son président se rendent vite à l’évidence qu’en de fait de consensus prôné, il ne s’agissait que d’un neo-patrimonialisme hors-saison, d’une caporalisation du fait partisan et d’une dangereuse fragilisation de la démocratie. Idéaliste sans être candide, le président du Rassemblement Pour le Mali (RPM), au haut de la Tribune de l’Assemblée nationale lance donc un appel au sursaut national en vue de mettre le pays en situation au regard des dérives qui planent sur la démocratie, lors de la rentrée parlementaire d’octobre 2005 : «(…Mais) Tant qu’existeront des démocraties en construction, les «situationnistes pousseront comme des champignons…». Après le président de la République, voilà que le RPM s’en prend aux députés et à l’ensemble de la classe politique en les traitant de «situationnistes» (un terme que la plupart des courtisans ont, pour la première fois, entendu à leur dépends), clameront-ils partout. Se sentant donc morveux, la coterie des situationnistes s’est donc mouchée. Il faut faire payer à l’Opposant embusqué dans le consensus sa liberté de ton et sa franchise, son courage politique qui frise la suffisance et l’arrogance au goût de certains.
A l’occasion de même rentrée parlementaire donc, par un combinazione d’Etat que l’histoire de la démocratie malienne retiendra, «la nouvelle majorité présidentielle» chasse la majorité parlementaire (même relative) au moyen d’une «unanimité parlementaire». L’allié Koulouba et sa nouvelle majorité ont-ils dès lors laissé le choix à l’adversaire IBK (le seul qui a refusé de s’aplatir et de renoncer à être candidat) et à son parti qu’ils ont mis tout en œuvre pour isoler en vue de l’échéance 2007 qui à leurs yeux aurait pu être une revanche pour le Kankelentigi.
De ce qui précède, le choix de l’Opposition, que la presse, à raison, avait qualifiée de «forcée», s’était une fois de plus imposé au Rassemblement Pour le Mali (RPM) et à son président, par les circonstances et les enjeux politiques. IBK et son parti ne se défileront pas. C’est dignement et honorablement à partir donc d’octobre 2005 que la posture sera assumée et sans aucune naïveté, avec calme et sang-froid jusqu’en avril 2011.
Car : «l’objectif affiché (était) d’affaiblir le R.P.M. et son président avant les élections générales de 2007, voire même si possible, l’isoler et l’abattre. Qu’à Dieu ne plaise ! (…) Sachez-le, pour notre peuple, pour la démocratie, nous ne redoutons pas plus vos dédains que vos menaces».
Vous pouvez bafouer nos droits, croire nous humilier, vous ne pourrez jamais, ni nous déshonorer, ni nous abattre» (Extrait de la Déclaration du 14 octobre 2005)
Comme le dirait le camarade Secrétaire à la Communication, le parti majoritaire est donc en mission forcée dans l’opposition et son président peut rappeler à l’occasion de la 2ème Conférence Nationale du Parti aux retardataires et aux hésitants que désormais « nul ne détournera de notre chemin » : «(…) Héritiers d’hommes fiers et debout, nul ne saurait comprendre que nous démissionnions de nos tâches du moment. La mission sera poursuivie avec calme, sérénité, sang froid, mais sans aucune espèce d’once de peur ou d’inquiétude.(…) Héritiers sachant d’où nous venons, nous ne saurons et nous ne saurions pardonner aucune complaisance, vis-à-vis de nous-mêmes ni d’un autre.(…). En ce qui nous concerne, au RPM, nous avons choisi de servir ce pays avec courage, conviction et engagement constant. Nulle diversion, nulle déformation volontaire de nos analyses et prises de position à des fins faciles à deviner, ne nous détourneront de notre chemin (ndla : de l’opposition). (…) Tout le monde ne peut et ne saurait s’y sentir à l’aise. Bonne chance et grand bien fasse à ceux qui choisissent d’être sous d’autres cieux ! C’est aussi cela la démocratie ! Notre chemin à nous, (ndla : l’opposition), est par trop exigent au triple plan de l’engagement patriotique sincère, de l’éthique et de la morale pour ne pas nous exposer au pire des desseins. Plaise à Dieu, rien ne nous fera baisser l’arme. Ce chemin qui nous honore, restera hélas, à jamais, inconfortable pour beaucoup.(…) Notre éthique est assurément d’exigence rigoureuse. Elle demeure notre… ». Le RPM seul parti donc dans l’opposition ? Fort de l’estime du peuple, de l’accompagnement des démocrates et des patriotes, le Parti du Tisserand en route vers les élections générales prend le courage patriotique de se singulariser une fois de plus à l’occasion de l’éclatement de la rébellion touareg à travers une déclaration qui restera dans les annales politiques comme un chef d’œuvre de perspicacité, d’anticipation et de responsabilité : «(…) Certes, nous ne sommes pas des va-t-en guerre ! Personne ne souhaite jamais la guerre. Mais s’agit-il de cela ? Nous disons non. Ne nous laissons pas abuser. Il y avait simplement des responsabilités à assumer et rien d’autre. Traiter les problèmes aux véritables niveaux où ils se posent. C’est tout ! Les rodomontades n’y changent rien ! ….» (Extraits déclaration du 12 juillet suite à la signature de l’accord d’Alger). Cette fois-ci IBK et son parti ont franchi le Rubicon du consensus en s’opposant ouvertement et vertement à