Coup de sang consécutif à la remise d’une enveloppe de 150.000 aux bénéficiaires que les arguments de liste additive avancés par la hiérarchie n’ont pas réussi à calmer.
Les policiers en ont marre et le font savoir. A l’origine le montant de la prime Covid versé est largement en dessous des attentes. Le président de la République d’alors, Ibrahim Boubacar Keïta, en raison de leur exposition à la pandémie, a recouru à ce type d’incitation en période de confinement. Pendant la crise sanitaire, les déplacements hors domicile ont l’objet de restrictions : fermeture des écoles, des terrasses,bars, couvre-feu – de 21 heures à 5 h allégé à 22 heures à 5 h, il était impossible de se déplacer hors de chez soi, sans avoir à présenter un laisser-passer dérogatif.
Les policiers ont effectué des contrôles plus fermes à des endroits stratégiques, à l’entrée des ponts, sur les principales artères des villes, se sont positionné un peu partout. La troupe était appelée à faire preuve d’une particulière fermeté pour faire respecter les dispositions, au nombre desquelles les rassemblements, le port obligatoire des bavettes dans les espaces publics.
Les autorités avaient demandé aux policiers de faire preuve de discernement en fonction des situations. Un décès survenu dans la famille, une maladie grave sont notamment considérés comme des motifs impérieux qui pouvaient justifier une entrave aux mesures sanitaires.
« Effectifs fictifs »
Les policiers se sont acquittés de leur mission. Et se sont senti bel et bien en droit de caresser l’espoir d’engranger leur prime Covid fixée à 220.000 F CFA. Les lenteurs observées dans l’allocation de la prime avaient fait douter le porte-parole de la Synergie syndicale, Josué Kamaté, de la bonne foi du gouvernement et conduit à une multiplication des mouvements de saute d’humeur : conférences de presse, grève, sit-in. Seulement voilà, à l’heure du paiement, au lieu de l’enveloppe initiale convenue, les bénéficiaires sont au regret de constater une différence de 70.000 F CFA.
Pourquoi un tel écart ? La hiérarchie a évoqué une liste additive ficelée après une première sur la base de laquelle un budget a été établi.
Une explication jugée trop courte, de l’avis de certains policiers qui n’ont pas caché leur préférence pour un traitement, à hauteur de la promesse présidentielle, des policiers retenus sur la première liste. Après quoi, un « avenant » viendrait en réparation des omissions.
Un doigt accusateur est pointé sur la hiérarchie qui aurait brillé par sa promptitude à envoyer en mission des effectifs démesurément gonflés. On a parlé « d’effectifs fictifs ».
Georges François Traoré