La nouvelle a eu l”effet d”un mini-tremblement de terre dans le landerneau politique katois : le président de la Section du Mouvement Patriotique pour le Renouveau (MPR) Monzon Kéïta et les membres de la sous-section de cette ville viennent de démissionner en bloc de ce parti. Les démissionnaires ont signifié leur décision à travers des lettres individuelles qu”ils ont adressées au Bureau Exécutif Central, le directoire du MPR, à la veille du congrès du parti dont les travaux se sont déroulés fin décembre 2006.
Les démissionnaires reprochent au parti de n”avoir pas consulté la base avant de signer la plate-forme de l”Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP) un regroupement électoraliste pour soutenir le président Amadou Toumani Touré au cas-plus que probable-où ce dernier sera candidat à sa propre succession lors de la prochaine élection présidentielle dont le premier tour est prévu pour le 29 avril.
Aux dernières nouvelles, le président démissionnaire, Monzon Kéïta, a déjà écrit au Rassemblement pour le Mali (RPM) de Ibrahim Boubacar Kéïta exprimant son vœu d”adhérer à cette formation politique. Une demande qui a été agréée par les tisserands. Les autres démissionnaires-plus d”une trentaine-s”apprêtent à faire de même.
Les démissionnaires n”ont pas de mots assez durs pour fustiger ce qu”ils considèrent comme le manque de reconnaissance du parti à leur endroit. Certains n”ont pas manqué de rappeler que le MPR n”est pas n”importe quelle formation politique, à partir du moment où ce parti revendique l”héritage de Moussa Traoré, un régime honni du peuple malien au lendemain des événements de 1991.
"Il nous a fallu un courage herculéen pour adhérer à ce parti au regard du contexte socio-politique de sa naissance et nous étions obligés de mettre la main à la poche pour financer nous-mêmes ses activités. Il faut rappeler que c”est grâce à la coalition RPM-MPR contre l”ADEMA que le parti d”IBK a pu disposer de l”ensemble des 7 sièges du cercle de Kati, à l”occasion des élections législatives de juillet 2002. Il faut saluer le geste d”IBK qui a eu l”humilité de venir nous remercier à Kati pour le coup de main. Au cours de la fête qui a marqué cet événement, IBK était accompagné du président du MPR, Choguel Maïga. Comment pouvez-vous comprendre que depuis ce jour-là, Choguel n”ait plus mis remis le pied ici ?" s”interroge l”un des responsables démissionnaires. Toutes les décisions, regrette-t-il, nous sont toujours parachutées.
A en croire notre interlocuteur, ce manque de démocratie interne au sein du parti du tigre n’a fait que prospérer et la signature de la plate-forme de l”ADP a été la goutte d”eau qui a fait déborder le vase. Avant cet acte qui a engagé le parti, personne n”a été consulté à la base. Tout a été décidé par les 14 du BEC, comme si nous étions encore sous une dictature pure et dure.
Après son départ du MPR, le ci-devant président de la section de Kati a fait une offre d”adhésion au RPM qui a été positivement reçue par les tisserands. Au regard de son expérience politique, l’intéressé est considéré comme une personne ressource.
Monzon Kéïta, faut-il le rappeler, a été président de la section de Kati, député à l”Assemblée nationale et membre du Bureau Exécutif National, le fameux BEC, sous le régime de l”UDPM. Aux dernières nouvelles, les autres démissionnaires du MPR-plus d”une trentaine de responsables-s”apprêtent à rallier le parti de Ibrahim Boubacar Kéïta.
A quelques encablures de la présidentielle, cette défection est un coup dur pour la plate-forme ADP, vu l”importance stratégique du cercle de Kati sur l”échiquier politique national. Kati, un vivier électoral, est, en effet, l”un des rares cercles du Mali, à disposer de 7 sièges à l”Assemblée nationale.
Yaya SIDIBE“