Cnid- Fyt : Les dégâts causés par la tempête N'Diaye Ba

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Tsunami dévastateur ou agitation dans un verre d’eau ? Il faut retourner à la déclaration des démissionnaires et la liste qui l’accompagne.

 

Seul l’avenir nous édifiera sur la profondeur du trou causé au Cnid-Fyt par le départ de N’diaye Ba et consorts. En attendant, il est tout à fait possible de se référer à la déclaration (de guerre) du jeudi 3 juin 2010 qui signifie au comité directeur du Soleil levant, le départ de ceux qui affirment que les idéaux de leur engagement au Cnid, ” sont depuis quelques années bafoués et ignorés par une gouvernance anti-démocratique, inefficace et dénuée de toute pertinence”. Dans la même déclaration, N’diaye Ba et consorts décident deux choses. Primo : démissionner de toutes les instances du parti et de ses structures. Secundo : " poursuivre en toute sérénité la réalisation de nos idéaux et nos ambitions avec nos camarades qui souhaitent et avec tous les hommes et les femmes de bonne volonté de notre pays ". A noter que ladite déclaration a été remise au siège de Cnid (le 3 juin 2010 donc) par voie d’huissier. Elle porte une liste des démissionnaires numérotés de 1 à 65. Elle commence par ” Abdoulaye Diop, ancien premier vice-président, suivi de N’diaye Ba, secrétaire général et Oumar H. Soumaré, secrétaire politique, tous membres du comité directeur. Ce sont donc ceux qui étaient à la tête de la gouvernance du parti qui sont… partis ; en dénonçant ladite gouvernance.

 

Perte infime par section

Sur la base de 65 partants au plan national (aucun départ n’est revendiqué à l’étranger) cela fait une perte de 1,272 partants pour chacune des 55 sections du Mali ; en moyenne, car beaucoup de sections n’ont donné aux démissionnaires aucun déserteur. Toutes les régions administratives ont, par contre, contribué à la désertion. Celle de Kayes- le bureau du chef des mutins- fournit naturellement le plus gros des départs : 12 partants entre simples militants et élus (5 partants pour la seule localité de Koniakary). Parmi les partants, le président de la section de Kayes (26) et deux membres de son bureau (respectivement n° 27 et n° 28 sur la liste de la déclaration toujours). Dans la région de Koulikoro, nous notons un départ revendiqué à Kati (Ouélessébougou plus exactement, n° 44) et un autre à Markacoungo (section de Dioïla, n°45). C’est tout. Dans la région qui est le plus gros réservoir du Mali,  Sikasso, seuls 6 départs sont proclamés (des N°46 à 51). Parmi  eux se trouvent le président de la section Cnid de Sikasso, celui de Bougouni, celui de Yanfolila et celui de Koutiala. Le maire de Kalana complétant le  lot. L’on remarque ici que les leaders sont partis, mais qu’ils n’ont été suivis par aucun militant. C’est ainsi que le dimanche (2 juin), quand les leaders du comité directeur présidaient une conférence de section à Ségou, les émissaires de N’diaye Ba, sont venus à Dioïla inviter la section à une réunion. Ses ”avocats” ont tenu le langage suivant : " nous sommes en mission pour le président ATT qui veut créer un grand parti pour assurer sa postérité. Nous sommes venus vous convier à nous rejoindre et quitter le Cnid où personne ne sera jamais rien. " Les gens de la ruralité sont sceptiques. Ils ont demandé du temps pour  voir” (réfléchir) ". Depuis N’diaye Ba téléphone à longueur de journée à tout le monde en faisant des promesses. A Ségou, la ville natale de ”Baba ” (c’est comme cela que Me Tall est appelé là) le maire est parti (n° 52). Le nom du maire de Sakoïba est aussi sur la liste (n° 53), c’est tout. A noter que Djibril Tall, le frère de Me Tall, est ici président d’honneur de section. Dans la région de Kidal, la liste des mutins revendiquent sept partants dont le président de la section de Kidal (n° 64) et le président de la jeunesse Cnid (n° 61). La région de Tombouctou est représentée par les n° 57 (section de Tombouctou) et 58 (élu à Salam). Mopti aussi fournit deux fuites : une de la section de Djenné (n°54) et le président de la section de Bandiagara.

 

Une saignée ? Vraiment ?

Dans l’absolu, les 65 départs revendiqués (oui revendiqués) correspondent à une fuite de 1,2%. En moyenne, par section (le Cnid en compte 55). Donc sur la base de la réalité fournie par les observateurs eux-mêmes, on peut objectivement se faire une idée soi-même sur l’ampleur des dégâts causés par N’diaye Ba et compagnie. C’est vrai, un départ, un seul départ est un échec pour tout groupe. Mais de là à envoyer ses condoléances sur la mort dudit groupe, il y a une toute petite marge. Ceci dit, beaucoup ont été surpris de se voir parmi les signataires de la déclaration. Détail pertinent !

Autre détail très important : la déclaration ne portait aucune signature. En effet, aucun nom de démissionnaires ne portait la moindre signature. Ce qui  a fait dire aux sceptiques que les 65 n’étaient pas toutes et tous partants. Pas forcément, et logiquement, en tout état de cause. Ils ont été confortés aussitôt par des réactions négatives de la part de certains qui ont dit s’étonner de trouver leur nom sur la liste. Le lendemain de la parution de la déclaration, Nouhoum Sissoko, élu Cnid à Markacoungo (cercle de Dioïla) a déclaré :” je ne savais pas que mon nom était sur la liste. C’est vrai, il y a longtemps N’diaye Ba m’avait parlé de quitter un jour…”. A la conférence de section Cnid de Ségou le 20 juin, le maire de la commune rurale de Sakoïba était dans la salle pour démentir sa démission. Sur la déclaration, il était inscrit sous le numéro 53, le sieur Bakary Diarra. Une semaine plus tard, Dramane Diakité, n° 40 sur la déclaration suivait en écharpe la visite des membres du comité directeur dirigés par Me Tall. Il est toujours de Diamou.

 

 Le Sg de Tombouctou (n°56) était lui aussi à Kayes aux côtés des dirigeants du Cnid. Idem pour Mme Aïssata Haïdara, élu à Kéniéba (n° 43 sur la liste des démissionnaires). Dans la livraison du 30 juin (n° 3134), le républicain a publié en droit de réponse le courrier de Moussa Papa Sidibé, membre du comité directeur, qui dément fermement avoir rejoint le camp des déserteurs. Bref, la liste des 65 a eu comme écho des démentis de la part de ceux et celles qui ont découvert leur noms dans une colonne sans leur avis. La conclusion logique de ce qui suit est que dans l’état actuel des choses, la tempête N’diaye Ba est plutôt un soufflet dans un verre d’eau.

                                                                                                                             Amadou Tall

 

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