Pour ainsi dire, le malheur de la police nationale est connu des autorités de tutelle et des policiers eux-mêmes : syndicalisme et mutations, arbitraires pour les uns, et recommandées pour les autres. Dans le dernier cas, ça sent l’odeur de l’argent. La police est alors divisée en deux bandes : la bande des fils à papa et celle des fils de parents pauvres. Et selon que vous soyez de l’une ou autre bande, vous vous frotterez les mains ou vous logerez le diable dans votre bourse. Rassurez-vous, le ministre n’en fera pas un foin de tous les diables !
Ce qui provoque la guerre plutôt la guéguerre entre policiers, c’est la loi de deux poids deux mesures qui est instaurée au sein de ce corps de sécurité. En effet, les agents de police se cognent à cause de certains postes. Non, de certains services : les services de l’immigration, et les aéroports du Mali. Accessoirement : Kadiolo, Koutiala, Ségou. Pourquoi ? Ici et là, les policiers se pourlèchent les babines : l’argent coule à flots. A priori, il n’y aurait aucun problème à gérer les ressources humaines de la police nationale, si, seulement si, les autorités hiérarchiques n’avaient elles-mêmes pas entretenu cette situation.
De fait, pour être nommé aux postes juteux, il faut compter sur des soutiens haut placés. Selon des informations reçues de policiers, c’est ce qui explique la pléthore au niveau des services de l’immigration. Tenez, ce service qui ne devrait compter tout au plus 50 personnes, dénombre actuellement de l’ordre de 200 à 250 agents. Ce n’est pas le seul problème. Certains policiers sont devenus des «moments», donc, inamovibles. Ils sont à leur quinzième année pour certains, vingtième année pour d’autres. Alors que les normes édictées en l’espèce préconisent cinq ans. À moins d’être au seuil de sa retraite.
Il faut simplement dire, qu’à la police nationale, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Exemple : l’actuel chef du service de diffusion des passeports. Lequel en est à son cinquième séjour au même poste. C’est-à-dire, il est parti et revenu, au moins cinq fois. Il est indéboulonnable, parce qu’il s’adosse à un colosse : l’actuel chef secrétaire général du ministère de la Sécurité intérieure et de la Protection civile.
Yo ! Les flics sont dans de beaux draps
Il est de notoriété publique que les grades s’achètent à la police nationale, nous confie un autre policier. Avant de poursuivre, il suffit de débourser de 1 à 1,5 millions de FCFA. Et très malheureusement, c’est sur ce tableau peu reluisant que le ministre de la Sécurité intérieure et de la Protection aime à épiloguer. Il s’en flatte au point qu’il a félicité devant les élus de la nation les directeurs des services de la police nationale. Alors qu’il sait, mieux que quiconque, ce sont ceux-ci qui sont à la base de la décrépitude de la police. À tout le moins, ce sont eux qui ont y instauré une certaine mafia dont ils tirent tous les dividendes, s’est plaint un policier qui cumule de plus de trente ans de service. Il croit en effet savoir que le cumul de frustrations que ces situations créent chez les agents «va mettre sous peu le feu aux poudres». Il ne vaut mieux pas !
Affaire à suivre.
Dioukha SORY