ATT. Car, en s’opposant à l’Accord d’Alger, ils se sont opposés à ATT et à la Paix… L’on comprendra aisément pourquoi, devant le Peuple du Tisserand, IBK disait « nulle déformation volontaire de nos analyses et prises de position à des fins faciles à deviner, ne nous détourneront de notre chemin ». En effet, tout le monde savait que l’Accord d’Alger n’était rien d’autre qu’un cheval de Troie maladroitement engagé dans la folle course pour 2007 pour l’issue de laquelle on pouvait tout sacrifier. Le RPM a-t-il eu tort de dénoncer l’Accord d’Alger ? En tout cas, force est aujourd’hui de constater que la paix et la sécurité reste encore un défi à relever au Nord-Mali. Le « Takokelen 2.0 », ou la présidentielle de 2007 s’est soldée par une moyenne supérieure au total… Le Président, comme c’était l’objectif, fut « démocratiquement élu » avec plus de 70% des suffrages, ses partisans largement envoyés à l’Assemblée nationale. Une bérézina électorale pour le RPM… un « parti ennemi » avait projeté d’éradiquer totalement de la scène politique ? Contre toute attente, le parti du Tisserand s’en sort avec 11 onze députés, un chiffre hautement symbolique pour ceux qui savent. Un résultat éloquent pour un parti d’opposition dont les cadres et les militants ont subi et subissent toutes sortes de répressions et de brimades, mais un résultat qui permet au RPM de faire entendre sa voix courage et digne au sein de l’Hémicycle. Donné comme totalement laminés, attaqué de l’extérieur et fragilisé à l’intérieur, le Rassemblement Pour le Mali (RPM) à la veille des communales de 2009 était dans la posture d’une bête qui devrait être conduit à l’abattoir. Mais à leur grande surprise, ceux qui ont rédigé d’avance l’oraison funèbre du Parti d’IBK doivent se résoudre à faire contre mauvaise fortune bon cœur et dire qu’un grand parti fondé sur les vertus morales et dirigé suivant l’honneur et la dignité ne meurt jamais. Car, au résultat des communales, le RPM est la troisième force politique du Mali, malgré tout ce qui a été entrepris pour le diviser et le liquider. Face aux échecs réplétifs de division et de fragilisation en vue d’en finir avec une ligne politique gênante, et face au regain de popularité du parti qui attirent à nouveau de plus en plus de militants, depuis l’année dernière, une campagne forcée de désinformation et de manipulation est savamment orchestré en vue de discréditer le parti et notamment son président IBK qui apparait à onze mois de la présidentielle de 2012 comme l’alternative la plus crédible et la plus patriotique. N’a-t-il pas été insidieusement distillé dans l’opinion qu’IBK, pour être président, sur les conseils des charlatans, a quitté son domicile pour aller loger au « Koulou bleni » ou quelque part derrière le fleuve ?
Aux jeunes militants qui s’offusquent de la mollesse de l’opposition RPM, le président IBK aime répondre que la démocratie est un débat d’idées, et non une surenchère politicienne pour promouvoir et préserver des postures personnelles, pour paraphraser François Bayrou, «être dans l’opposition n’est pas une infamie et la politique, ce n’est pas la guerre civile». C’est pourquoi, de sa naissance à ce jour, parti de combattants de longue date, de démocrates et de patriotes éprouvés, le RPM s’est toujours refusé à cette petitesse oppositionnelle, car, pour le parti du Tisserand, casser et brûler, n’est pas de l’opposition, c’est pure vandalisme.
Cela a-t-il toujours été compris de tout le monde au sein et en dehors du parti ? Si en dehors du RPM cette option responsable et sage a été souvent assimilée à la « peur » ou à la « résignation », au sein du parti, elle a nourri un fort courant de frustration, démobilisatrice des militants souvent impatients et pas toujours sainement informés ?
Dix ans après sa naissance, le RPM, il faut le reconnaitre en a souffert, par moments de dysfonctionnement dans l’animation et la communication interne ; et souvent de désinformation. Mais à force de persévérance et de pédagogie des premiers responsables du parti, beaucoup font aujourd’hui le chemin inverse et adhère la stratégie de responsabilité et d’apaisement. C’était le prix a payer, estiment les responsables du BPN-RPM pour que les militants soient en phase avec les idéaux du parti et pour que la politique soit autre chose que «combinazone» et artifices politiciennes pour tromper et parvenir à ses fins. Même de l’autre coté, beaucoup n’hésitent plus à lever le chapeau au courage, au patriotisme et à la loyauté d’IBK et de son parti et à dire que le RPM apparait aujourd’hui comme la seule alternative crédible au Mali. Un crédit confirmé par des sondages indépendants qui projettent IBK et son parti vers un triomphe certain en 2012.
Mais, à Onze mois de l’échéance, le chemin reste encore long à parcourir pour un jeune parti de 10 ans qui doit encore convaincre, rassembler, se réorganiser, se redéployer, récréer la confiance, redessiner l’espoir, potentialiser à nouveau la popularité qu’incarne son leader… pour véritablement être prêt à rendre éclatante sa victoire, à la gérer et la partager avec tout le Mali et en faire profiter tous les maliens.
Cellule communication du RPM