LE DG de la police au sujet de la procédure d’acquisition du passeport : «Si vous créez les conditions d’un intermédiaire, c’est vous qui répondez !»

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Moussa Ag Infahi: Directeur Général de la Police Nationale

Rackets, difficultés d’accès au passeport et à la carte nationale d’identité, la gestion des véhicules CH, le manque d’effectif au sein de la police. Ce sont là, entre autres, les sujets sur lesquels le Directeur général de la police nationale, le Contrôleur général Moussa Ag Infahi, s’est prononcé  à la faveur d’une conférence de presse qu’il a animée, jeudi, dans les locaux de sa structure, à l’ACI 2000.

Le 21 janvier 2016, le Directeur général de la police nationale a rencontré la presse nationale et internationale pour la toute première fois depuis sa prise de fonction en fin octobre 2015. Si l’on en croit Amadou Sangho, Chargé de mission au ministère de la Sécurité et de la Protection civile, cette conférence de presse s’inscrit en droite ligne du plan de communication dudit département. Lequel plan veut que les services centraux du ministère en charge de la Sécurité rencontrent périodiquement les hommes de médias, afin de mieux informer la population sur leurs actions.

Au cours de ces échanges qui se sont voulus sans tabous, le Contrôleur général Infahi a précisé que le contrôle des véhicules CH et ceux aux vitres teintés ne relève pas que de la compétence de la police.  Ce contrôle se fait, rappelle-t-il, en collaboration avec l’Office national des transports et il ne fait pas de distinction entre les propriétaires, qu’ils soient porteurs d’uniforme ou non. Pourtant, le constat fait par certains confrères révèle tout le contraire,  pour la simple raison que, affirment ces derniers, le règlement frappe différemment selon le rang social ou la profession du propriétaire du véhicule.

Au regard du contexte sécuritaire dans lequel le Mali baigne, le DG a sollicité la presse afin qu’elle aide la police à mieux sensibiliser l’opinion dans le cadre de l’identification  du propriétaire de tel ou tel véhicule CH.

L’orateur a aussi reconnu le manque d’effectif au sein de la police nationale, tout en soulignant les efforts en cours pour pallier ce problème. «La commission de recrutement au niveau de la police nationale est en  train de peaufiner le recrutement de 2200  sous-officiers qui vont rentrer bientôt à l’Ecole nationale de la police. D’autres recrutements sont prévus. Déjà, nous sommes en train d’élaborer notre loi de programmation sécuritaire qui va prévoir, sur une période de cinq ans, des recrutements», a révélé M. Infahi, ajoutant que des efforts sont en cours pour un meilleur maillage du territoire national.

Le DG de la police s’engage

S’il a confessé par ailleurs que la police nationale est un corps malade, Moussa Ag Infahi affirme toutefois que l’état de notre police est le reflet du corps social du Mali. «Les tares au niveau de la police, on les retrouvera ailleurs», a-t-il soutenu, tout en s’engageant d’y apporter une thérapie  de choc. Il a ensuite noté avec une relative satisfaction l’impact des patrouilles nocturnes que les forces de sécurité mènent depuis un certains temps à travers les grandes villes. «Nous avons constaté ces derniers temps que les bandits ont commencé à changer d’horaires et nous avons aussi adapté nos patrouilles en fonction de ces horaires», fait-il remarquer, tout en se disant conscient qu’il y a des efforts supplémentaires à faire. Toutefois, affirme-t-il, la police n’atteindra ses objectifs que si elle bénéficie de l’entière collaboration de la population dont elle assure la sécurité.

Aussi, M. Infahi a-t-il souligné la nécessité de restaurer un climat de confiance entre la police et la population dans le cadre de la lutte contre les rackets. «Vous savez, le rôle de la police est très difficile parce qu’elle travaille sur l’homme. Les gens refusent souvent d’obtempérer  aux instructions de l’agent de police», a regretté le Contrôleur général de police, tout en appelant les uns et les autres à adopter des comportements qui vont aider le policier qui n’est pas, dit-il, au dessus de la loi. «Le racket, il existe. Nous avons redynamisé notre service d’inspection qui sillonne tous les carrefours de Bamako. Tous ceux qu’on prend, on les envoie à l’Ecole nationale de police pour les corriger», a-t-il poursuivi.

Au sujet de l’épineuse question du passeport et de la carte nationale d’’identité, le Directeur général de la police a  fait savoir que des efforts ont été déployés pour qu’il n’y ait pas de rupture de ces documents. Partant, il a appelé les demandeurs de passeports ou de carte d’identité à ne pas jouer le jeu des spéculateurs. «Aujourd’hui, le passeport, c’est 3 jours francs et personne ne vous prendra plus de 50 000 FCFA. Mais si vous créer les conditions d’un intermédiaire, c’est vous qui répondez», a-t-il précisé.

Notons que dans ses propos liminaires, le Contrôleur général Infahi avait rappelé les différentes missions de la police nationale.

La rencontre a pris fin par une visite guidée des locaux de la police des frontières, dans la même cour que la Direction de la police nationale.

Bakary SOGODOGO

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