Niono l’année dernière, Sikasso il y a deux semaines et Kayes depuis le début de cette semaine, l’indiscipline de certains éléments indélicats de la Police malienne coûte la vie à des citoyens et entraine des pertes graves pour le pays. Il est temps de mettre fin à ce manque de professionnalisme.
La ville de Kayes brûle depuis le lundi soir. Des personnes tuées, des biens de l’État incendiés, la population affolée…tout cela par la faute d’un policier indélicat.
En effet, selon des sources locales, tout est parti quand un policier imprudent a tiré, à balles réelles, sur un jeune motard qui a succombé à ses blessures. Cette faute professionnelle de la part de celui qui devait protéger les civils a irrité la population. Elle a donc décidé de manifester sa colère. Elle incendie ainsi le commissariat du 2e arrondissement de Kayes, le mardi dernier et la préfecture hier, mercredi. Lors de ces manifestations, deux autres personnes ont perdu la vie, selon le communiqué du Gouvernement. Tellement l’acte du policier était vulgaire et inadmissible, les interventions sages du Gouverneur, du directeur régional de la Police, des députés élus à Kayes n’ont pas apaisé le cœur des populations. Elles étaient déterminées à se rendre justice. La démarche des femmes de Kayes pour baisser la tension a aussi échoué. La situation a fait trembler Bamako. Le président de la République a, en urgence, convoqué une réunion à laquelle le président de l’Assemblée nationale, le Premier ministre, le ministre de la Sécurité ont participé. Le général Salif Traoré a été envoyé sur le terrain pour calmer la situation. Mais les Kayesiens ont-ils pardonné leurs morts ? Non, car la tension était encore vive jusqu’à hier dans la matinée et le ministre était même bloqué à l’aéroport.
La population de Kayes n’est pas la seule victime de cette bavure policière. L’année dernière, l’indélicatesse d’un agent de la police a suscité de telles manifestations à Niono et a coûté la vie au commissaire Issiaka Tounkara et à un manifestant.
Il y a , à peine deux semaines, les policiers n’ont pas hésité de tirer à balles réelles sur des manifestants à Sikasso qui contestaient les résultats définitifs des législatives proclamés par la Cour constitutionnelle. Certains citoyens ont été victimes de cette bavure jusque dans leur famille. Mais où allons-nous au finish ? Les policiers sont-ils là pour la sécurité des populations ou contre elles ? Il y a bien lieu de poser la question.
Ces différents dérapages montrent que la plupart de nos policiers manquent de professionnalisme. L’éthique et la déontologie sont foulées aux pieds. L’abus de pouvoir, l’arrogance, les rackets deviennent leurs spécialités. Deux causes peuvent expliquer ces dérapages : soit aucune enquête de moralité n’est faite sur les candidats au concours d’entrée à la police ou l’éthique et la déontologie ne leur sont pas enseignéescomme cela se doit à l’école de Police.
Il est, aujourd’hui, urgent que les autorités tirent les leçons de tout ce qui vient de se passer et commencer à revoir le processus de recrutement des agents de sécurité. Il faut urgemment moraliser ce processus pour éviter que les mauvaises graines n’impactent sur ceux qui sont bons et aiment leur travail.
Boureima Guindo