Yaya Traoré n’était pas au bon endroit ni au bon moment. Il en a pâti.
La sécurité, c’est comme la santé ; c’est quand elle manque qu’on éprouve sa nécessité. Mais quand ceux qui sont chargés d’assurer la sécurité sont ceux-là mêmes qui y portent atteintes, les populations ne savent plus à quel saint se vouer.
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La population de Kadiolo est encore sous le choc. Suite aux événements survenus le 1er août dernier, entre 10h et 12h. En effet, ce mercredi, un cortège de mariage, de par le comportement des motocyclistes, a agacé sûrement les policiers dans les carrefours. Pour manifester leur présence, les policiers sifflèrent les fauteurs de troubles et procédèrent au contrôle de vignette. Ceux qui ne détenaient pas ce document ont été dépossédés de leurs engins. Cette mesure irrita les usagers. Il s’en est suivie une altercation entre les policiers et des jeunes dont le groupe ne cessait de grossir.
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L’excitation était à son comble et les agents en service ont fait usages de grenades lacrymogènes pour disperser cette foule de jeunes déchaînés. L’agent Lassine Konaté ne s’est pas contenté des effets de grenade lacrymogène. Il sortit son pistolet automatique (PA) de son étui et ouvrit le feu sur la foule. Yaya Traoré, élève au second cycle de Kadiolo, actuellement en vacances, en commission de sa mère, prit les balles de pistolet sur la tête. Il s’écroula et fut transporté d’urgence au dispensaire de Kadiolo par les jeunes en présence. Il fut aussitôt évacué à l’hôpital de Sikasso où il recevra les premiers soins.
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C’est à Sikasso, selon les parents du blessé que nous avons rencontrés, que les balles ont été enlevées de la tête de Yaya. Yaya a été ensuite évacué à l’hôpital Gabriel Touré par les autorités policières de Sikasso. «Nous avons été informés que la police prendra en charge les soins de Yaya », nous a confié un des parents de la victime. Mais officiellement, les parents n’ont pu rencontrer aucun responsable de la police. Yaya Traoré arriva à l’hôpital Gabriel Touré au moment où les médecins étaient en arrêt de travail pour une raison désormais bien connue.
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Pourtant, depuis l’avènement de la démocratie, le peuple malien a décidé de confier la tâche de maintien de l’ordre à la police, la gendarmerie et la garde nationale. Parce que, selon les spécialistes, ce sont eux qui disposent du matériel organique pour ce besoin et reçoivent une formation adéquate pour jouer ce rôle.
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Plus jamais l’usage d’armes à feu contre des manifestants sans armes, telles étaient les recommandations des différents forum qui ont jeté les bases de la démocratie. A-t-on vraiment instruit ces recommandations aux agents de sécurité ? Le policier Lassine Konaté a-t-il réellement fait l’objet d’enquête de moralité?. Quel est le contenu de sa fiche psychologique. ? Une fois de plus, les recruteurs et les formateurs sont interpellés. Les informations qui nous sont parvenues sur le compte de Lassine Konaté, si elles s’avèrent vérifier, il ne mérite pas de rester dans les rangs des forces de sécurité. Pour l’instant, nous gardons ces informations en attendant de voir l’évolution de ce dossier.
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Drissa Sangaré
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