Il s’agit, d’une part, de 103 capsules de cocaïne, pesant 2 Kg, dont la valeur marchande est estimée à 160 millions CFA. Et, d’autre part, de plus de 60 billets en monnaie étrangère d’une valeur de 5,5 millions CFA. A tout cela, s’ajoute une Renault laguna, immatriculée N4733 MD, servant de moyen de transport pour les deux narcotrafiquants…
Ce record, réalisé par le commissaire Divisionnaire, Mamoudou Baka Sissoko et sa redoutable Brigade de Recherches, pilotée par Ibrahima Maïga, reste inégalé dans les annales de la lutte contre le trafic de drogue. Mais aussi, contre le blanchiment d’argent sale, dans notre pays, devenu un point de transit idéal, pour les narco –trafiquants de la sous –région.
Tout a débuté, le 30 janvier. Il est 10 heures. Alerté, par un citoyen, bien informé sur les activités des deux narco –trafiquants, l’Inspecteur Ibrahima Maïga, chef de la Brigade de Recherches du Commissariat du 6e Arrondissement, informe son patron : le commissaire Divisionnaire Mamoudou Baka Sissoko qui, aussitôt, lui ordonne de larguer ses hommes.
Mais auparavant, le citoyen anonyme prend soin de faire la description des deux suspects. Mais aussi, celle de leur repaire, sise à Boulkassoumbougou kloubléni, en commune I du District de Bamako.
Fort de ces renseignements, le chef de la Brigade de Recherches du Commissariat du 6e Arrondissement ne cherche pas, midi à 14 heures. Vers 10 heures, il place ses hommes, habillés en civil, dans la cour, abritant l’appartement des deux suspects. Mais aussi, à la porte et dans les environs. L’attente durera jusqu’aux environs de 18 heures. Pendant ce temps, au commissariat de police, le commissaire est inquiet. Il se fait du mouron pour ses éléments. Car, dans une telle opération, tout peut arriver…
Un colis pesant 160 millions CFA
C’est aux environs de 18 heures, que les deux narco –trafiquants font leur apparition. A peine ont –ils franchi la porte de leur appartenant, que les hommes de l’Inspecteur Maïga se lancent à leurs trousses.
Les Agents, placés à l’intérieur de la cour tentent de les maîtriser. Les narco –trafiquants, loin d’être des enfants de cœur, tentent de se sauver. Trop tard. Ils sont maîtrisés. Avec les bracelets aux poignets. La perquisition de leur département, sans meubles, a permis de dénicher un sac, contenant 103 capsules de cocaïne, pesant 2 Kg. Sa valeur marchande est estimée à 160 millions CFA. La fouille au corps de deux narco –trafiquants a, aussi, permis de trouver en leur possession des devises en monnaie étrangère.
Il s’agit de 60 billets de 100 euros, 35 billets de 50 euros, trois billets de 200 euros, un billet de 500 euros, deux billets de 50 dollars, 10 billets de 10.000 CFA, neuf billets de 5.000 CFA, quatre billets de 5.000 F guinéens, 14 billets de 1000 F guinéens et quatre billets de 500 F guinéens.
Tentative de corruption
Pris dans leur propre piège, les deux suspects tentent, enfin, de négocier leur libération : « Nous ne voulons pas de problème : prenez l’argent, prenez la marchandise et laissez –nous partir ! », proposent –ils au commissaire Sissoko, à son Adjoint Bourama Diakité et au chef de la Brigade de Recherches, Ibrahima Maïga. Mais pour ces fonctionnaires de police, leur dignité n’est pas à vendre.
« Nous n’avons fait qu’honorer notre serment, honorer nos gâlons, notre corporation et montrer au peuple malien, que la police est capable de faire honneur à notre patrie. Et dans toutes les circonstances », a indiqué le Commissaire Divisionnaire Mamoudou Baka Sissoko. Et son Adjoint, Bourama Diakité d’aller plus loin, dans son analyse : « La déontologie policière voudrait que tout officier de police résiste à la tentation, dans l’exercice de ses fonctions. C’est ainsi que le peuple malien pourra faire confiance aux hommes et aux femmes, chargés d’assurer sa sécurité », a – t-il déclaré. Avant de conclure : « L’intégrité est le support de notre mission ».
Ces deux narco –trafiquants, apparemment, des Nigérians disposent de 13 passeports. Avec chacun, des noms, des dates de naissance et de pays différents.
Le chef de la bande porte le nom de Théophilus Tochukwu Udegbunam, puis de Saïdou Baldé Udegbunam, alias Tochukwu Cosmas. Outre ces passeports, dont un de la CEDEAO, il a, en sa possession, des cartes de crédit de divers pays. Quand au second narco –trafiquant, il se fait appeler Victor Dickson. Ce dernier n’a été trouvé avec aucun document administratif, permettant de l’identifier. Formellement.
L’enquête, poussée par l’Inspecteur Ibrahima Maïga, a permis de mettre à nu les comptes bancaires, dont dispose Théophilus : un compte bancaire à Ecobank et d’autres, dans d’autres pays d’Afrique et d’Europe.
C’est dire que ces deux narco –trafiquants ne sont pas des novices, dans le trafic de cocaïne. Mais aussi, dans le blanchiment d’argent sale.
Ils sont, actuellement, sous bonne garde dans les locaux du Commissariat du 6e Arrondissement. En attendant, d’être déférés au lycée technique de Bamako –Coura. Ils seront inculpés de trafic illicite de cocaïne et de blanchiment d’argent sale. Deux infractions punies par la loi du 18 juillet 2001, portant sur les contrôles des drogues et précurseurs en République du Mai.
Ce coup de filet, réalisé par le Commissariat de police du 6e Arrondissement du District de Bamako, prouve si besoin est, que tous les fonctionnaires de police ne sont pas pourris. Au sein de cette écrasante majorité de flics corrompus, il existe encore une minorité, prête à honorer son serment. Même au prix de sa vie.
Reste au gouvernement de les encourager et de les soutenir. Surtout, par ces temps où, notre pays est devenu un lieu de transit idéal pour les narco –trafiquants de la sous –région.
Le Mollah Omar
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