Lorsqu’un jugement populaire interprète l’ arrivée à la police des femmes policières du Mali, de complaisant, de hasardeux ou d’accident de parcours, ces engagées volontaires dans ce corps de métier apportent un cinglant démenti à cette vision erronée, rien que par leur sortie le week-end dernier dans une patrouille extraordinaire.
Assurer la sécurité des personnes et de leurs biens, rétablir l’ordre et veiller à la paix et à la cohésion sociale sont, entre autres, les missions dévolues aux forces de sécurité. Naturellement, les policières se reconnaissent à travers cette mission régalienne. Loin de s’y dérober, elles montent au créneau pour se faire entendre. Leur remise en elle le week-end dernier conforte notre conviction qu’elles ont leur place là où les hommes peinent ou s’effacent.
Réunies au sein d’une association, dite Association des Policières du Mali, sous la houlette de la très emblématique commissaire principale Camara Zeinabou Walet Amidi, leur présidente, celles qu’on peut appeler « amazones de la sécurité », viennent d’entreprendre une opération de purge dans le district de Bamako.
Cette nuit du vendredi 18 Novembre, elles sont plus de deux cents policières à répondre présentes au regroupement dans la cour du Groupement Mobile de Sécurité, dans le but de réaliser un dispositif de quadrillage savamment tissé par leurs propres soins. Puis, retentit le boute selle, en guise de signal de départ pour la grande croisade.
Dans une cadence au rythme des grands évènements, nos amazones vont prendre d’assaut rues, artères et ruelle de la capitale des trois caïmans. Pour un ratissage dans les règles de l’art, une fouille qui, au cours de cette opération d’envergure, les amènera avec flair partout où la pègre est censée passer, sévir ou se dissimuler. Toute une nuit durant, jusqu’à six heures du matin, les coups de sifflets ont déchiré le ciel, interpellant automobilistes, motocyclistes et piétons. Dans bien des cas, l’indiscipline de certains usagers dans leur refus d’obtempérer a été sanctionnée par une course-poursuite engagée par les grosses cylindrées de nos braves policières.
Au sortir de l’opération, les 15 arrondissements et brigades spécialisées dont les policières ont pris une part active à la patrouille, ont témoigné, butins de chasse à l’appui, du succès engrangé : Plus de 100 engins acheminés sur les postes de police de proximité et le traque d’individus suspects appréhendés sans la moindre pièce d’identité. Ceux-ci sont appelés à meubler le décor des garde- à- vue, le temps d’accomplir les vérifications d’identité d’usage, sans oublier les cas suspects ou des sans pièce.
La présidente, Camara Zeinabou, que nous avons rencontrée, en même temps que trois autres membres de son bureau (notamment Mme Bocoum Fatoumata Issa, vice-présidente ; Mme Togola Koulé Maïga, secrétaire générale et Mme Diallo Sira Boula Diallo, relation extérieure), se réjoui autant de l’esprit de l’opération que de l’enthousiasme qui a animé les policières tout le long du processus.
Parlant de l’association et de ses objectifs, la présidente, commissaire principale en service à l’immigration, estime contribuer à valoriser le genre. Selon elle, la policière n’est pas différente du policier, lorsque les deux se prévalent des mêmes formations. De même, la touche féminine a cette particularité de galvaniser la troupe en toute circonstance ; une qualité du reste certifiée tant sur le front social que professionnel.
Elle partage naturellement l’idéal de la profession avec toutes les policières du Mali. Toutes, selon elle, sont membres de l’association. Pour cette nouvelle-née dans le registre des associations du Mali, le ton d’une présence efficace, donné à travers les actions de salubrité menées au GMS, va se poursuivre dans tous les commissariats de police, la cité policière, la cité administrative et tous les autres lieux de regroupement public. Cette activité entre juste dans le cadre d’un réflexe de femme. Elle embraie naturellement sur la mission policière surtout, celle du rétablissement de l’ordre public.
La patrouille entreprise cette nuit, procède de cette volonté. Elle se manifestera avec une fréquence concertée, en rapport avec les mots d’ordre de la hiérarchie.
Dans la logique régalienne des missions de la police, la population doit s’attendre à ne voir souvent que des policières dans la circulation. Ce bel exemple de participation à l’effort inlassable de la police a été donné dans la mouvance de la patrouille des policières.
A en croire les usagers, les bamakois sont enclins à être plus réceptifs aux consignes des policières.
A l’unanimité, les policières du Mali se joignent à leur présidente pour saluer leur hiérarchie, au premier rang de laquelle le colonel-major Salif Traoré, ministre de la sécurité et de la protection civile, dont l’accompagnement aura été capital dans la réussite de leurs activités. Voire même à la création de l’association.
Naturellement elles font un clin d’œil à l’endroit de leurs époux qui ont vite compris la mission de leur conjointe et devront consentir à s’y faire. Le bureau de 39 membres se réjoui de partager cet idéal avec l’ensemble des policières du Mali, toutes parties prenantes à leurs œuvres.
A ce titre, les points focaux dans les régions se réunissent régulièrement et envisagent les mêmes activités dans leurs ressorts respectifs. La conviction au sein de l’association est propre quand elle repose sur le principe de « femme d’accord, mais surtout femme policière ». Montrer l’importance du genre dans ce corps de métier reste une vision essentielle de nos vaillantes porteuses d’armes. Ceci pourrait expliquer pourquoi dans leurs démarches, elles n’excluent pas un plaidoyer, dans le sens de l’ouverture d’une section dans les commissariats, à même de prendre en charge les cas de plus en plus fréquents des femmes violentées.
Bon vent aux policières, dont le baptême de feu fut un réel succès.
Bina Ali