Submergé par les flonflons d’un 9e anniversaire, le président du Rassemblement pour le Mali (RPM), Ibrahim Boubacar Keïta, a joyeusement expliqué à la Presse, ce mercredi 30 juin 2010, que son parti n’est jamais sorti déprimé des élections. D’ailleurs, IBK soutient ne nourrir aucun complexe par rapport aux résultats du parti, de a création à nos jours. Mais entre le discours du « Tisserand en chef » et le langage des chiffres du RPM, il y a des kilomètres à franchir.
Un ancien compagnon d’IBK (du temps de « Espoir 2002 ») disait en substance qu’en 2001, le président du RPM s’était construit une machine électorale et non un parti politique. Cet ex-compagnon tirait la substance de ses propos de la dégringolade subie année après année par le RPM, depuis sa création en 2001 au stade « Modibo Keïta ». Mais IBK refuse de voir cette réalité en face, encore moins de l’admettre. Mieux, il tente de peindre en rose un tableau sombre. Aussi, ce mercredi 30 juin, au siège du parti sis à l’Hippodrome, à la faveur d’une conférence de presse, le président du RPM s’est voulu serein face à la question.
« Notre parti, le RPM, n’est jamais sorti d’une élection déprimé. Je n’ai aucun complexe avec les résultats engrangés par le parti. D’ailleurs, je suis le seul homme politique du pays qui dit ce qu’il pense au chef de l’Etat (NDLR : ATT), sans que ce dernier ne pense que cela est de façon intéressée. La preuve, c’est qu’en 2002, je lui ai dit que je ne suis pas intéressé par un portefeuille ministériel ».
Ces propos sont révélateurs de la satisfaction du « Prince de Sébénikoro » par rapport aux résultats électoraux de son parti. Pourtant, IBK devrait à présent accepter de voir la réalité en face, de cesser de se leurrer et de se mettre au travail dans la perspective de 2012. Surtout qu’il s’est beaucoup enthousiasmé de la décision du chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré, de respecter l’article 30 de la Constitution, et de ne pas prétendre à un troisième mandat.
Sinon, comment comprendre qu’IBK affiche une telle sérénité, surtout au moment où les chiffres électoraux ne plaident pas en faveur de son parti ?
Tenez, aux législatives de 2002, le RPM s’en était tiré avec 46 députés. Mais en 2007, le parti n’a pu en obtenir que 11. Et actuellement, il ne lui en reste plus que 10, un ayant démissionné au profit de la CODEM. De 1620 conseillers communaux en 2004, le RPM n’a pu en engranger que 928 en 2009. De 106 maires en 2004, le parti RPM n’en a aujourd’hui que 61. De 5 présidents de conseils de cercle en 2004, le parti n’en a plus que 4 de nos jours. Sans oublier qu’en 2004, le parti détenait la présidence d’une Assemblée régionale (Kayes), et qu’en 2002, celle d’une institution. Aujourd’hui, le RPM n’a presque rien.
Voilà des chiffres qui, au lieu de leur faire bomber le torse, devraient pousser IBK et les siens à la raison et à l’humilité. IBK lui-même n’a-t-il pas passé au premier tour des législatives de 2002, alors qu’en 2007, il a fallu une coalition de partis politiques pour « l’extirper des serres » du jeune Moussa Mara ? De 23% des suffrages à la présidentielle de 2002, IBK n’a pu récolter que 19% en 2007. Disons enfin que pour un parti qui ambitionne d’accéder à la « colline de Koulouba » en 2012, il est bon, et même utile, de regarder en face les réalités de ces résultats électoraux.
Abdoulaye Diakité