Excédée par le comportement du ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Général Salif Traoré, la foule qui participait à l’enterrement, le mercredi 13 mai, des jeunes assassinés la veille par des éléments de la police, a mis le feu à la préfecture de la ville.
La préfecture de la ville calcinée. Le logement du gouverneur épargné de justesse. Des coups de feu tirés par les forces de l’ordre. Le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Général Salif Traoré, empêché d’accéder à la ville (Kayes Ba) où se déroulaient les obsèques des personnes tuées, le mardi 12 mai, lors des échauffourées de la veille entre la population et la police. La ville de Kayes a vécu sous une haute tension, le mercredi 13 mai.
En cause : le comportement du ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Général Salif Traoré, arrivé à Kayes en tenue militaire, comme s’il se rendait sur un théâtre d’opérations. Dépêché par le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, pour calmer la colère de la population, le premier flic du Mali, par son attitude, a fini par écœurer la population déjà endeuillée par l’assassinat de quatre de ses fils.
En effet, après son atterrissage à l’aéroport Dag Dag de Kayes N’DI, situé sur la rive droite du fleuve Sénégal, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Général Salif Traoré, au lieu de se rendre sur le lieu des funérailles, à Kayes Ba, où il était attendu par la population, a préféré se rendre au niveau du commissariat du 2ème arrondissement, incendié vingt-quatre plus tôt par des manifestants. Des images du ministre sur le lieu ont largement circulé sur les réseaux sociaux.
Une attitude jugée méprisante et insultante par la population. C’était alors la révolte dans la ville. Les jeunes, qui revenaient du cimetière de Kayes N’DI, ont décidé de couper le pont afin d’empêcher le ministre Traoré d’accéder à la ville. Selon des témoins, c’est cette foule en colère qui a mis le feu à la préfecture ; située un jet de pierre. « Le logement du gouverneur a échappé de peu, grâce à la perspicacité des éléments de la Garde nationale en faction, au même sort », rapportent des témoins.
Les manifestants se sont dirigés vers le commissariat du premier arrondissement où ils se sont heurtés à la police. « Des coups de feu ont été entendus », témoignent des habitants. Un calme est finalement revenu dans la ville, après des heures de tension, affirment des habitants, qui saluent le professionnalisme des éléments de la Garde nationale. Le pont a été libéré et le ministre non moins ancien gouverneur de la ville a finalement pu regagner l’autre partie de la ville (la rive droite).
Selon un communiqué de la présidence, le Premier ministre, Dr. Boubou Cissé, est attendu à Kayes dans les prochains jours pour calmer la situation. Le procureur de la République, près le Tribunal de Kayes, assure, dans un communiqué, vouloir ouvrir une enquête pour situer les responsabilités.
Abdrahamane SISSOKO