La salle de conférence de l’Ecole nationale de police a servi de cadre, le jeudi 5 novembre, au lancement du manuel de formation sur les activités de maintien de l’ordre et le respect des droits de l’Homme. La cérémonie était présidée par le directeur général de la police, l’Inspecteur général de police Moussa Ag Infahi, en présence du représentant-pays de l’Institut danois des droits de l’Homme (Iddh), Famarogin Camara, du directeur de l’Enp, le contrôleur général de police Seydou Diarra, et de plusieurs personnalités des services de sécurité.
Dans son discours de bienvenue, le directeur de l’Enp dira qu’à travers ses missions constituées, l’Ecole nationale de police est un service de soutien aux fonctionnaires de police sur le terrain afin de permettre aux unités opérationnelles de s’acquitter de leurs obligations dans le plus grand respect des valeurs démocratiques.
A ses dires, c’est dans cette optique et conformément aux directives fermes et résolues du directeur général de la police que la Direction de l’école, avec l’accompagnement de l’Iddh, a initié d’éditer le premier fascicule intitulé : “Les Activités de maintien de l’ordre et le respect des droits de l’Homme”.
Aussi, il a rappelé que toutes les réformes initiées ces dernières années par la hiérarchie policière, de la Dgpn au Mspc, s’inscrivent toutes dans la logique du renforcement professionnel des fonctionnaires de police dont le professionnalisme impose l’efficacité dans le respect des libertés et droits fondamentaux du citoyen.
S’agissant de la thématique, il dira que l’opération de maintien de l’ordre public est l’une des missions de police très complexes et très sensibles pour toutes les forces de l’ordre parce que les civilisations démocratiques ont développé des libertés individuelles et collectives, parmi lesquelles, la liberté d’expression qui, selon les analystes, est le pilier, voire l’essence de toute démocratie. Et de poursuivre que, dès lors que chacun est libre d’avoir les opinions de son choix et donc de les exprimer avec la possibilité de les rendre publiques sous quelque forme que ce soit, il faudra s’attendre à de forts risques de troubles à l’ordre public. Cet ordre public, ayant trait à la sécurité, la tranquillité et la salubrité publique, est le premier droit fondamental de tout être humain.
A l’en croire, la liberté d’expression dont la promotion et la protection relèvent de l’agent de l’ordre public, peut, dans sa mise en œuvre, engendrer des risques de troubles à l’ordre public et la préservation de l’ordre, un droit également garanti pour tous, relève de ce même agent sur le terrain. Il y a donc un conflit entre deux droits fondamentaux dont les normes nationales et internationales imposent la protection et la promotion aux mêmes forces de l’ordre, d’où la complexité et la sensibilité de cette mission de police. Ainsi, il notera que l’équipe de rédaction nationale, appuyée par des experts requis par le partenaire, Iddh, et ayant mesuré toute l’importance de cette mission de police, a produit un manuel qui permet aux destinataires de comprendre deux aspects essentiels en matière d’opération de maintien de l’ordre et d’avoir une seule vision comme finalité.
A ses dires, il faut comprendre que le maintien de l’ordre public constitue une nécessité, il est aussi incontestable que les droits de l’Homme jouissent d’une reconnaissance et d’une protection à travers les instruments nationaux et internationaux. Aussi, il précisera l’exercice de droit et la jouissance des libertés établies imposent des limites édictées par ces mêmes textes.
“Il est aussi vrai que les opérations de maintien de l’ordre établissent également des limites prévues par les textes régissant la matière. C’est pourquoi, les opérations de maintien de l’ordre doivent respecter de manière stricte les prescriptions légales contenues dans ce manuel. Il s’agit, pour tout agent de l’ordre de public, de concilier l’obligation d’assurer l’ordre public et la jouissance des droits de l’Homme, c’est-à-dire de maintenir l’ordre public en respectant les droits reconnus aux citoyens dans les conditions définies par les textes”, a-t-il dit.
A l’entendre, les mesures limitant la jouissance de certains droits et libertés ne doivent être guidées que par le souci de garantir absolument l’ordre public.
A sa suite, le représentant-pays de l’Iddh, Famarogin Camara, a laissé entendre que l’Institut danois des droits de l’Homme est l’institution sœur de la Commission nationale des droits de l’Homme du Mali qui œuvre depuis 2009 aux côtés des institutions et organisations de défense des droits de l’Homme du Mali, en vue d’améliorer la situation des droits de l’Homme sur le terrain et d’accompagner le Mali à honorer ses engagements internationaux.
“Le partenariat entre la Police nationale du Mali et l’Institut danois des droits de l’Homme remonte à 2013 et est centré sur l’appui technique et financier à la conception et la dissémination d’outils pédagogiques dans le domaine des droits de l’Homme”, a-t-il précisé.
De son point de vue, l’Iddh s’engage à poursuivre son partenariat avec la police nationale du Mali afin de pouvoir consolider les résultats obtenus par les officiers et sous-officiers dans l’intérêt du Mali, avant d’adresser toutes ses félicitations à la Direction de la formation de la police nationale et à celle de l’Enp et plus particulièrement aux membres du groupe de travail de la police nationale pour tout ce beau travail abattu.
“J’adresse mes vives félicitations au directeur général de la police et à tout le personnel de la Dgpn pour avoir été attentifs aux questions de protection et de promotion des droits de l’Homme au sein de la police ainsi qu’à l’endroit de tous les partenaires pour les inestimables appuis qu’ils ne cessent de convenir à la police nationale et à l’Enp du dans le souci d’améliorer les connaissances et les conditions de travail”, a conclu M. Camara.
Pour sa part, le directeur général de la police, l’Inspecteur général de police Moussa Ag Infahi a assuré que le manuel ainsi élaboré sera utilisé à bon escient. Aussi, il a invité au respect strict des droits de l’Homme lors des activités de maintien d’ordre car, selon lui, aucune violation des droits de l’Homme ne sera admise.
Boubacar Païtao