En effet, pendant qu’elles tentaient la semaine dernière de riposter face au braquage d’une boutique de vente de Bazin à Korofina près de la mairie, les forces de sécurité ont été confrontées à des bandits hautement équipés en gilets par balle, casques et pistolets automatiques. Des bandits qui n’ont pas hésité à tirer sur les agents de la police mobilisés in extrémis sur les lieux, après une alerte citoyenne d’un témoin oculaire. Ledit magasin, faudrait-il le rappeler, avait été attaqué en début de crépuscule. En plus de la faute somme d’argent emportée, les malfrats avaient également atteint par balles un jeune policier dont la vie ne serait plus en danger.
Une situation sécuritaire réelle et complexe, qui se retrouve plus problématique qu’auparavant avec des menaces jihadistes et terroristes qu’il faille intégrer dorénavant dans les esprits. Autant de défis qui créent un sentiment de psychose général et face auxquels les forces de sécurité ont décidé de ne pas plonger dans la fatalité. Et ce, contrairement à la perception subjective qui tente de faire croire qu’elles ne foutent rien face aux préoccupations en la matière.
Un état de fait délétère qui pourrait trouver une justification rationnelle dans un déficit de communication émanant des forces de sécurité elles mêmes. Une insuffisance qui, du reste, ne laisse dans les esprits des citoyens que les mauvais souvenirs en matière de sécurité. Des citoyens qui, dans leur immense composante, ne pensent aux forces de sécurité qu’en cas d’insécurité et se soucient très peu de ces dernières dans les situations normales. Lesquels moments de sécurité restent et demeurent les conséquences des nombreux efforts déployés par les forces de sécurité pour traquer et mettre hors d’état de nuire les bandits et autres criminels de tout acabit.
Approché pour nous enquérir des dispositions prises par ses services pour enrayer la criminalité grandissante dans le district de Bamako, le directeur général de la police nationale a déploré le manque de collaboration des populations dans la prévention des incidents. Une collaboration qui, dans les conditions normales, aurait pu permettre aux forces de sécurité d’atteindre des résultats plus probants que ceux engrangés récemment. Notamment ces cinq derniers jours avec l’arrestation de nombreux malfrats et l’interruption de nombreux cas de braquages.
Il s’agit de l’arrestation à Sabalibougou d’un bandit dénommé ‘’criminel’’ et des membres de sa bande qui s’étaient spécialisés dans les vols de moto et autres forfaits connexes. Tout comme les auteurs du braquage d’une boutique, dans une station à Kalaban coura. Un autre réseau de fraudeurs qui opérait dans le domaine de la vente de faux bons d’essence _ émis au nom de l’assemblée nationale_ et de fausses vignettes du district de Bamako et de plusieurs communes rurales. A ceux-ci, s’ajoutent la mise hors d’état de nuire des voleurs de câbles de la Sotelma à Kati, de plusieurs malfrats qui opéraient dans les halles de Bamako et autres marchés de la capitale. Sans oublier les dizaines de bandits de droit commun et fauteurs de trouble arrêtés.
Des résultats, certes probants à tout point de vue mais, que le directeur général de la police estime non exhaustifs compte tenu des ambitions fixées à ses services par le ministre de tutelle. Et qui n’occultent pas pour autant les menaces sécuritaires qui planent comme une épée de Damoclès sur la tète de chaque citoyen. A la question donc de savoir les dispositions prises par la police nationale pour réduire lesdites menaces, l’inspecteur général de police Hamidou Kansaye a mis l’accent tant sur la prévention que la réaction. ‘’Nous avons entamé une démarche de sensibilisation auprès de potentielles cibles en vue de réduire la vulnérabilité de ces dernières. C’est le cas par exemple des gardiens de magasins qui dorment la nuit. Quand nos patrouilles constatent cela, nous approchons les propriétaires la veille pour leur demander de prendre des mesures dans ce sens. Nous avons demandé aux gérants de stations d’essence de ne pas garder de numéraires au delà d’une certaine heure. Il en est de même avec les pharmacies. Vous constaterez la multiplication des patrouilles et la forte présence des forces de sécurité dans de nombreuses zones stratégiques’’, a déclaré Hamidou Kansaye. Avant d’ajouter la synergie d’action qui prévaut désormais entre la police et les autres forces de sécurité dans le cadre du dispositif sécuritaire mis en place et coordonné par le général de division Sada Samaké. Un dispositif dont l’efficacité dépendra forcément de l’implication des populations.
‘’Nos résultats dépendent essentiellement des renseignements que nous obtenons. Ceci implique la collaboration des citoyens qui doivent dénoncer toute situation de nature douteuse. Vous voyez ou connaissez quelqu’un qui ne travaille pas, mais qui dispose de moyens conséquents, cela doit vous amener à poser des questions. Et le cas échéant alerter les forces de sécurité. Tous les honnêtes citoyens sont des cibles potentielles pour les bandits et autres délinquants. Par conséquent, chaque citoyen se doit de ne pas les protéger. Il y va de la sécurité des personnes et de leurs biens. Il y va de l’efficacité de la police’’, a martelé Hamidou Kansaye, tout en réitérant l’engagement constant et sans faille des forces de sécurité pour enrayer l’insécurité dans notre pays et garantir la sécurité des personnes et celle de leurs biens.
Fousseyni Maiga