Dans sa mission régalienne de lutte contre l’insécurité sous toutes ses formes, les hommes du commissaire principal de police Sadio Tomoda en charge du Commissariat de police du 3ème arrondissement viennent de mettre le grappin sur les cinq malfrats, membres d’un gang de cambrioleurs à Bagadadji.
De sources policières, depuis le lancement de l’opération “Tourbillon” par le Commissariat de police du 3ème arrondissement, les agents des Renseignements généraux et de la Brigade de recherche dudit commissariat ont intensifié les sorties inopinées dans les différents lieux criminogènes de la commune afin d’appréhender les potentiels dealers et distributeurs de substances prohibées. Au cours de leurs sorties, l’équipe de patrouille, en collaboration avec la population, a pu interpeller plusieurs narcotrafiquants.
Notons qu’au cours d’une de ses nombreuses patrouilles, l’équipe de la Brigade de recherches (BR) a aperçu deux jeunes aux comportements suspects qui étaient en train de pousser deux motos de marque “Sanili” dans les environs de l’Institut national des arts (INA) de Bagadadji. Après les contrôles d’identité, il ressort que les deux suspects répondent respectivement aux initiales B.K et S.S. En réponse à la question relative à leur présence dans ce lieu avec deux motos neuves qu’ils sont en train de pousser, les deux jeunes ont déclaré qu’ils venaient d’acheter les deux engins en exhibant les pièces y afférentes, notamment les factures d’achat qui portaient leur nom. Et d’ajouter qu’ils étaient à court de carburant.
Toute chose qui a éveillé les soupçons des policiers qui n’hésitent pas à demander aux deux suspects ce qu’ils font dans la vie comme travail. En réponse, ils ont affirmé être des apprentis-chauffeurs sans pour autant être capables de montrer une pièce d’identité conforme à leurs déclarations. Cette situation renforce encore les soupçons des patrouilleurs qui ont décidé de les conduire au commissariat pour des investigations plus poussées.
Une fois dans les locaux du commissariat, un autre indice va encore renforcer les soupçons des enquêteurs, notamment l’un avait en sa possession deux téléphones portables “I-Phone” neufs et le second avait, lui aussi, un appareil (téléphone) neuf dont la marque n’a pas pu être déterminée.
3,7 millions Fcfa dérobés chez la teinturière Bintou
En fouillant dans le répertoire d’un des appareils, le commissaire Tomoda a appelé un numéro qu’il avait choisi au hasard qui s’avérait être celui d’une dame qui a répondu en ces termes : “Allo Bintou ! Comment ça va ?”. Et le commissaire de répliquer : “Non ce n’est pas Bintou. C’est le commissaire Tomoda”. Ainsi, la personne au bout, visiblement très surprise, revient à la charge : “Mais c’est le numéro de Bintou Sacko la teinturière”.
Après cet échange, le commissaire a décroché et s’est tourné vers le détenteur du téléphone en lui demandant s’il connaissait Bintou Sacko. Et il s’est avéré que le détenteur ne connaissait pas la dame en question. Ainsi, le commissaire a appelé de nouveau le même numéro et la même dame a eu la même réaction : “C’est Bintou ?”. Et le commissaire Tomoda a chargé cette dernière de lui indiquer le domicile de la nommée Bintou Sacko.
Quelques minutes plus tard, le même téléphone a sonné. Cette fois c’était Bintou Sacko elle-même qui a expliqué au commissaire que son téléphone avait été volé avec une somme de 3,7 millions Fcfa. Ainsi, le commissaire a ordonné alors immédiatement la mise en garde-à-vue des deux suspects. Les fouilles corporelles ont permis de trouver près de 500 000 Fcfa sur eux.
Quelques minutes plus tard, la propriétaire du téléphone, Bintou Sacko, domiciliée à Titibougou, est arrivée au commissariat. Dans son audition, elle a laissé entendre que les faits remontent à la nuit du 08 au 09 juillet 2021. Et ajoutant que les 3,7 millions Fcfa proviennent des commandes qu’elle avait reçues de ses clients à l’étranger pour l’achat du Bazin en prévision de la fête de Tabaski.
