Depuis un certain temps, le torchon brûle au sein de la Police nationale. Pratiquement, chaque semaine, on assiste à un lynchage médiatique entre ceux-là qui ont en charge de faire respecter l’ordre et la discipline et assurer la sécurité des Maliens. Mais ironie du sort, la discipline semble être ce qui manque le plus à la Police. C’est du moins ce qui ressort de l’entretien que nous avons eu avec Youba Gory Touré, Secrétaire à la communication et à la presse du bureau exécutif de la Section syndicale de la Police nationale (SPN).
Trois jours après la sortie de l’adjudant Tiékouta Kanté, Secrétaire général de l’immigration-émigration à la Direction de la police des frontières, la Section syndicale de la Police nationale, à travers le Secrétaire à la communication, nous a rendu une visite à la rédaction.
Objectif : manifester son désaccord vis-à-vis des propos tenus par l’adjudant Kanté.
Cette visite a été d’autant plus prompte que le syndicaliste Kanté avait été très amer à l’endroit du Directeur Général de la Police nationale, le Général Niamé Kéïta dans une contribution publiée dans L’Indépendant N° 2599 du jeudi 21 octobre 2010, en ces termes : "Le Contrôleur Général, Niamé Kéïta, au dessus du gouvernement et de la loi".
En réaction aux propos tenus par l’adjudant Tiékouta Kanté, "Le bureau exécutif de la section syndicale de la Police nationale se dit surpris et indigné".
Le même bureau poursuit : "La mutation relève du pouvoir discrétionnaire de l’administration. Quand un syndicaliste est concerné par une décision de mutation, il dispose de plusieurs recours. Le premier consiste à s’adresser à l’organe syndical de son service pour solliciter son maintien. Dans le cas qui nous intéresse, il appartenait à Tiékouta Kanté de saisir tout simplement le Scrétaire général de sa division, en la personne de Sirima Fané qui, à son tour, allait saisir la section syndicale. Sachant que l’actuel Directeur Général de la Police est réputé être grand défenseur et même protecteur des syndicalistes, Tiékouta Kanté n’avait pas à s’affoler".
De cet éclairage, doit-on comprendre que l’adjudant Kanté est allé trop vite en besogne ? Les explications du Bureau exécutif national permettent de répondre par l’affirmative.
En effet, selon lui "Un regard rétrospectif permet très aisément de voir sur plusieurs décisions de mutation, la mention régularisation devant des noms. Ce qui signifie que la situation d’un syndicaliste a été rectifiée, donc régularisée. Avant l’actuel Directeur Général, la régularisation concernait uniquement le Secrétaire général de la SPN, le Secrétaire administratif, le Trésorier général et le Secrétaire à l’organisation. Les autres membres étaient mutés selon les humeurs du DG. Il est donc important de reconnaitre le mérite des uns et des autres. C’est pourquoi, la section syndicale de la Police nationale se désolidarise des propos de l’adjudant Tiékouta Kanté qui, au-delà de la personne du DG de la Police, touchent à l’ensemble du Mali".
En effet, en affirmant que le DG a été nommé accidentellement par un décret pris par le président de la République, l’adjudant de Police s’attaque directement à la première Institution qui est de surcroît le Chef suprême des Armées.
Dans l’entretien que nous avons eu avec Youba Gory Touré, Secrétaire à la Communication et à la presse du Bureau exécutif de la section syndicale de la Police, il demande "à tous les policiers de l’intérieur de se désolidariser des propos outrageants de l’adjudant Tiékouta Kanté. Pour qui connait la portée d’un décret présidentiel, le Bureau exécutif tient Tiékouta Kanté responsable de ses propos, après 10 ans passés aux services de l’immigration-émigration. Nous demandons à nos militants et à tous les policiers, en général, de rester disciplinés et solidaires dans les rangs. Notre corporation étant hiérarchisée, le respect dû à l’autorité supérieure ne peut être considéré comme un complexe (d’infériorité) pour un policier digne de ce nom. La Police doit toujours primer sur le policier et l’intérêt général sur l’intérêt personnel".
Ceci est d’autant plus vrai que l’adjudant Tiékouta a dénoncé ce qu’il appelle abus, après qu’il eût été muté de l’Immigration-émigration. S’il s’était levé alors qu’il y servait encore, ses propos seraient plus crédibles. C’est pourquoi, on est en droit de se poser un certain nombre de questions.
A-t-il dénoncé parce qu’il a été sevré des juteuses affaires de l’immigration-émigration ? Dix ans ne suffisent-ils pas pour changer de poste même pour un syndicaliste ?
Les éléments de réponse de l’adjudant Kanté permettront d’édifier l’opinion nationale.
Diakaridia YOSSI