Violences lors du défilé du 1er mai :25 jours d’arrêt de rigueur et risque de radiation des policiers Syndicalistes

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Accusés de «troubles à l’ordre public, d’insubordination et d’injures graves », les membres du bureau se réclamant de la section syndicale de la police Nationale (SPN) viennent d’écoper de 25 jours d’arrêt de rigueur avec demande d’augmentation communément appelée D.A, pour une durée de 40 jours. Ils risquent de facto la radiation.

La décision a été prise au plus haut niveau et imputée au directeur Général de la Police pour exécution immédiate. Ces militants se réclamant de la section syndicale (SPN) sont accusés de «troubles à l’ordre public, d’insubordination et d’injures graves ».

Les faits remontent au 1er mai, fête du travail. L’événement est célébré au Mali par deux centrales syndicales, à savoir, l’UNTM et la CSTM.

C’est sur le Boulevard de l’Indépendance que la première a commémorée la dite journée. Une festivité, hélas, marquée par des incidents majeurs.

Se réclamant de la SPN affiliée à l’UNTM, le camp Siméon Keïta, opposé à celui de Tiekouta Kanté (un contentieux historique oppose les deux camps) a signalé sa présence de manière pour le moins désagréable.

Après avoir échangé des coups de poing avec l’autre tendance dans l’enceinte de la Bourse du Travail, les hommes de Siméon Keïta se sont, en outre attaqués aux autres manifestants présents sur les lieux. Des civils en eurent pour leurs comptes. Le secrétaire administratif de l’UNTM, Mamadou Famakan Coulibaly fut en effet molesté. On déplore au moins 5 blessés.

Tenant à défiler advienne que pourra, les policiers entamèrent une marche au devant de la Tribune officielle où étaient présents une dizaine de membres du gouvernement dont les généraux Sadio Gassama et Kafougouna Koné, respectivement ministre de la sécurité Intérieure et de la Protection Civiles ; de l’administration territoriale et des collectivités locales. Les marcheurs lancèrent des grossièretés à ce niveau.

L’Assurance Maladie Obligatoire était visiblement à l’origine de leurs courroux. Mais pour les plus hautes autorités, la question allait désormais au delà de l’AMO.

Une réunion d’urgence se tint quelques heures plus tard à Koulouba avec le président de la République en personne. Elle fut précédée par une rencontre similaire du ministre Sadio Gassama avec son staff en présence du Directeur Général de la police National et de celui du Groupement Mobile de Sécurité. Ces consultations se sont poursuivies jusqu’au mardi dernier.

La décision est finalement tombée hier mercredi : 25 jours d’arrêt de rigueur contre les membres du bureau de Siméon Keïta aussi bien pour les éléments ayant pris part à l’événement. Une décision qui ne manquera pas de susciter des commentaires au motif, qu’il s’agit, pour certains, d’une activité syndicale, donc légale. Il y a cependant un hic.

Controverse autour de la légalité du bureau de Siméon Keïta

Si la SPN est officiellement reconnue par les pouvoirs publics et affiliée à l’UNTM, il ne s’agit pas de la section conduite par l’Adjudant Siméon Keïta. Mais plutôt de la tendance Tiékouta Kanté. Cette dernière est par surcroit membre du Bureau du Syndicat des Travailleurs de l’Administration d’Etat (SYNTADE).

En clair, le camp Siméon Keïta est considéré comme le groupe dissident de la SPN quand bien même il revendique la légitimé de la structure. Réputé proche de la direction, il a jusqu’à ce jour bénéficié des faveurs de la hiérarchie au grand dam de l’autre tendance et de la centrale-mère, l’UNTM.

Et bien que se réclamant de cette entité (l’UNTM), le groupe a activement milité aux côtés de la CSTM dans la lutte contre l’AMO. Une attitude qui ne fut visiblement pas du goût des pouvoirs publics au motif que la CSTM était partie prenante du projet à l’élaboration duquel il a joué un grand rôle ; et du fait que la SPN ait joué double jeu puisque tantôt aux côtés de la CSTM et tantôt avec l’UNTM. Sa dernière correspondance adressée à la SYNTADE, un démembrement de l’UNTM, remonte au 28 Avril 2011, soit 48 heures avant les festivités du 1er Mai (voir fac-similé).

En somme, le secrétariat général de l’UNTM se dit victime d’un complot dont le bras exécuteur n’est autre que la tendance Siméon Keïta qu’il soupçonne d’être au service de la CSTM, la sœur ennemie.

Toute chose à l’origine de la riposte qu’il entend mettre en œuvre à partir d’aujourd’hui. Il s’agit, dans l’immédiat, d’une marche de protestation de la bourse de travail avec sit-in au ministère de la sécurité intérieure ; du dépôt de deux préavis de grève, ayant respectivement pour objets des sanctions contre les «fauteurs de trouble» et la prise en compte de toutes les autres doléances non encore satisfaites…

Le gouvernement a visiblement commencé à donner un début de réponse au regard des sanctions prises à l’encontre de certains éléments.

Ce qu’ils risquent

Puisque, du point de vue du gouvernement, les actes posés par le groupe qu’il considère dissident, ne relèvent pas du syndicalisme, mais plutôt qualifiés de faits «d’insubordination, de troubles à l’ordre public, et d’injures publics graves», ils seront donc sanctionnés par des mesures disciplinaires appropriées. D’où les 25 jours d’arrêt de rigueur décidés par la Direction Générale de la police sur instruction ferme des plus hautes autorités.

La mesure, hélas, ne s’arrêtera pas là. La règle voudrait que le supérieur hiérarchique, à savoir le ministre de tutelle procède de facto à une augmentation de la peine, une mesure communément appelée D.A ou «Demande d’Augmentation» ne pouvant être vu à la baisse en deçà de 40 jours. Le cumul de la peine ferait alors 65 jours.

Et la même disposition réglementaire voudrait qu’une sanction d’au moins 60 jours d’arrêt de rigueur soit « examinée » par un conseil de discipline après seulement expiration de la peine. En termes moins prosaïques, il revient à ce conseil de proposer la radiation des fautifs au conseil des Ministres qui entérine.

C’est dire que l’avenir n’est point radieux pour les éléments en question puisque c’est devant plus d’une dizaine de ministre dont deux généraux qu’ils ont professé des insanités. Pour la petite histoire, certains parmi les membres du gouvernement ont estimé ce jour, que les injures leur étaient directement adressées et non contre l’AMO encore moins aux membres de l’autre tendance. Comme pour dire…

B. Diarrassouba

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