C’est ainsi que les deux suspects ont reconnu les faits. Avant de préciser qu’ils sont au nombre de quatre personnes. A partir des indications fournies par les deux suspects, une équipe de la Brigade de recherches a été chargée de rechercher les deux complices.
La contribution salutaire de la copine d’un cambrioleur
Sur place à Bagadadji, les limiers ont trouvé une fille dans la chambre d’un des complices qui affirme être la copine de ce dernier. Elle a été embarquée pour les besoins de l’enquête. Ainsi, la fille a été mise à contribution et elle a coopéré efficacement en appelant son copain et lui faisant croire qu’elle venait d’être arrêtée par la police, qu’elle a pu négocier sa libération et le classement de l’affaire contre le paiement de la somme de 200 000 Fcfa. Pour davantage le mettre en confiance, elle dira que les policiers acceptaient même le transfert de l’argent par téléphone.
Comme une lettre à la poste, le montant en question a été immédiatement transféré dans le compte de la fille. C’est en ce moment qu’il a indiqué sa position (Baco djikoroni Golf à côté d’un Restaurant) à sa copine qui devait le rejoindre après sa libération. Après avoir réuni toutes les pièces du puzzle, des éléments ont été dépêchés pour se rendre au lieu indiqué et le cueillir.
De sources policières, la fille a été transportée au lieu indiqué par un policier qui s’est déguisé en conducteur de moto taxi, suivi de deux autres motos et un véhicule banalisé. Et pour le fixer sur place, la copine lui a fait croire qu’elle n’avait pas de quoi payer le conducteur de mototaxi. Il devrait donc être là pour régler la note à l’arrivée.
Une fois sur le lieu indiqué, le suspect était planté là, le conducteur lui a annoncé le prix de sa prestation fixé à 2 000 Fcfa. Et dès que le suspect a décidé de payer, il a été immédiatement entouré et arrêté par les éléments de la Brigade de recherches. Et son téléphone a été immédiatement saisi pour qu’il ne puisse pas alerter le 4ème suspect.
Conduit au commissariat et soumis au feu des questions, il affirme qu’il se nomme T.D. Quelques temps après son arrivée au commissariat, son téléphone a sonné et a affiché le nom d’un certain Hady. C’est ainsi que T.D a déclaré qu’il s’agissait effectivement du 4ème élément de la bande.
Visiblement très agité au bout du fil, Hady dira qu’il a appris que B.K et S.S ont été arrêtés. Ainsi, il a précisé qu’il est à Dialakorodji en invitant ce dernier de le rejoindre dans les meilleurs délais. Aussitôt, une équipe de la Brigade de recherches s’est rendue sur place pour le cueillir.
Deux motos de marque Boxer cédées à 150 000 Fcfa l’unité
A l’interrogatoire, ils ont affirmé qu’en plus de l’argent de Bintou, ils ont également volé deux motos de marque Boxer toutes neuves qu’ils ont vendues à un receleur à Bagadadji pour 150 mille francs Cfa l’unité. Sans plus tarder, les enquêteurs ont demandé aux malfrats d’appeler le receleur pour l’informer qu’ils ont encore deux autres engins à écouler. Gagné par l’appât du gain facile, ce dernier aussi est tombé dans le piège qui n’a pas hésité à ouvrir son garage à l’arrivée des deux engins conduits par deux agents et un des suspects arrêtés, installé à l’arrière.
Ainsi, les fouilles ont permis de récupérer sur les suspects un peu plus de 1 million Fcfa, des vêtements et des chaussures neufs, trois téléphones portables neufs et deux motos neuves non encore mises en circulation.
Quant à la dame Bintou Sacko, elle a ainsi récupéré une grande partie de son argent en liquide et le reste en nature. Transférés devant le parquet de la commune II du district de Bamako, ils ont été placés sous mandat de dépôt. Ils méditent désormais sur leur sort entre les quatre murs de la Maison centrale d’arrêt de Bamako.
Boubacar PAÏTAO