Dans la sagesse africaine, il est recommandé à ceux qui attrapent un sorcier de ne le lâcher qu’après qu’il eût vomi. Sans être un sorcier attrapé, un des responsables du Mouvement citoyen qui joue depuis quelque temps aux apprentis sorciers, ancien leader de l’AEEM, a vomi à l’occasion du colloque international organisé par le Club perspectives et développement pour se pencher sur le consensus malien.
En fait de vomissures, notre bonhomme est passé à des aveux complets sans que personne ne lui demande quoi que ce soit. Revenant sur les douloureux événements d’avril 1993 quand Bamako a été mis à sac, l’Assemblée nationale incendiée, il a confirmé ce qui se susurrait déjà ; à savoir : qu’ils avaient la volonté de renverser le régime, qu’ils étaient parvenus à faire un coup d’Etat, mais que c’est le général ATT qui les a empêchés de prendre le pouvoir.
Hormis le caractère grotesque de ces propos, est-il besoin d’insister sur la gêne et l’embarras dans lesquels ce « criminel » en liberté met son mentor ? A mon avis, non parce que le moment viendra où tous ceux qui ont trempé de près ou de loin dans les vaines tentatives de déstabilisation du pays, tous ceux qui avaient promis et jurer que le président Alpha et l’Adéma ne feraient pas 6 mois au pouvoir, seront publiquement cités ; chacun à la mesure de son rôle et de ses prétentions.
Par contre, il serait bon de parler de l’arrogance de ceux qui, pensant aider ATT, rivalisent de zèle et de provocations inutiles. Les uns après les autres, ils essayent de faire comprendre aux Maliens qu’avant leur arrivée au pouvoir, dans la musette du général, le pays était en jachère quand il n’existait pas tout simplement. Le consensus, c’est ATT ; les routes, c’est ATT ; les centres de santé, c’est ATT ; les logements sociaux, c’est ATT, etc.
Dans leur emportement, ils ne se rendent pas compte du mauvais service qu’ils rendent à ATT qui n’en demande pas tant. Mais surtout, ils ne se rendent pas compte qu’ils pompent l’air aux Maliens. Or, je pense que s’ils ne savent pas, ils devraient interroger les faits à défaut de leur demander d’être plus humbles, l’humilité étant de toute évidence au-dessus de leurs forces.
Le consensus tel que nous le vivons s’est imposé à tout le monde et il est tout sauf une doctrine d’ATT. Ceux qui font le plus de bruit sont hélas les moins représentatifs. Et je suis presque sûr que s’ils avaient obtenu la faveur des suffrages des Maliens en 2002, ils auraient demandé et obtenu peut-être de gérer seul. Par la même occasion, ils auraient essayé de marcher sur le nez des hommes politiques qu’ils exècrent parce qu’ils les envient.
Il est aisé, quand on a eu le beurre, l’argent du beurre sans effort et qu’on lorgne la fermière de se comporter comme ils le font, avec l’indécence et le sans-gêne qui vont avec. C’est d’eux que le Mali doit être préservé et c’est d’eux qu’ATT doit se méfier. « Un peuple va vers sa ruine quand les honnêtes gens n’ont plus qu’un courage inférieur à celui des individus malhonnêtes », disait Abraham Lincoln. On ferait mieux de nous garder de « criminels » non repentis qui jouent aux apprentis sorciers.
Mais notre indélicat du jour n’est pas le seul à vomir. Sans être des sorciers, ceux qui ont initié l’ADP sont en train de vomir tout ce qu’ils ont dans le ventre. Certains parmi eux se rendent compte qu’ils courent doublement à leur perte. Primo, celui pour qui ils se sont dissous ne leur manifeste pas les égards et la considération qu’ils auraient souhaités de sa part. Secundo, ils se rendent compte qu’ils sont pris comme dans un piège avec la nette impression qu’ils sont dans une sorte de marché de dupes. Ils risquent de tout perdre.
La mise en place des coordinations régionales a administré la preuve qu’hormis ATT qui semble être leur dénominateur commun, les anciennes rancunes et les vieilles animosités ont la vie dure. Chacun veut préserver ses intérêts avec l’intention, pour certains, d’avoir la peau de l’Adéma par exemple. En attendant que les Abeilles ne sortent de leur torpeur et reconnaissent qu’elles se trompent de ruche, il se pourrait que ce soit trop tard. Surtout que par ailleurs, le récent rapport de la Casca corrobore les déclarations de Dioncounda à propos du soutien de l’Adéma. Le président de l’Adéma avait avoué que c’était soit le soutien soit avoir aux trousses la Justice, l’Administration et la Sécurité d’Etat.
Quand on voit ceux et celles que les juges attendent, on comprend leur agitation jusqu’à la frénésie en faveur d’ATT. Je peux juste citer le cas du ministre Seydou Traoré et de la maire de la Commune I. Or il se trouve comme par hasard qu’ils sont les plus acharnés. Ils pourraient toujours continuer leurs gesticulations, mais qu’ils se disent que le juge n’est pas loin. Comme quoi, jouer au sorcier ou aux apprentis sorciers comporte souvent des risques qui ne sont couverts par aucune assurance.
El hadj TBM
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