Le nouveau Directeur Général de la Police nationale était hier face aux responsables des services relevant de sa structure à l’Ecole Nationale de la police. Le nouveau maître des lieux a écouté les doléances et complaintes et a surtout mis en garde. A ses dires, une page vient d’être tournée dans l’histoire de la police malienne.
Il ressort des différentes interventions à la suite de la rencontre, que la police malienne se trouve en ce moment en état de déliquescence du fait du clanisme, de l’impunité, du clientélisme et surtout de l’indiscipline. Les aveux ont été faits par les différents intervenants, fonctionnaires de police de leur Etat. Certains iront jusqu’à regretter l’uniforme au regard des pratiques qui n’honorent pas le corps. Un mea-culpa qui grandit ses auteurs, soit dit en passant.
Pour sa part, le nouveau directeur n’y est pas allé par le dos de la cuillère. Il est temps, dira-t-il, de redonner à la police ses lettres de noblesse. «Autant les fautes seront désormais et sévèrement sanctionnées, autant, promet-il, les mérites seront récompensés ». C’est dire que les bavures ne seront plus tolérées. Et l’auteur du moindre succès sera récompensé.
Faisant illusion aux marches de protestations de syndicats de policiers, il a fait part de sa totale désapprobation. Et pour cause : il existe différents canaux appropriés pour les revendications catégorielles et syndicales. Toutefois, souligne-t-il, « non des adversaires, les syndicats sont plutôt pour moi des partenaires… Toutes les revendications légitimes seront examinées et résolues dans la mesure du possible et dans le respect des textes » a-t-il
« Les auteurs d’actes d’indiscipline et autres manquements à la réglementation seront sanctionnés et traduits en conseil de discipline où ils risquent la radiation » a rappelé le nouvel homme fort de la police malienne.
S’adressant particulièrement au personnel dévolu à la Circulation routière (Compagnie de la Circulation routière -CCR), il exhorté les éléments à s’abstenir des courses-poursuites, à l’origine d’accident. Il existe à cet effet, rappelle-t-il, des brigades spécialisées qui seront désormais redynamisées pour les besoins de la cause. En attendant, il a invité ses hommes à la courtoisie, mais aussi à la fermeté.
« Le policier qu’il faut à la place qu’il faut » constitue également l’un des crédos du nouveau patron. Plus de clientélisme et d’affairisme. Place désormais à la compétence et l’efficacité !
Il a insisté sur la bonne collaboration avec les autres corps et aussi avec la population, laquelle après tout, constitue la première force de la police.
Sans trop s’appesantir sur la gestion de son prédécesseur (une gestion très critiquée par les différents intervenants), M Diagouraga a tout simplement indiqué que c’est une nouvelle page qui s’ouvre désormais pour la police malienne. Ce, à partir de cet instant
Des doléances très pertinentes
Entre autres doléances pertinentes des intervenants, le besoin de formation dont le déficit serait à l’origine de nombreuses méprises et bavures, et surtout la création d’une académie de la police nationale. Une structure qui assurera à la fois la formation, le perfectionnement et le recyclage des éléments. Elle réconfortera également le plan de carrière.
Pour sa part, le personnel du Groupement Mobile de sécurité (GMS) a déploré le non-paiement de ses primes depuis des lustres. Toutes choses à l’origine de profondes frustrations dans les rangs.
Il ressort de nombreuses confidences recueillies en marge de la rencontre, que le budget alloué à cet effet fait objet détournements et alimentent le commerce de quelques hiérarques.
La nécessité de «ressusciter» les brigades spéciales a été également évoquée. Fautes de moyens logistiques (la simple dotation en carburant y fait le plus souvent défaut), ces structures sont aujourd’hui devenus des « garages » pour policiers indésirables.
Le nouveau patron a pris acte de tous les points soulevés (toute une panoplie) et promis de trouver des solutions à la mesure des moyens mis à disposition.
B. Diarrassouba