CHRONIQUE : IBK avoue son crime politique odieux

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9 décembre 2006. Stade Modibo Kéïta. Ibrahima Boubacar Kéïta, au cours du meeting ouvrant sa précam­pagne présidentielle 2007, avoue enfin l’odieux crime politique qu’il commit au second tour de la présidentielle de 2002.

Auparavant, Bakary Koniba Traoré, alias Bakary Pionnier, transhumant de la classe politique en voie de disparition, dans un pompeux discours en bambara, puisa l’essence du Coran pour donner rendez-vous, le 8 juin 2007, à Koulouba, aux centaines de jeunes militants dont la moitié n’ont pas encore l’âge d’accomplir le devoir civique.

Bakary Pionnier, oublie-t-il qu’il n’est rien d’autre qu’un mortel qui se met, en toute ignorance, à la place de Dieu. Il n’est même pas sûr de se réveiller demain. S’il ne meurt pas aujourd’hui. Bref ! Il n’est pas Dieu, encoure moins un dourouni, pour prétendre savoir ce qui se tramera le 8 juin 2007 au sommet de la colline du pouvoir. Quel curieux personnage, ce Pionnier ! Il n’était pas seul dans son cas.

Le staff du corps diplomatique présent au meeting d’ouverture de précampagne du candidat IBK est on ne peut plus curieux. D’autant que rien n’explique sa présence sur la scène politique malienne en cette veille d’élection présidentielle. Sa présence ici s’appelle, sous d’autres cieux, trafic d’influence.

C’est donc sous le magistère du staff du corps diplomatique et quelques chefs de particule, qu’IBK prit langue avec ses militants. «Votre mobilisation montre que le Rpm est vôtre», caqueta-t-il avant de les supplier de ne pas tendre l’oreille à ceux qui prétendent que son parti n’est qu’un tonneau vide qui roule sur la pente raide de Koulouba. Qui sont-ils ? A ceux-là, IBK signale que «le Mali est vaste. Ça se jouera à l’intérieur du pays».

En fait, que représente le Rpm, concrètement, en milieu rural, au pied des falaises de Bandiagara ou dans le grand désert du nord ? Lorsque la campagne sera ouverte aux prétendants des délices de la colline du pouvoir, tout sera clair. «Nous ne sommes pas encore en campagne», précise, à ce propos, le teigneux prince de Sébéninkoro qui se met enfin à table. Mais, il aura fallu que les esprits retors, mais courageux, en parlassent pour qu’il soit enfin décidé de passer à table. Non sans qualifier leurs arguties de version fallacieuse par rapport à la manière cavalière dont il changea de casaque en 2002.

Pour l’essentiel, il reconnaît son crime politique odieux. Aujourd’hui, pour se justifier, pour se faire pardonner, il soutient sans respirer que c’était pour éviter au pays le chaos qu’il céda à la demande d’ATT. Contre quoi ? De l’argent ? Le titre de premier ministre ou de président de l’auguste Assemblée nationale du Mali ?

Quoi qu’il en soit, Ibrahima Boubacar Kéïta n’a pas donné sa langue au chat pour ses beaux yeux, son sourire radieux. Gratuitement ! Soyons sérieux ! C’est effectivement moyennant «quelques peccadilles» que le président du Rpm donna sa voix au seigneur de Koulouba. Aujourd’hui, il le regrette amèrement. Parce que tout simplement, constate-t-il, «de l’autre côté» (Ndlr : ATT), «c’est du bluff». De l’autre côte, dénonce-t-il, après la victoire, «il a changé l’analyse. Il a changé les propos… On noie la majorité». Comme le font si bien les politiciens de la dernière heure.

L’homme qui affirme mordicus qu’il ne saurait être qu’un homme politique définit l’autre côté comme un politicien.

Cet énergumène qui négocie dans le dos de la masse. Mais lui, IBK, ne négocie jamais en laissant la masse derrière. Il ne trahira en fait jamais. Dès lors, comment qualifier le rôle qu’il joua en 2002. «C’est négocié derrière le dos de  la masse». IBK l’a fait sans l’avis de personne. Il n’a pas en tout cas consulté ses militants lorsqu’il traficotait avec le candidat indépendant ATT. Seul les traîtres frappent dans le dos.

En effet, IBK avait un capital de sympathie extraordinaire qu’il vendangea  on ne sait pour quelles raisons. Maintenant, il veut le reconquérir sous la casquette d’un général de Gaulle. Lorsqu’il le cite : «Je vous ai compris. Patati patata. Je serai votre homme».

Dans l’histoire de la France, Charles de Gaulle renvoie systématiquement à l’Appel du 18 Juin lorsqu’en 1940 tout foutait le camp. N’est pas le général de Gaulle qui veut.

C’est dire que n’est pas «l’homme du 18 juin, pardon… 8 juin, qui veut». C’est donc là, assurément, une plaisanterie de très mauvais goût. En se référant à l’homme du 18 Juin, IBK fait naturellement penser à un Français haut en couleur fondateur du Circ (Collectif d’informations et de recherche cannabiques). Ce même personnage hexagonal lança lui aussi un appel du 18 joint. Joint comme le pétard.

IBK n’est pas conséquent. Il ne pèse même plus ses mots. Charles de Gaulle qu’il réveille dans sa tombe ne marchandait pas laissant derrière lui la populace. Il ne traînait pas non plus certains complexes.

Ayant pour unique levier et programme la vengeance, IBK veut à tout prix descendre ATT au motif spécieux qu’il n’a pas respecté ses engagements.

Faudrait-il confier les destinées du Mali à un homme qui traita, en bon traître politique, les affaires de son parti sans l’avis de ses militants. 

Jo BATHILY

 

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