La Sécurité d’Etat : une institution efficace mais très vulnérable

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Dg-SE
Colonel Moussa Diawara, Dg-SE

Un réseau de faux agents de la Sécurité d’État a été démantelé par les éléments de la Direction Générale de la Sécurité d’Etat (DGSE), mercredi dernier. Les trois cerveaux de cette bande de malfrats qui se faisaient passer pour des agents de la Sécurité d’État pour arnaquer et escroquer les paisibles citoyens, selon une note d’information de la DGSE en date du 6 août 2014, ont été arrêtés alors qu’ils s’apprêtaient à escroquer un promoteur d’école privée. De cette information qui a fait le tour des rédactions, découlent deux constants. Primo, l’efficacité de nos services de renseignements. Secundo, leur vulnérabilité et par ricochet celle de l’Etat face aux menaces internes et extérieures.  

 

 

Nos services de renseignements, selon les informations qui nous ont été rapportées, avaient bien découvert le plan monté par Mohamed Aly Ag Wadoussène et ses complices pour perpétrer un attentat contre la Maison centrale d’arrêt de Bamako. Mieux, ils avaient informé qui de droit pour des mesures de précaution. Toujours dans la même affaire, la Sécurité d’Etat avait découvert que Bamako était la cible d’attaques terroristes. Le dispositif devant servir pour la circonstance, notamment des armes achetées pour la plupart auprès de certains militaires maliens et une jeep Cherokee immatriculée Q-4812-MD, avait également été repéré et déjoué par ses services. Alors que les enquêtes se poursuivent sur ce dossier, un autre encore plus sulfureux est mis à nu : la découverte d’un réseau de faux agents de la Sécurité d’Etat. En effet, les sieurs Jean Daou prétendant être un homme d’affaires, Baba Bouaré, exploitant de sable, et le sergent/chef de police Badara Alou Koureïchy de la compagnie de circulation routière (CCR), en se faisant passer pour des agents de la sécurité d’Etat avaient réussi à soustraire la somme d’1 million de francs CFA à Alou Coulibaly, promoteur de l’Ecole privée «Mafa» à Yirimadio. Profitant de la situation judiciaire qui prévaut présentement au sein de la sphère de l’Education nationale, les trois escrocs ont trouvé aux promoteurs privés, les meilleurs oiseaux à déplumer. C’est ainsi qu’ils ont eu la mauvaise inspiration de s’attaquer au  propriétaire de l’établissement scolaire privé, «le Mafa», en début de semaine.

 

 

Jean Daou, du reste, connu des services de police et de gendarmerie comme un escroc récidiviste, envoyait Baba Bouaré cueillir des renseignements sur les promoteurs d’écoles privées, pour ensuite monter un dossier fictif les concernant afin de les arnaquer. Et c’est après avoir rapporté qu’Alou Coulibaly, promoteur de l’école «Mafa», se trouverait impliquer dans l’affaire concernant l’informaticien du département de l’Éducation qui aurait affecté des effectifs fictifs à certains établissements privés du pays, que Jean Daou et le sous officier de Police ont entamé leur tentative d’escroquerie, en se faisant passer pour des enquêteurs de la SE. Ils ont appelé Alou Coulibaly pour l’informer d’une procédure d’enquête le concernant. Toutefois, ils se sont empressés de souligner qu’ils peuvent le sauver moyennant une somme de trois millions de francs CFA. Lorsque le promoteur a voulu en savoir davantage sur la nature des faits qui lui sont reprochés, les deux escrocs lui ont tout simplement fait un chantage. De quoi attirer l’attention de l’homme qui s’est confié directement à la SE. Les trois escrocs, suite à une procédure d’enquête, sont pris très rapidement en flagrant délit. Une procédure judiciaire pour escroquerie, faux et usurpation d’identité et de fonction, a été engagée contre eux. En plus de la plainte de la victime, la Direction générale de la Sécurité d’État a aussi déposé une plainte pour la simple raison que de telles pratiques ternissent l’image de ce service.

 

 

A la lumière de ces dossiers, certes non exhaustifs au regard des missions qui sont conférées à la SE, l’on pourrait saluer l’efficacité de nos services de renseignements. Efficacité qui a permis de mettre hors d’Etat de nuire Mohamed Aly Ag Wadoussène et ses complices. Mais aussi, efficacité qui vient d’éviter à un honnête citoyen de se faire dépouiller. Cependant, et l’arbre ne devant pas cacher la forêt, cette dernière affaire ouvre le débat sur la vulnérabilité de nos services de renseignements.

 

 

Laquelle vulnérabilité qui menace l’Etat même dans son essence, quand on sait que la SE est chargée de prévenir et réprimer, sur le territoire de la République, les activités inspirées, engagées ou soutenues par des puissances ou des organisations étrangères et de nature à menacer la sécurité du pays. L’objectif de la SE étant de déceler et de neutraliser toute menace résultant des activités de services de renseignement de pays adverses, d’organisations ou d’agents se livrant à l’espionnage, au sabotage ou à la subversion ; il parait plus qu’opportune pour elle de mettre de l’ordre en son sein et de véhiculer une meilleure image auprès des citoyens. Et si ces deux actions vont dans ce sens, certains comportements et pratiques auxquels se livrent certains de ses agents lui ôtent toute crédibilité. C’est sur ce chantier que les autorités de ce service doivent s’investir ; d’autant plus que la menace terroriste, très évolutive, exige des services de sécurité une adaptation permanente en vue d’être en mesure de détecter, de surveiller et le cas échéant d’interpeller les individus, les groupes et les organisations de nature subversive susceptibles de se livrer à des actes de terrorisme ou d’atteinte à l’autorité de l’État :Telle semble être la vision du Colonel-Major Moussa DIAWARA et de son équipe.

 

Bruno LOMA

 

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4 COMMENTAIRES

  1. La SE est le reflet des Organes de l’Etat malien: inefficace et mal préparée avec des RH incompétentes et fanfaronnes. Ses agents n’ont pas conscience du rôle qu’ils doivent jouer pour la sécurité interne et externe du pays. En tous cas, les maliens restent dubitatifs devant le peu de résultats de cet organe qui n’est pas là que pour la sécurité du PR mais y compris surtout de celle de tout le pays.

  2. Je sais comprend pas le travail de service aussi capital pour un pays. Quelle est la part de responsabilité dans les évènements de Kidal? Et pour les services n’ont pas pu éliminer individuellement certains terroristes comment la Russie l’a fait les chefs de rebelle de Tchitchini? On ne sent pas et on ne voit pas le travail de ce service pour la nation.
    Il est temps de mettre de l’ordre dans ce service vital pour le pays.

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