Ce week-end politique a été fort mouvementé pour le CNID Faso Yiriwa Ton. Me Mountaga Tall et ses désormais adversaires, fouettent chacun tous les chats en vue de rallier les militants à leurs causes. A Kayes, où Me Tall était ce week-end pour défier N’Diaye Bah, on annonce que le ministre de l’artisanat et du tourisme a réussi à faire virer 55 conseillers dans son camp. A Ségou, le déluge se poursuit au grand bonheur de Djibril Tall, décidé à faire voir de toutes les couleurs à son parent.
Le Congrès national d’initiative démocratique (CNID Faso Yiriwa Ton) est ébullition depuis la démission du clan N’Diaye Bah. La crise a contraint le président du parti du soleil levant à prendre son bâton de pèlerin pour rasséréner les militants d’un lendemain plus meilleur après le départ des démissionnaires. Ce week-end a été marqué par le déplacement effectué dans la capitale des rails où il s’agissait d’aller défier l’ex-secrétaire général du parti et non moins ministre de l’artisanat et du tourisme, N’Diaye Bah. Mais les échos qui nous parviennent de cette région, ne sont pas du tout favorables à Me Tall et sa délégation. Annoncée comme la démonstration d’une force défiante à l’endroit du ministre N’Diaye Bah, la conférence de section s’est vue confrontée à des difficultés de mobilisation des militants. Toutes choses qui ont amené le président Tall à faire recourir à la solidarité des autres composantes de l’ADP afin de relever le défi. Quoiqu’aidé par ces partenaires politiques, Me Tall s’est rendu compte de la réalité quand il a été présidé la cérémonie dans la salle de conférences du conseil de cercle de Kayes, encore à moitié vide. La conférence s’est tenue dans une salle aussi exiguë amenant des observateurs à dire que le cadre est à la dimension de la disette qui sévit au sein du parti dans cette région. Si Me Tall a tenu sa conférence de section le samedi 26 juin pour rentrer à la catastrophe à Bamako le même jour, c’est parce qu’il a compris que le terrain ne s’y prêtait pas et sa clairvoyance s’est révélée pertinente quand le lendemain, le ministre secrétaire général a réussi à faire remplir la salle Massa Mankan Diabaté de 200 places en faisant démissionner 55conseillers du parti. Devant les cameras et des journalistes de la presse écrite, ceux-ci ont clairement expliqué les motivations de leur démissions qui se rapportent généralement à la mauvaise gouvernance et le mépris dont ils se sentent victimes. Les lettres de démissions en manuscrit ont été toute remises à N’Diaye Bah.
A Ségou, les choses ne sont pas aussi meilleures pour le CNID Faso Yiriwa Ton, malgré le passage de Me Tall à l’occasion de la conférence de section de la cité des balanzans. Nous sommes allés nous-mêmes faire le constat sur le terrain au cours de ce week-end. Arrivés le samedi, nous avons pu rencontrer deux personnes stratégiques de la vie du parti dans le cercle de Ségou : l’ex-secrétaire générale et démissionnaire, Amed Coulibaly et le président de la section CNID, Youssouf Coulibaly.
Avec sa paperasse en main, le désormais secrétaire général nous commente l’état des démissions enregistrées depuis le début de la crise. Il est surtout ragaillardi par les lettres de démission et explique : « Sur 30 sous-section, 14 ont démissionné. Ces dites Sous-sections sont celles de Dougabougou, démissionnée à 100% ; Dioro démissionnée à 50% ; Nonongo démissionnée à 100% ; Yolo démissionnée à 100% ; Cinzana-gare démissionnée à 100% ; Saminé démissionnée à 100% ; Sakoïba démissionnée à 70% ; Farako démissionnée à 50% ; Massala démissionnée à 100% ; N’gara démissionnée à 100% ; Konodimi démissionnée à 100% ; Pélégana démissionnée à 50% ; Ségou démissionnée à 50% (sur les 15 conseillers 8 ont démissionné) ». Mais qu’est-ce qui fait démissionner les gens du parti ? Amed Coulibaly explique que « c’est la mauvaise gouvernance du parti qui est le gros problème. La section de Ségou a été transformée en GIE par Karamoko Tall (ndlr : frère de Me Tall). C’est lui qui a composé la liste à sa guise lors des communales 2009 où à part la tête de liste, les 9 premiers étaient de sa propre famille. Cette situation n’a pas manqué de provoquer des démissions au quartier Médine. Les mécontents ont donc établi une liste indépendante intitulée Ema-Néma. La gestion de Karamoko, qui n’est que trésorier adjoint de la section, est purement clanique. La section a même eu à écrire le président Tall en 2004 pour lui signifier qu’elle aimerait que les dons faits à elle passent désormais par les structures du parti et non par la personne de Karamoko Tall. Mais grande a été la surprise quand Me Tall a répondu en signifiant que celui qui ne peut pas concevoir cette situation démissionne purement et simplement, sinon il ne peut pas écarter quelqu’un qui participé aux péripéties de la lutte clandestine du parti ». Amed Coulibaly explique que le CNID a environ 75 conseillers dans le cercle de Ségou dont la plupart on déjà démissionné. C’est le cas du maire sortant de Dougabougou, Boua Berthé ; Lamine Diongassi et Mamadou Dembélé de Nonongo ; Oumar Traoré de Kamiadougou ; Daouda Katilé de Sagné ; Mah Dembélé de Ninga et Karim Coulibaly. Toutes les lettres de démission de ces militants seront déposées dans les jours à venir. Amed Coulibaly d’expliquer que le député CNID de Markala, Bakary Diarra, est en déphasage avec sa base puis que depuis la nuit du samedi 26 au dimanche 27 juin, toute la sous-section de Markala a basculé dans le camp des démissionnaires. Monsieur Coulibaly d’indiquer que dans la mesure où le CNID n’ait de structuration réelle que dans le cercle de Ségou (qui est déjà sous contrôle des démissionnaires) Me Tall peut se dire qu’il a perdu sa région natale, contrairement à son opération de charme du 19 juin, où il enseignait que la crise est terminée avec le départ des démissionnaires.
Le démenti du président de la section
Les résultats forts élogieux dont se prévaut le secrétaire général démissionnaire du parti à Ségou, contraste avec les explications du président de la même section, Youssouf Coulibaly. Youssouf Coulibaly est formel : « Nous n’avons pas constaté de conséquences aussi fâcheuses après le départ des démissionnaires. Dans ma section, sur 81 membres, je n’ai constaté que le départ de 8 personnes. Des personnes ont été annoncée démissionnaires mais qui ont démenti après. La preuve, c’est qu’elles étaient toutes là à la conférence de section tenue le samedi 19 juin. Moi je considère quelqu’un démissionnaire quand l’intéressé vient déposer sa lettre de démission et au jour d’aujourd’hui, je n’ai reçu que 8. Les démissions annoncées au compte de la sous-section de Ségou ne sont plus d’actualité, car, ces militants avaient quitté le parti depuis les communales de 2009. C’est pour assurer la sécurité des dons que ceux-ci sont envoyés à la section par le canal de Karamoko Tall. La preuve c’est que nous avons connu une expérience malheureuse où quelqu’un s’est évaporé avec 150 000 FCFA. Nous travaillons à faire avancer le parti sans les démissionnaires ».
Bazoumana Konté