Suite aux incidents survenus lors du défilé du 1er mai :Bras-de-fer en vue entre le ministre Gassama et la section syndicale de la police

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Rien ne va plus entre la section syndicale de la police (SPN) et son ministre de tutelle, le Général Sadio Gassama. En effet, lors du défilé du 1er mai, fête du travail, un incident malheureux a opposé des policiers sur fond de provocation. Au lieu de résoudre le problème à sa racine, le Général Gassama aurait, au cours d’une réunion tenue le 3 mai au département, a instruit à la Direction générale de la police de sanctionner tous les policiers qui étaient sur place, soit plus de cent agents. "Si jamais on touche à un d’entre nous, nous userons de tous les moyens légaux pour nous faire entendre, car le mouvement est purement syndical" ont lancé les responsables syndicaux de la SPN.

Pour informer l’opinion nationale et internationale sur la réalité des faits, la SPN a animé un point de presse via son Secrétaire général, Siméon Kéïta. C’était à son siège le mardi 3 mai. Avant le 1er mai, date du défilé, la SPN avait adressé le courrier N°000042 SPN en date du 28 avril 2011 au Secrétaire général du Syntade (Syndicat des travailleurs de l’administration d’Etat) pour confirmer sa participation et demander de lui faire parvenir le programme du défilé.

Le même courrier rappelle que, conformément aux recommandations de la conférence de section des 17 et 18 juillet 2010, la Section syndicale de la police nationale reste et demeure affiliée au Syntade. "On a appris que le Secrétaire général de l’UNTM aurait dit qu’il enverra le programme mais pas à Siméon Kéïta" a souligné le Secrétaire général de la SPN. Conformément à la lettre adressée au patron du Syntade, les militants et responsables de la SPN sont allés pour défiler. Grande a été leur surprise, car ils sont tombés nez-à-nez sur six policiers autour de Tidiane Coulibaly.

Renseignements pris auprès de qui de droit, il s’est avéré qu’ils sont aussi venus pour défiler avec une banderole sur laquelle on pouvait lire "Oui à l’AMO". "Nous avons dit que cela était contraire à ce que les policiers nous avaient dit lors de notre tournée sur l’ensemble du territoire national. Car, à l’unanimité, nos collègues ont exigé non seulement l’arrêt des prélèvements mais également le remboursement des sommes prélevées" a rappelé le Secrétaire général de la SPN, Siméon Kéïta.

D’ailleurs, par lettre N°0021 SPN, la Section syndicale informait le ministre Gassama du rejet total de l’AMO. D’ailleurs, a dit Siméon Kéïta, le ministre avait reconnu que l’AMO souffre d’un terrible problème de communication.

La tension a atteint son point culminant, le samedi 30 avril, quand l’élève commissaire Tidiane Coulibaly, contre toute attente, proclame sur les antennes de l’ORTM que les policiers sont d’accord pour l’AMO. Il s’est ainsi mis sous le coup de l’article 30 de la décision N°0131 MSIPC du 2 septembre 2004 fixant le règlement intérieur de l’Ecole nationale de police qui stipule : "Toute activité syndicale est interdite aux élèves et stagiaires pendant leur séjour à l’Ecole". Tidiane Coulibaly a ainsi outrepassé les règles qui régissent l’exercice syndical à la police nationale. "N’eut été notre sens de la responsabilité et de la retenue, certains seraient partis déloger l’élève Tidiane Coulibaly nuitamment pour contrevérité tenue sur les antennes de l’ORTM". La deuxième grave erreur de Tidiane est que sur les six policiers qui l’accompagnaient trois étaient armés, notamment Gaoussou Doumbia, Mohamed Diop et Ibrim Diallo.

Certains disent que Tidiane lui-même portait une arme. Or, après la marche du 19 avril contre l’AMO, le département et la DGPN avaient sorti une note circulaire pour interdire le port d’arme lors des manifestations. C’est pourquoi, d’aucuns n’ont pas hésité à déclarer que l’incident avait été prémédité par Tidiane et ses hommes. "Gaoussou Doumbia nous a traités de tous les noms d’oiseau et quand on voulait continuer, lui et ses compagnons ont sorti des banderoles que nous avons retirées et déchirées. Après, nous avons pris position et défilé normalement" a soutenu Siméon Keïta

Suite à ces incidents, le ministre Gassama aurait tenu une rencontre au cours de laquelle il a instruit à la DGPN de sanctionner tous les policiers qui ont participé à l’incident. Face à une éventuelle tension qui pourrait en découler, le ministre Gassama aurait jeté son dévolu sur deux pauvres syndicalistes, Siriman Fané et Aguib Tangara, respectivement Secrétaire général adjoint et Secrétaire administratif de la SPN qui, selon certaines indiscrétions, auraient écopé de 25 jours de punition.

Les autres membres du bureau de la SPN s’attendent à des convocations de la gendarmerie. Vous avez dit une politique des deux poids deux mesures ? En effet, au moment où certains foulent impunément au pied les textes qui régissent la police, le ministre de tutelle s’en prend à d’autres qui ne font que leur travail syndical.

Par rapport au responsable de l’UNTM qui dit avoir été battu, les policiers disent qu’il les a provoqués en leur tenant des propos désobligeants du genre : "Policiers, foutez-nous la paix. Que vous le vouliez ou pas l’UNTM accompagne l’AMO". Ces propos ont été confirmés par plusieurs personnes que nous avons contactées et qui ne sont pas de la police. Un confrère a même témoigné : "Mamadou Famakan Coulibaly est capable de faire pire que ça". Ce qui étale au grand jour l’irresponsabilité de ce personnage qui a poussé l’outrecuidance jusqu’à vouloir se présenter à poil devant des membres du gouvernement pour se plaindre.

"Nous ne voulons déstabiliser personne et nous ne sommes contre personne, seulement nous usons du droit de syndiquer pour la défense des droits matériels et moraux de nos militants" a martelé le Secrétaire général de la SPN.

Le ministre Gassama doit prendre toutes ses responsabilités face à la politique de deux poids deux mesures qui consiste à punir certains et à couvrir d’autres d’impunité. Un vieux policier, déçu de la situation actuelle témoigne : "J’ai bouclé mes 30 ans d’exercice à la police. J’avoue que la sortie du ministre à l’école de police où il a demandé aux subalternes de parler sans crainte de la hiérarchie est pour beaucoup dans l’effritement de l’autorité au sein de la police. Les jeunes n’ont plus peur de rien. C’est la catastrophe et j’ai honte".

Diakaridia YOSSI

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