Après le 5è congrès du Cnid-Faso Yiriwa-ton : Maître Tall, le retour d’une grande figure politique

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Le parti du Soleil Levant n’a pas épuisé toutes ses ressources. Bien au contraire, ses réserves paraissent même plus importantes qu’on ne le soupçonnait. En témoigne la réussite incontestable de son dernier congrès unitaire qui a mis à l’unisson plusieurs générations de militants, dont le dernier cercle des fidèles des premiers jours qui n’ont jamais envisagé leur avenir politique sous d’autres cieux. Mais c’est surtout Me Mountaga Tall qui à nouveau démontré son charisme qui n’a pas rouillé au gré des contingences politiques et politiciennes des vingt dernières années. L’enfant de Ségou tient donc bien à la corde.

Le 5ème congrès ordinaire du Congrès National d’Initiative Démocratique (Cnid-Faso Yiriwa Ton),  tenu les 28 et 29 mai 2011  au Centre International des Conférences de Bamako, a tourné à la démonstration de force. Les 53 sections du parti sur l’ensemble du territoire national étaient de la fête.  La grande salle de mille places a refusé du monde, dans une de ces ferveurs des premiers jours, car le CNID a été, dès sa création, un parti de masse et est demeuré tel. Maître Mountanga Tall  a donc eu droit à un bain de foule rarement vu. Pour un homme politique que l’on croyait dans une passe difficile, voire politiquement fini, la sortie du week-end dernier sonne comme un signal fort. Les mouvements des jeunes et des femmes, qui tenaient aussi leurs congrès, ont tous répondu présent à un rendez-vous majeur dont le sens politique,à quelques mois des prochaines campagnes électorales, n’échappe à personne.

Maître Tall, un charisme jamais démenti
Le charisme de l’homme politique Mountaga est assez connu. Me Tall a fait une entrée triomphale sur la scène politique nationale en 1990-91 en inscrivant son nom parmi les principaux acteurs du changement démocratique. Ce qui, bien entendu, lui conférera une légitimité historique et un avantage certain sur l’échiquier politique national. Cette position, il fera la preuve qu’il ne l’a point volée, car c’est lui qui, dans les première années de l’après- Moussa Traoré, donnera un sens à la démocratie. En vérité, esprit brillant et critique qu’il est, Tall devait forcément se sentir à l’étroit dans le système de parti unique comme celui du général Moussa Traoré. Et c’est non sans risques qu’il contribuera à le renverser.  Sous les deux législatures du Président Alpha Oumar Konaré, Mountanga a surtout démontré qu’il était un des grands animateurs de la vie politique nationale. C’était la grande époque des grands débats contradictoires qui nous étaient servis à l’Assemblée nationale et l’époque des mobilisations de masse autour de mots d’ordre politiques comme l’école, la crise au nord, etc., des thèmes aujourd’hui encore d’actualité. Autant Tall drainait les foules, autant il était écouté sur l’ensemble du territoire national en tant que représentant de l’opposition au pouvoir en place. Sans être forcément partagés les points de vue de l’homme étaient considérés ; Mountanga Tall avait fait montre d’un  charisme perdu au détour des crises qui ont secoué son parti : les départ du « Groupe des Dix » en 1994 et, celui plus récent, de N’Diaye Bah, ancien ministre du tourisme.

Le grand retour  Politique
Le 5ème congrès du Cnid- Faso Yiriwa Ton est un peu un retour à la politique telle que l’enfant de Ségou l’a connue et pratiquée pendant des années dans ce pays. Ayant encaissé le coup des « Dix » et, après avoir été longtemps malmené par ATT qui, sous le premier mandat l’a embarqué comme dans une berceuse le laissant croire à mille merveilles, Mountanga retombe aujourd’hui sur ses deux pieds. Revoilà le vieux militant dans l’arène, dans son exercice favori : la politique autour des idées et programmes du parti. Il n’a peut-être pas les meilleures idées ou le meilleur programme, mais en voilà un qui sait vendre son affaire et qui aime la confrontation politique. Et ça, les Maliens ne demandent pas mieux, car c’est un peu cela qui manque à notre démocratie après dix ans de consensus autour de l’actuel président de la République, un contexte politique flou qui ne permet pas de lire les nuances politiques, les différences et même les personnalités des leaders politiques, toutes choses qui influencent, en principe, le choix des électeurs. Le boulevard est désormais ouvert. Finis les calculs politiques et politiciens : les militants à la base réclament ni plus ni moins la candidature de Maître Tall aux prochaines élections présidentielles. La mobilisation du 5ème congrès qui, à notre avis, a quelque peu surpris Tall lui-même, est un signal fort pour le parti et tous ses alliés potentiels. C’est qu’il faudra compter avec le parti du Soleil Levant dans une phase de mutation.

La mutation amorcée
 Le Cnid-Fyt, qui mobilise tant est, en effet, sans nul doute un nouveau parti ou, tout au moins, un parti en mutation. De la première génération qui a lancé le parti, il ne reste plus que quelques figures : celles du premier cercle de fidèles. Les cadres et les militants d’obédience Aeem sont tous partis ou presque. D’où le mérite de Tall d’avoir su renouveler et la base et le sommet du parti. Un grand nombre de grands militants, au sens de grands électeurs, est arrivé récemment à la faveur des dernières batailles politiques autour du Code de la famille et des personnes ainsi que du  code électoral au cours desquelles Maître Tall s’est illustré. D’où le nouveau souffle du parti. Cette nouvelle génération, tout en constituant un espoir pour le Cnid-Fyt, est totalement différente de la première et peut, malheureusement, faire basculer le parti dans une perspective plutôt religieuse. Ce qui n’est pas forcément la préoccupation première du leader politique. Mais c’est là une autre affaire et Mountanga Tall a aujourd’hui toutes les raisons de rester sur le petit nuage du congrès et voir venir les évènements.
Thierno Kadri Thiam

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