Au sujet de l’instauration du couvre-feu au Mali, le directeur général de la Police nationale, Moussa Ag Infahi, inspecteur général était face aux hommes de médias. Point par point, le directeur national raconte l’état d’évolution du couvre-feu. Il a fait le point sur le nombre de personnes interpellées, celui des forces de sécurité déployées…
Dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, Ibrahim Boubacar Keita, président de la République du Mali, a jugé indispensable de décréter, sur l’ensemble du territoire national, l’instauration d’un couvre-feu qui a commencé le 26 mars 2020. Comme prévu dans le décret présidentiel, il commence chaque soir à partir de 21 h pour prendre fin à 5 h du matin. Sur la question, le directeur général de la Police nationale, l’inspecteur général de police Moussa Ag Infahi a donné des précisions : « Comme nous connaissons tous, le couvre-feu a été instauré par une un décret du président de la République suite à la propagation du coronavirus. De l’instauration du couvre-feu (26 mars dernier) à la date du 15 avril 2020, les forces de sécurité : la Police nationale ; la Gendarmerie nationale ; la Garde nationale ; la Protection civile engagée pour l’application des mesures, ont, environ, déployé 15 868 éléments ».
Selon le directeur général de la police, le déploiement de ces éléments de force a permis l’interpellation de plus de 4 982 personnes, ce, pour « non-observation du couvre-feu ». L’inspecteur général de police rappelle que toutes les interpellations ont eu lieu entre 21 h et 5 h du matin.
Donnant plus de détails, Moussa Ag évoque que sur 2 422 engins saisis, 2 017 étaient des engins à deux roues. Face aux hommes de médias, le directeur Infahi tient à préciser que lors du couvre-feu, des personnes qui se sont montrées agressives envers les forces de l’ordre ont été également arrêtées. « Environ, 33 personnes qui se sont montrées très agressives envers les forces de l’ordre ont été déférées devant les tribunaux compétents. Cela a eu lieu non seulement à Bamako, mais aussi à Kayes, Sikasso, Ségou et Mopti », a-t-il dit, expliquant que le couvre-feu n’empêche pas les forces de l’ordre d’accomplir leurs missions de sécuriser les personnes et leurs biens. Ainsi, confie-t-il, « dans le cadre du droit commun, plus de 767 personnes ont été aussi déférées devant les juridictions compétentes ».
Pour la circonstance, il a rassuré que les forces de l’ordre veilleront sur l’application du couvre-feu. Ce qui l’amène à énoncer que ses hommes continuent de sensibiliser la population. Le directeur Infahi a aussi rappelé que les citoyens oublient qu’avant l’instauration du couvre-feu, il y avait l’état d’urgence, instauré le 20 novembre 2015 suite aux évènements de l’hôtel Radisson Blue. L’état d’urgence définit-il, « est une période d’exception qui donne des pouvoirs assez importants aux autorités administratives dont la police est chargée d’appliquer ». De ce fait, poursuivra-t-il, les policiers sont aujourd’hui obligés d’appliquer les textes en la matière, notamment les dispositions de la loi N° 87-49 ARNM sur l’état de siège et l’état d’urgence au Mali.
Selon le DG, l’article 21 de cette loi stipule que les infractions seront punies « de deux (2) mois à deux (2) ans d’emprisonnement, ou de 20 000 F à 50 000 F d’amende ». Ce qui laisse dire que toute personne arrêtée pour violation des mesures portant sur l’état d’urgence peut être condamnée à payer les montants ci-dessus, ou emprisonnée conformément à la loi.
Pour l’occasion, le directeur regrette qu’en dépit des efforts de sensibilisation, une franche de la jeunesse demeure encore « récalcitrante » dans le respect des heures du couvre-feu. Or, maintientil, au regard des autres pays, les honoraires de couvre-feu du Mali permettent, selon Infahi, à chacun de faire ses activités journalières. « Dans l’application de ces mesures édictées, et le respect des droits humains, notre engagement est sans faille. Sans nous jeter des fleurs, ajoute le DG de la police, les commentaires qui nous viennent d’ailleurs illustrent que la police malienne est professionnelle. Il ne faut pas que les gens prennent les images de la police d’autre pays pour les coller à la police malienne ».
Pour finir, Moussa Ag réitère ses instructions à tous : « Nous disons à la police nationale : tolérance zéro pour toute violation non justifiée des mesures de couvre-feu ». Au-delà du coronavirus, ajoute-t-il, nous faisons face à l’insécurité. « Il faut que les gens comprennent que les regroupements sont interdits. Nous appelons tout le monde au respect des mesures barrières », a-t-il confié, parlant du mois de ramadan.
Mamadou Diarra